Auteur : Xavier2

Le bateau accoste doucement à Paros. Ce sont nos premières vacances. Nous sortons ensemble depuis près d’un an. Un amour fusionnel, irréfléchi, comme il peut l’être à 20 ans. J’en ai juste un peu plus, Delphine juste un peu moins. On baise comme des lapins, beaucoup, partout, pour se prouver qu’on s’aime, qu’il n’y a que nous. Mais nos nuits ont été rares. Elle vit chez ses parents, moi aussi. Là, nous attend tout un mois à dormir ensemble, chaque nuit, avant la reprise des cours à la fac, mi-octobre. Nous allons enfin être un vrai couple…


La nuit précédente a été courte. Arrivée tardive à Athènes, un hôtel moche, du bruit dehors, lever tôt pour prendre le bateau. Nous descendons entre deux haies de Grecs qui crient « rooms, rooms ». Pas envie de suivre le premier venu pour trouver une chambre chez l’habitant. Il y a un café sympa, là-bas, qui donne sur le port. Quelques instants de repos nous feront du bien.


Nous posons nos sacs, nous asseyons, échangeons quelques mots, quand une voix nous interrompt :



Nous nous retournons : une femme nous sourit. Brune, 35-40 ans, de grandes lunettes de soleil.



Les présentations sont vite faites : Sophie, Delphine, Olivier. Je lui dis que nous sommes arrivés en Grèce la veille. Elle est là depuis le début de l’été :



Comment refuser ? C’est plutôt un coup de chance : à peine débarqués, rencontrer une Française qui connaît bien Paros et nous propose l’hospitalité.


Sophie se lève. Elle est grande, plutôt charpentée, avec un visage énergique. Mais je ne prête pas beaucoup d’attention à elle. Son corps est enveloppé dans une sorte de djellabah blanche qui en masque les formes. De toute manière, je ne regarde que Delphine. Sophie lui propose de prendre un de ses deux sacs, et le soulève comme une plume. Delphine n’est pas du même gabarit : petite, très mince, avec un corps d’adolescente. Mais j’aime ses petits seins, ses jambes minces, son ventre plat, ses reins creusés, ses fesses dures, son visage rieur et mutin, ses allures de Lolita avec ses cheveux courts et ses ballerines.


La maison de Sophie n’est pas loin. Blanche, comme toutes les maisons de l’île, donnant sur la rue, avec un étage. Elle nous montre notre chambre, au rez-de-chaussée, puis nous montons l’escalier. Là-haut, une vaste pièce, qui donne sur un jardin privatif, avec une véranda et une très belle vue sur la Méditerranée. Son mari s’est retourné, entendant du bruit dans l’escalier. Il est assis à un bureau, face à la mer, et nous regarde, curieux, à travers de petites lunettes de vue.



Jan acquiesce et se lève pour nous serrer la main. C’est un colosse : un mètre quatre-vingt-dix, larges épaules, un peu de ventre, la quarantaine. Son accueil n’est pas hostile, mais manque de chaleur : un bonjour, quelques mots dans un excellent français prononcé avec un fort accent nordique, et il revient à ses livres. Sophie avait raison : un ours, le physique comme le comportement.



Une heure plus tard, départ dans la Méhari de Sophie. Elle est toujours en djellabah et en tongs :



Sophie n’a pas menti : une petite crique, une mer d’un bleu translucide, juste une dizaine de personnes. Je ressens un choc quand elle enlève sa djellabah : son corps est puissant, ample, ferme, doré par le soleil, ses jambes sont longues et musclées. On dirait une statue, avec quelques rondeurs - le ventre, les seins - qui la rendent douce. Je n’avais pas encore remarqué qu’elle était belle : une vraie femme.


Avec son physique menu, Delphine, à côté d’elle, ressemble à sa petite sœur, à tous points de vue. Le plus naturellement du monde, Sophie dégrafe le haut de son maillot. Ses seins sont pleins, lourds, avec de larges aréoles marron foncé. Ils tombent en peu, en s’écartant. Mais ils ont l’air conquérants, comme une promesse.


Du coup, Delphine enlève aussi le haut de son maillot et dévoile ses petits seins pointus, plantés hauts. Une dizaine de mètres plus loin, un couple s’embrasse, corps contre corps. Delphine les regarde, et se retourne vers moi, un sourire dans les yeux. Je sais à quoi elle pense. Elle aimerait faire comme eux. Moi aussi. Mais ça ne serait pas sympa pour Sophie. Alors, nous discutons. Je lui dis que je suis en deuxième année de droit, Delphine en première année de lettres. Sophie veut savoir ce que nous voulons faire plus tard, depuis combien de temps nous sommes ensemble. Elle nous parle de son enfance à Marseille, de sa rencontre avec Jan venu passer un an à Aix durant ses études, du Danemark, de leurs enfants, de son job de bibliothécaire à la fac de son mari.


Puis Sophie va se baigner. Quand elle revient, nouveau choc : ses seins, raidis par le contact de l’eau, semblent la précéder et bougent au rythme de ses pas. On dirait une guerrière de l’amour, qui marche vers moi…



Delphine dit qu’elle est fatiguée et préfère bronzer. Sophie me tend la main pour m’aider à me redresser. Je la prends. Il me semble qu’elle la garde dans la sienne plus longtemps qu’il n’est nécessaire. Une légère pression, puis ses doigts se séparent des miens en caressant légèrement ma paume. Delphine n’a rien vu. Et moi, je me mets à rêver. Sans doute Sophie s’ennuie-t-elle, avec son mari toujours fourré dans ses livres. C’est peut-être pour ça qu’elle nous a invités si vite, sans même nous connaître. Un corps pareil, fait pour l’amour, a besoin d’être irrigué. Et les Danois ont la réputation d’être de mœurs libres. Son mari est plus âgé qu’elle. Il doit lui laisser faire quelques extras, surtout quand leurs enfants ne sont pas là…


J’aime Delphine, mais je n’ai jamais fait l’amour avec une femme, avec une vraie femme. Delphine aussi aime faire l’amour. Alors pourquoi pas un coup double ? C’est un de mes fantasmes : baiser avec deux femmes en même temps. Avec Delphine et une femme de 35 ans, ça serait encore mieux… Heureusement que nous sommes dans l’eau, car je commence à bander à cette pensée !


Mais si c’était une avance, Sophie en reste là. Il n’y a rien d’ambigu pendant notre baignade. Elle nage un crawl puissant, au point que je m’essouffle à la suivre, même si je suis plutôt sportif. De retour sur la plage, elle sort de l’huile solaire de son sac, s’en enduit le torse, le visage, et nous conseille d’en mettre en nous tendant son tube :



Je prends cette dernière phrase comme une nouvelle invitation. Les deux femmes se sont couchées sur le ventre. Je commence par Delphine, en lui massant un peu les épaules, la nuque et les reins. Puis, je passe à Sophie, en laissant traîner un peu mes mains sur son dos. Je recommence à bander. Ces deux femmes, alanguies devant moi, la grande et la petite, avec la raie des fesses qui sort du maillot, offertes à mes mains. Je fais bien attention de ne pas aller trop loin avec Sophie, mais je me sens puissant, viril, j’imagine que je les ai baisées l’une après l’autre, qu’elles sont à moi…


Le même sentiment me reprend dans la voiture, au retour. La fin de l’après-midi a pourtant été calme. J’ai accompagné Delphine se baigner : elle m’a dit qu’elle voulait avoir la peau salée quand nous ferons l’amour, est venue contre moi dans l’eau, m’a embrassé avec cet air un peu perdu que je lui connais quand elle a envie de faire l’amour. Sophie nous a parlé d’elle, de son mari qui est un intellectuel qui passe trop de temps dans ses livres, mais a heureusement d’autres talents, a-t-elle ajouté en riant. À nouveau, j’ai décrypté dans ces mots un message discret : elle aime baiser, mais son mari ne s’occupe pas assez d’elle à son goût. Ne t’inquiètes pas, Sophie, tu vas être servie, à domicile en plus… Cerise sur le gâteau, elle s’entend bien avec Delphine. Tant mieux, ça simplifiera les choses.


C’est à ça que je pense quand Sophie nous ramène chez elle. Exprès, je me suis assis à l’arrière de la Méhari. Comme ça, je peux regarder le dos de mes deux femmes, enfin de celle qui l’est et de celle qui le sera bientôt. Bien sûr, ce n’est pas une certitude. Plutôt un fantasme, maintenant doublé d’un espoir.


Quand nous rentrons, Jan revient lui aussi de la plage. Il est allé se baigner juste devant la maison. Il est en maillot. C’est un faux gros. Son ventre déborde de son maillot, mais il est compact. On dirait un viking avec son torse velu. Seules ses petites lunettes déparent, sur un grand corps aussi massif. Comme d’habitude, Sophie prend la direction des opérations, puisque c’est visiblement elle qui porte la culotte dans ce couple :



Delphine suit Sophie, enchantée de cette complicité avec une femme plus âgée qu’elle, qui nous considère comme des adultes. Jan m’emmène faire un tour dans Paros. Il en connaît les moindres recoins, salue beaucoup de monde. Sa conversation est plaisante. Il me parle de la culture grecque, des différences de mode de vie entre îles et continent, de ce pays morcelé. Mais une fois au bar, je suis quand même un peu gêné d’être assis à côté de l’homme dont j’ai envie de baiser la femme. Il n’est pas très drôle. Je ris quand même à ses plaisanteries. Tant qu’à être cocu, autant qu’il le soit par un homme qu’il trouve sympathique. Et vu son physique, je n’ai pas envie que le bon Jan me considère comme un ennemi.


Jolie surprise, quand nous rentrons à la maison à l’heure dite : la table est mise, sur la terrasse face à la mer, et surtout, les femmes sont très belles, maquillées, apprêtées, toutes deux en sandales à talons hauts, en jupe courte, entièrement vêtues de blanc, un tee-shirt évasé et serré pour Delphine, un chemisier largement ouvert pour Sophie. C’est bizarre, car je ne connaissais pas ces sandales chez Delphine, pas plus que cette jupe d’ailleurs. Et d’habitude, elle ne se maquille pas autant. Sophie dissipe le mystère :



En riant, Sophie et Delphine se mettent à tournoyer devant nous, jupes relevées sur leurs cuisses tendues par les talons hauts. Jan acquiesce mollement. Je suis nettement plus enthousiaste :



La soirée se présente décidément bien. Surtout que Sophie a visiblement séduit Delphine. Peut-être ont-elles eu une discussion intime pour afficher une telle complicité ? Jan a pris deux ouzos tout à l’heure au bar. Moi, un seul. S’il continue à ce rythme, il ne tardera pas à aller se coucher. Et à moi la fiesta !


Le dîner est léger : salade grecque, grillades, fruits. Je m’étonne qu’un colosse comme Jan s’en contente. Sophie mange davantage que lui, se ressert volontiers. Cette femme dévore la vie. Pas difficile d’imaginer son tempérament au lit. En revanche, Jan honore le Retzina, le vin local. Un peu aigre au début, mais pas désagréable. Il vient d’ouvrir la troisième bouteille. À vue de nez, il en a bu une à lui tout seul. Pour être honnête, personne n’a donné sa part aux chiens. Pas même Delphine, ce qui me surprend car elle se méfie de l’alcool. Mais Jan, que le vin a rendu volubile, la ressert dès que le niveau de son verre baisse.


Il a presque rugi de plaisir lorsqu’il a appris que Delphine était étudiante en lettres classiques, avec latin et grec au programme. Il évoque avec elle l’intérêt des langues mortes, injustement méprisées selon eux. J’essaie d’émettre un avis contraire : mieux vaux parler l’anglais que le grec ancien. Mais ils rejettent mon argument d’une même voix, disant que ce n’est pas incompatible, au contraire, et poursuivent en se délectant d’auteurs classiques dont je ne connais que le nom.


Cette discussion académique ennuie Sophie. Elle, le vin la rend sensuelle, son regard est tendre. Nous laissons Delphine et Jan à leurs auteurs classiques, pour parler de sujets plus légers : les femmes grecques de Paros, dont elle ne comprend pas qu’elles n’exposent pas leur corps au soleil ; leurs hommes, qui voient débarquer les étrangères comme si elles étaient des proies, surtout quand elles sont blondes et viennent du nord de l’Europe. J’en déduis que Sophie, brune et dorée comme le pain d’épice, souffre de n’être pas convoitée par eux comme son physique le mériterait pourtant. Je la flatte en lui précisant que je préfère les brunes. Elle m’en remercie en laissant dériver sa cuisse vers la mienne. Le contact de sa peau nue contre ma jambe m’électrise.


Delphine et Jan, tout à leur discussion, ne s’en aperçoivent même pas. Une sorte de partition s’est opérée à la table, en diagonale. Delphine, Jan et leurs auteurs classiques d’un côté, Sophie, sa cuisse baladeuse et moi de l’autre. Je surveille du coin de l’œil Jan pendant qu’il avale ses verres de résiné. Il ne va pas tarder à aller se coucher, celui-là. Et je sais combien l’alcool enflamme le sang de Delphine. Tout se passe comme sur des roulettes…


La nuit est maintenant tombée. L’air devient plus frais. Sophie sonne le signal du départ :



Nous la suivons. Elle sélectionne des chansons sur son i-pod. D’abord, un slow. Elle est maligne : elle se retourne vers son mari, histoire sans doute de ne pas lui mettre la puce à l’oreille. Je danse avec Delphine, qui s’abandonne dans mes bras. Un rock ensuite : Jan s’ébroue avec maladresse, Sophie et Delphine virevoltent, trouvent leur rythme et dansent face à face comme si elles voulaient s’offrir en spectacle, bras levés, cuisse contre cuisse, puis fesses contre fesses. Delphine ne se rend sans doute pas compte qu’elle est entrée dans le jeu de Sophie. Elles dansent devant nous comme deux guenons impudiques qui veulent exciter leur mâle. Je les regarde, les encourage en frappant des mains. Tout va bien pour moi, très bien même.


Fin du morceau. Sophie sélectionne un nouveau slow, et lance à Delphine :



Elle vient vers moi. Son corps se colle progressivement contre le mien. Avec ses talons, elle est pile à ma taille. Je sens ses seins, la chaleur de sa peau, je respire son odeur de femme, je bande à nouveau. Elle ne peut ignorer cet hommage, puisque son bassin est contre le mien. Elle ne recule pas pour autant. De mieux en mieux… Un rapide coup d’œil vers Delphine : aucun danger de ce côté-là, la pauvre est engloutie dans le grand corps de Jan, qui repose sur elle.


Le slow s’arrête. Sophie remet une chanson plus rapide, et se tourne vers moi :



L’invitation est à la fois franche et subtile. Une fois dans la cuisine, elle referme la porte du pied, ouvre celle du frigo, se penche pour prendre des sodas, croupe tendue devant moi. C’est le moment ! Je pose mes mains sur sa taille, me colle contre ses hanches. Elle se redresse lentement, pendant que je lui pose un baiser dans le cou. Mes mains remontent sur ses seins, elle frissonne, se retourne et m’embrasse à pleine bouche, les yeux fermés, corps planté dans le mien. Quelle femme ! Sensuelle, langoureuse, chaude. Elle est en manque, la vigueur de sa langue me le dit bien.


Je ne sais pas combien de temps dure ce premier baiser. J’en ai même oublié Delphine et Jan dans la pièce à côté. Sophie me rappelle leur présence, d’une voix devenue enfantine :



Je la suis, sans même me rendre compte qu’elle tient ma main dans la sienne, tant ça me paraît naturel. Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est que Jan recouvre maintenant Delphine. Ils sont allongés sur un des deux divans de la pièce principale, et Jan l’embrasse ! Delphine semble inerte sous son grand corps. Bizarrement, mon premier réflexe est de penser qu’elle s’est trouvée mal, et que Jan lui fait du bouche-à-bouche. Je n’ai même pas le temps d’être jaloux. Sophie a pris mon sexe dans sa main, à travers mon jean, et me dit :



Elle me pousse sur l’autre divan, déboutonne mon jean, passe sa main dans l’entrebâillement de mon caleçon, et saisit mon sexe devenu dur. Si je n’avais pas eu la tête entre ses seins, j’aurais crié de plaisir : sa main est forte, impérieuse. Je déboutonne sa chemise, je n’arrive pas à dégrafer son soutien-gorge, alors de son autre main, elle le fait, et offre sa poitrine à ma bouche pendant qu’elle commence à me branler. J’en oublie Delphine. Seuls m’intéressent ses seins, doux, soyeux, et les ondes de plaisir qui partent de ma bite et me remontent dans tout le corps. Mes mains passent sous sa jupe, remontent ses cuisses chaudes et fermes, soulèvent la paroi de son slip : son sexe est trempé, elle halète, visage plongé dans mon cou. J’enlève mon jean qui me gêne. Elle fait glisser mon caleçon, enlève sa chemise, sa jupe, son slip, fait glisser mon tee-shirt au-dessus de ma tête. Nous sommes nus.


Un bref regard vers Delphine. Non, elle n’est pas évanouie. Jan la tient bizarrement : il a passé un bras derrière les siens. Son corps est en arc de cercle, torse tendu, l’autre bras de Jan sous son tee-shirt. Je ne vois pas son visage, mais elle semble répondre à ses baisers. Je n’ai même pas le temps de m’en inquiéter. Sophie m’attire vers elle, et je sombre dans l’ivresse de sa chaleur, de la douceur de sa peau, de son odeur forte de femme. Elle pousse ma tête vers la base de son corps, la dirige vers son sexe. J’ouvre ses lèvres et lape son vagin ouvert. Elle gémit, se tord sous la caresse de ma langue. Je remonte vers son clitoris, dur et dressé comme un petit obélisque. Ses parois sont douces. Elle guide les mouvements de ma langue en pressant sur ma tête. J’accompagne les ondulations de ses hanches en la pénétrant de deux doigts, jusqu’à la garde. J’entends un cri aigu, qui m’est familier : c’est Delphine. Mais seul m’importe le plaisir que je sens monter dans le grand corps de Sophie. Je suis sa progression, je ne la lâche pas, même quand l’orgasme éclate en elle et que son bassin est agité de soubresauts. Je bois son suc et je me redresse pour la regarder. Ma bite est dure comme du bois, elle est sous moi, abandonnée, sa tête roule d’un côté à l’autre, les yeux clos, comme si elle voulait dire non, mais ses seins se gonflent au rythme de sa respiration. Je me sens déjà victorieux de ce grand corps de femme, qui n’a pas encore goûté à ma bite.


Sur l’autre divan, le mouvement du bassin de Jan, et les jambes fines de Delphine nouées autour de ses reins sont explicites : il la prend, régulièrement, profondément. C’est étrange : la femme que j’aime se fait sauter à quatre mètres de moi, et je ne remarque que sa jupe blanche troussée, les grosses fesses de Jan qui a juste baissé son pantalon. La seule pensée qui me vient à l’esprit est de me dire qu’il la baise comme un gros soudard, sans même lui avoir enlevé sa jupe, ni ôté son pantalon. C’est le degré zéro de la réflexion. Mais je ne vais pas plus loin. De ses bras, de ses jambes, Sophie m’attire en elle.


Son sexe est brûlant. Je m’y enfonce. J’ai envie de la prendre violemment, de la faire crier. Ses jambes nouées autour de mes reins m’accompagnent, ses mains serrent ma tête au creux de son épaule. Un long cri, plus aigu, recouvre ses râles. Delphine vient de jouir. Mais je prends tellement de plaisir dans les bras de Sophie, dans le ventre de Sophie, que je ne perçois pas la portée de ce que nous sommes en train de faire. Je veux juste faire jouir Sophie, la faire crier encore plus fort que Delphine.


J’accélère mes mouvements quand je la sens proche de l’orgasme, puis les ralentit au moment où elle va jouir, pour regarder son beau visage pendant le plaisir. Je vais enfin savoir comment une vraie femme jouit, je me sens acteur autant que spectateur. Une ride barre son front, comme si elle se concentrait sur son plaisir, ses jambes se font pressantes sur mes reins, ses hanches viennent à la rencontre de mon sexe, ses gros seins sont agités de tremblements, ses lèvres sont serrées, et elle vient, longtemps, en plusieurs secousses successives qui remuent tout son corps, dans un murmure de plaisir qui n’en finit pas. C’est donc ainsi que les femmes jouissent… C’est terriblement émouvant.


Sur l’autre divan, Jan a maintenant retourné Delphine, et la prend en levrette. Je vois ses grosses fesses blanches trembler quand elle s’abattent sur le petit cul de Delphine. La femme que j’aime est appuyée sur ses avant-bras, tête relevée, bouche ouverte comme si elle cherchait de l’air. Jan ne la tient pas par les hanches, mais par les fesses, qu’il écarte de ses mains, pouces en dedans, vraiment dedans même, et une de ses mains semble accomplir un mouvement circulaire. Son pouce n’est quand même pas enfoncé dans son anus ? Ne sait-il pas, ce gros danois, que chez Delphine cette zone est tabou ?


Mais Sophie me fait basculer sur le dos, vient sur moi, et sa main file vers ma bite, qu’elle place devant sa chatte et engloutit d’un mouvement de reins. Elle est lourde, puissante, m’aspire en elle avec ses coups de reins, me tient par les épaules, fait coulisser son sexe le long du mien. Ses seins bougent devant mes yeux. Maintenant, c’est moi qui gémis et m’abandonne au plaisir.


J’entends un nouveau cri, dont je ne connaissais pas le son, qui vient du divan voisin. Sophie me laisse un peu de répit en ralentissant le mouvement de ses reins, tourne mon visage en me prenant vers le menton, et dit :



Son mari tient d’une main son sexe maintenant dirigé un peu plus haut sur la croupe de Delphine. Il est à la mesure de son corps, gros, et plus long que le mien. Il appuie de ses reins, progresse lentement. Il la sodomise ! Pourquoi Delphine accepte-t-elle, alors qu’elle m’a toujours refusé cette pratique ? En plus, il lui fait du mal. Je réalise que son cri était un cri de douleur. Mais elle ne le refuse pas. Sa bouche est toujours ouverte, mais sa tête penchée vers le divan, comme si elle acquiesçait en silence, comme si elle acceptait ce sexe qui écarte son cul pour entrer lentement, toujours plus loin.


Sophie recommence à osciller des hanches, et le plaisir revient, même si je ne peux pas enlever les yeux des fesses de Jan, et de son sexe qui s’enfonce dans l’anus de Delphine. Brusquement, il progresse d’un coup, ses fesses viennent contre le cul de Delphine : ses chairs ont cédé, et elle accompagne ce renoncement d’un long soupir. Jan commence son va-et-vient dans les reins de Delphine, lentement au début, plus vite ensuite. Sophie, de sa main sur mon menton, détourne mon visage, pose sa tête contre la mienne, me masquant Delphine, et me dit :



Ses hanches ont recommencé à danser sur mon sexe, et le plaisir revient, lentement, sûrement. Un cri encore, aigu et long. Delphine jouit à nouveau. Sophie relève sa tête, pour me laisser regarder : Jan est courbé sur Delphine, le bras droit passé sous son ventre. Il l’a caressée de la main, jusqu’à l’orgasme, en même temps qu’il l’enculait… Sophie avait raison : c’est peut-être un intellectuel, mais il a aussi d’autres talents. Il se redresse, et pilonne le cul de Delphine, en la tenant maintenant par les hanches. Delphine a posé sa tête sur le divan, complètement offerte. Je ne l’avais jamais vue ainsi. Son visage n’exprime rien, sinon une infinie douceur. La morsure de la jalousie me saisit le cœur. Mais Sophie dissipe cette douleur. Elle pose à nouveau son visage contre le mien, m’empêchant de voir Delphine :



Elle alterne mouvements longs et courts, lents et rapides. Je suis à elle, je dépends d’elle, je gémis quand elle le veut, comme elle le veut, Delphine et Jan n’existent plus, je ne suis plus qu’une bite, prise dans le fourreau de sa chatte. Je lui dis que je vais jouir, pour qu’elle continue, pour qu’elle ne s’arrête pas, surtout pas maintenant. Mais elle ralentit :



Son visage est grave, ses yeux sont plissés comme si elle faisait un effort. Elle ne bouge pas, et pourtant je sens son fourreau devenir un étau qui presse ma bite, la relâche, la presse à nouveau. Jamais une femme ne m’a fait ça. Une dernière pression, et j’explose en elle, je l’inonde de longues saccades de sperme qui semblent venir du plus profond de mon ventre. Elle s’abat sur moi, m’embrasse, me cajole :



Je suis ailleurs, loin, très loin. Une sorte de grognement me fait revenir sur terre. C’est Jan. Je l’avais oublié. Il vient de jouir, lui aussi. Il se retire lentement des fesses de Delphine, son sexe semble interminable. Il est toujours dressé vers son anus quand il sort enfin, et Jan donne une petite tape sur les fesses de Delphine, comme pour lui dire qu’il est content d’elle, qu’elle s’est bien conduite. Après, il embrasse ses fesses, les écarte à pleines mains, et les tourne vers nous. Je ne vois pas bien, car Sophie s’est levée et passe devant moi. Je la suis du regard. Elle se dirige vers le buffet, ouvre le tiroir, et sort un petit appareil photo. Jan a maintenant posé son visage sur le côté des fesses de Delphine, qu’il tient toujours écartées, visage tourné vers nous. Il sourit. Et je découvre un trou au milieu des fesses de Delphine, qui ne bouge toujours pas. Un trou béant, large et rond : l’empreinte du sexe de Jan, qui lui a cassé le cul, l’a dilaté !



La voix de Sophie est joyeuse pendant qu’elle appuie sur le déclencheur de son appareil. Je suis tétanisé par ce que je viens de voir, incapable de la moindre réaction. Sophie va ranger son appareil dans le tiroir où elle l’a pris, et revient vers moi :



Mais le pire est encore à venir. Delphine sort de sa léthargie. Elle se retourne vers Jan, n’a pas un regard pour moi, l’embrasse, se frotte contre lui comme une chatte qui ronronne de plaisir, son corps frissonne sous ses grosses mains. À voix basse, elle psalmodie des mots, toujours les mêmes :



Jan la prend par la main. Elle le suit, docile, les yeux baissés, avec sa jupe froissée qui retombe sur ses hanches. Ils sont disproportionnés. Le grand danois, avec son ventre et son gros sexe en avant, Delphine derrière lui avec son corps d’adolescente, qui marche comme une automate, obéissante et vaincue. Jamais je ne l’avais vue ainsi. La porte se referme. Je reste seul avec Sophie, dans cette pièce qui sent le sexe.



Je la suis aussi, mécaniquement. Mon esprit est figé. Je n’ai même pas mal. C’est au-delà. Je ne peux plus penser. Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Qu’est ce qu’il nous est arrivé ? Le vin devait être drogué. Ce n’est pas possible autrement. Delphine n’a pas pu se comporter comme ça, lui dire ça, lui donner son cul.


Le sac de Delphine est dans la chambre, ses affaires pendent dans le placard. Mais elle n’est pas là. Elle est là-haut avec un autre homme. Et moi, je suis avec une autre femme. C’est trop pour moi. Je ne trouve qu’une solution pour oublier ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu : m’abattre contre le corps doux, chaud et généreux de Sophie.


Ses lèvres s’attardent sur mes seins, sur mon ventre, puis descendent lentement plus bas. J’ai posé ma main sur ses cheveux. Et mon sexe, qui n’a rien compris, recommence à bander quand elle le prend dans sa bouche. Sa main se pose sous mes couilles, les serre. Son ongle descend le sillon de mes fesses, s’introduit doucement dans mon anus. Je gémis. Et j’entends, là-haut, Delphine gémir aussi, comme par écho. Je me redresse, je retourne Sophie, je lui écarte les fesses, et plante ma langue dans son œillet. Moi aussi, je veux la prendre par là, puisque Jan l’a fait avec Delphine. Je le lui dis. Elle me repousse gentiment :



Elle me fait asseoir sur le rebord du lit, jambes tournées vers l’extérieur, et se met à genoux face à moi. Elle écarte mes jambes, pose une main à plat sous mes testicules, et de l’autre commence à me branler. Soudain, la main qui court le long de ma hampe s’abat plus violemment, et compresse mes bourses remontées par son autre main à plat. Une onde de douleur traverse mon corps, bientôt remplacée par des ondes de plaisir quand sa main redevient plus douce et ses lèvres sucent mon gland, comme pour se faire pardonner cette maladresse.


Mais bientôt elle recommence, la main qui s’abat trop vite, trop loin, et heurte du tranchant mes testicules. La même douleur fugace, que des lèvres et une main redevenue douce et habile remplacent par du plaisir. Une fois, deux fois, trois fois, une pointe de douleur vient ainsi troubler mon plaisir. Je comprends que ce n’est pas de la maladresse : c’est un supplice délicieux et diabolique. Chaque fois que la main de Sophie est en haut de ma hampe, prête à s’abaisser, j’ignore si elle va me donner du plaisir ou un peu de douleur…


J’ai l’impression qu’elle tient tout mon corps et tout mon esprit avec ses mains. Je suis maintenant couché sur le dos, reins creusés, torse en arc de cercle, face à cette femme qui décide de mon plaisir et m’a rendu dépendant de ses gestes. L’attente et l’incertitude sont insupportables. Mais le plaisir se trouve dédoublé par le soulagement, jusqu’au prochain choc… Quand je sens venir la jouissance, je ne la retarde pas, au contraire, j’essaie de la hâter de crainte d’un nouveau choc sur mes testicules, qui heureusement ne vient pas. Ma jouissance est fulgurante : j’ai le sentiment d’avoir éjaculé jusqu’au plafond. Sophie se couche sur moi, provocante :



Je ne sais pas combien de fois nous avons fait l’amour cette nuit-là. Quand je n’en pouvais plus, Sophie, avec ses mots, sa bouche ou ses mains, trouvait quand même une braise de désir, et l’attisait. Moi, je me lassais pas de son grand corps bâti pour l’amour. C’est encore sa bouche qui m’a réveillé le matin. Le jour filtrait à travers les persiennes. Quand elle a jugé le premier résultat encourageant, elle est remontée vers moi, et j’ai senti son pied taquiner mon sexe, puis le frotter. Elle m’a mis à genoux, s’est couchée sur le dos face à moi, a replié les jambes, et ses deux pieds se sont posés autour de mon sexe :



Ses pieds descendaient et remontaient lentement autour de ma hampe. De mes hanches, j’ai suivi leur mouvement. Bientôt, elle n’a plus eu besoin de bouger ses pieds. Les oscillations de mon bassin faisaient le même effet. Je me suis branlé entre ses pieds, jusqu’à l’éjaculation. Alors, elle m’a levé ses pieds vers ma bouche, pour que je les embrasse. Je l’ai fait, longuement, avidement, comme éperdu de reconnaissance. Puis elle est venue vers moi, et m’a attiré contre elle, sur le lit. Son corps était gluant de mon sperme. Elle s’est levée :



Dans un demi-sommeil, je l’ai entendue grimper l’escalier, puis redescendre un moment plus tard :



Je me réveille vraiment quand elle ouvre les volets. Le jour entre dans la chambre, elle tire les rideaux. Sophie est maquillée, coiffée, habillée, avec autant de soin que la veille au soir : une autre jupe, un autre chemisier ouvert sur ses seins, des sandales à talons, du rouge à lèvres, les yeux faits. Je comprends mal pourquoi. Je le lui dis.



Ainsi, elle s’est faite belle pour moi, parce qu’elle craignait de me décevoir. C’est touchant. Je me lève, enfin un jean et un tee-shirt. Mon sexe, douloureux, me rappelle la séance entre les pieds de Sophie. Instinctivement, mon regard descend vers ses pieds, nus dans ses sandales. Et cette vision me trouble, profondément. Il y a maintenant un lien, physique, sexuel, entre cette femme et moi. J’aime son corps, je sais le plaisir que j’y ai pris, le désir sans cesse renouvelé. Jamais je n’avais tant fait l’amour en une nuit, jamais je n’avais éprouvé tant de plaisir, ni trouvé un corps si accueillant. Je suis sur un nuage. Je prends la main de Sophie et monte l’escalier le premier.


Delphine et Jan ne nous ont pas entendus monter. Ils sont sur la terrasse, debout face à la mer. Jan est habillé. Delphine ne porte qu’un tee-shirt qui lui tombe juste sous les fesses. Sans doute un tee-shirt de Sophie. Et rien dessous, comme la main de Jan le dévoile alors qu’ils continuent de regarder la mer. Elle aurait quand même pu avoir la décence de s’habiller normalement ! Mais elle a la tête penchée sur la poitrine de Jan, comme s’il était devenu son homme en l’espace d’une nuit. Eux aussi, ils ressemblent à un couple.


Ils se retournent quand Sophie et moi pénétrons sur la terrasse. Il y a un moment de silence, de gêne : Jan fixe sa femme, avec intensité. Delphine et moi échangeons des regards fuyants. Elle n’est pas maquillée, ses traits sont marqués, ses cheveux en bataille. Mais ce n’est pas moi qui lui ai fait cette tête de femme après une nuit d’amour. Et surtout, elle semble aimantée par le corps de Jan, qu’elle entoure de ses bras.


L’instant est étrange. Même la voix de Sophie me semble mal assurée quand elle dit d’une voix faussement joyeuse :



Nous reprenons les mêmes places que la veille, Delphine face à moi, Jan face à une chaise vide que Sophie occupera bientôt. Il me tarde qu’elle revienne de la cuisine. La situation est inégale. Delphine est penchée vers Jan et ne regarde que lui. Je n’existe plus pour elle, comme si il lui avait fait subir un lavage de cerveau. Je la trouve terriblement belle, terriblement douce dans cette attitude docile et abandonnée. Alors, pour dissiper la morsure de la jalousie, j’ai besoin de la présence de Sophie contre moi, de la chaleur de sa cuisse contre la mienne. Je ne parviens pas à regarder Jan : il a baisé ma femme, j’ai baisé la sienne. Et j’évite les yeux de Delphine.


Sophie revient enfin, et pose la cafetière sur la table. Jan la fixe toujours aussi intensément. Elle le regarde aussi, droit dans les yeux, comme si Delphine et moi n’étions pas là. Jan se lève et lui dit :



Sophie se lève aussitôt, son regard rayonne comme celui d’une petite fille comblée. Elle prend sa main et le suit dans leur chambre, dont la porte se referme. En un instant, je comprends pourquoi elle s’était maquillée et habillée sexy, ce matin. Ce n’était pas pour moi, mais pour lui !


Delphine aussi a compris. Elle se lève, comme piquée par un serpent :



Elle dévale l’escalier. Quand je la rejoins dans la chambre, elle a enlevé son tee-shirt et enfile en vitesse les premiers habits qu’elle trouve dans la penderie. Son corps nu ne m’émeut pas. Il me semble étranger maintenant qu’elle l’a donné à un autre. Elle entasse ses affaires dans ses deux sacs :



Elle file dans la rue. Les bruits qui viennent de là-haut laissent aisément deviner ce que font Jan et Sophie. Je me suis fait avoir, du début à la fin. Je repense à la manière dont Sophie regardait son mari ce matin, puis dont elle l’a suivi… C’est bien lui qui tire les ficelles dans leur couple. Et moi, j’ai peut-être perdu Delphine. Elle a raison : il faut qu’on parte, tout de suite, qu’on mette de la distance entre eux et nous. Je fais mes sacs, et descends vers le port.


Delphine est là. Elle me sourit, et agite deux billets qu’elle tient dans sa main :



Elle s’assied sur le bord du quai, et moi à côté d’elle. Elle parle en regardant la mer, d’une voix ferme, me demande de ne pas l’interrompre. Je ne lui connaissais pas cette autorité, comme si elle avait grandi en une nuit :



Un silence. Je ne trouve rien à lui dire. C’est elle qui reprend :



Je n’ai rien à rajouter. Quoi lui dire : que j’ai honte, que je regrette ? Que j’ai probablement prononcé durant la nuit les mêmes mots qu’elle ? C’est inutile. Je lui prends la main. Je veux l’embrasser dans le cou. Je me retire. Elle sent le sexe, elle sent cet homme. Elle est partie trop vite pour avoir le temps de prendre une douche ce matin. Je suis dans le même cas : moi aussi, je dois porter l’odeur de Sophie sur la peau. Alors, nous restons ainsi, main dans la main, comme des enfants.



---oooOooo---



J’ai été doux et patient. La journée, durant ce mois passé en Grèce, Delphine était plus amoureuse que jamais. Trop, même. Ses élans, ses mots, ses regards, semblaient factices. Ou plutôt, un échelon trop haut pour être vraiment naturels. Et le soir, elle me rejoignait au lit en slip et tee-shirt, alors que nous avons toujours dormi nus…


J’ai essayé de lui parler, de lui dire que ce n’était peut-être pas la bonne solution, que plus vite nous nous retrouverions physiquement, plus vite nous aurions une chance d’oublier. Échec. Toujours les mêmes mots : sois patient, sois doux avec moi, ça va revenir. Et un refus total de revenir sur ce qui s’était passé, même pour tenter de l’expliquer, le relativiser et l’expurger. Mentalement, c’était un blocage.


Physiquement, c’était peut-être différent. Elle m’a dit une fois qu’elle voulait qu’on recommence à zéro, progressivement, comme un couple qui découvre la sexualité. Elle n’était pourtant pas vierge quand je l’ai rencontrée. Mais c’était comme si elle voulait expier sa faute, notre faute, en nous imposant une période de chasteté, et refaire le chemin qu’elle avait déjà parcouru dans sa vie sexuelle, comme si nous étions redevenus deux adolescents amoureux de 16 ans. Je trouvais son comportement puéril, un refus de regarder la vérité en face. Mais j’ai respecté sa volonté : doux et patient…


Sont quand même venus, lors de ce mois en Grèce, des caresses, des fellations, des cunnis. Mais le plaisir ne provoquait pas l’enchaînement que j’espérais : dès qu’elle avait joui, elle refermait les jambes. Nous n’avons refait l’amour qu’à notre retour en France. J’ai même eu droit à ce qu’elle avait offert à Jan, et m’avait refusé. Pour un piètre résultat. Elle n’en avait pas vraiment envie, ne s’est laissée sodomiser que parce qu’elle ne pouvait pas dire non, après ce qui s’était passé en Grèce. Et moi, je l’ai fait comme pour me venger de Jan. Bref, nous l’avons chacun fait pour de mauvaises raisons. Et n’avons jamais recommencé.


Vu de l’extérieur, rien n’avait changé : toujours en couple, toujours amoureux, toujours tendres en public. Mais entre nous, il y avait quelque chose de cassé. Je me souvenais des mots qu’elle avait prononcés après que Jan lui ait fait l’amour, de l’état second dans lequel elle était. Elle m’avait sans doute vu dans le même état quand j’avais fait l’amour avec Sophie. Elle essayait de me faire l’amour à cheval sur moi, comme Sophie, agitait ses hanches dans tous les sens. Je n’ai jamais osé lui dire que le secret ne venait pas de là, que Sophie savait comprimer les muscles de son vagin autour de mon sexe. Depuis la Grèce, elle avalait mon sperme quand elle me faisait une fellation, alors qu’elle le recrachait avant. Je lui ai évidemment posé la question : elle m’a dit qu’elle l’avait fait pour la première fois avec Jan, au réveil, qu’il la tenait par la nuque, qu’elle n’avait pas osé dire non.


C’était cela qui nous séparait, au fond : j’étais persuadé, pour l’avoir vue baiser avec lui, que Jan lui avait donné plus de plaisir que moi, qu’il l’avait emmenée beaucoup plus loin, jusqu’à l’abandon, sinon elle ne lui aurait pas donné sa bouche et son cul. Et elle était sans doute persuadée que Sophie m’avait donné plus de plaisir qu’elle… Dès lors, puisqu’elle refusait toujours d’en parler, c’était foutu.


Les derniers mois, elle avait même trouvé une porte de sortie, qui ne la menait pourtant nulle part : le déni. Elle prétendait qu’elle avait bu, qu’ils l’avaient saoulée, et qu’ensuite elle ne se souvenait pas bien de ce qui s’était passé. Qui croyait-elle tromper ? C’était trop facile, c’était lâche. Elle n’était pas plus saoule que moi, se souvenait aussi bien que moi. J’aurais préféré qu’on en parle, une bonne fois pour toutes. Elle ne l’a jamais voulu.


Il aurait sans doute été plus simple de reconnaître à voix haute, en se regardant dans les yeux, que oui, ils baisaient mieux que nous, car ils avaient un âge et une expérience que nous n’avions pas. Que oui, ils nous avaient piégés, au début, mais qu’ensuite j’avais perdu pied durant cette nuit passée dans les bras de Sophie, et elle aussi avec Jan. Mais, honnêtement, je ne sais pas si ça aurait changé grand-chose. Car si nous avions tout déballé sur la table, il aurait fallu que je lui dise que chaque fois qu’on faisait l’amour, ou à des moments divers, même les plus incongrus, un déjeuner chez ses parents par exemple, des images, précises et cruelles, s’imposaient à mon esprit. Son cul ouvert, troué et dilaté par le sexe de Jan, qui le présentait en souriant à l’objectif de Sophie comme un trophée de chasse. Ou bien son attitude de femme baisée, complètement baisée et obéissante, quand elle avait suivi Jan dans sa chambre, les yeux baissés… Ces images, comment les oublier ?


Je crois, avec le recul du temps, qu’on était trop jeunes pour surmonter une telle épreuve. L’année scolaire a passé. Nous avons eu chacun notre examen. Ensuite, elle savait que j’irai faire ma maîtrise à Paris. Un temps, il avait été question qu’elle me suive. Juste après la proclamation des examens, je lui ai dit que je partirai seul.


Ça ne l’a pas surprise. Elle s’y attendait. On s’est quittés tristement, en peu de mots :



C’était même pire que ça…






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n° 12389Charlotte a bien du mal à gérer ses relations amoureuses !16/03/08
Tentation
critères:  jeunes copains piscine revede nonéro -amiamour
13836 caractères
Auteur : Lilas      Série : L'odyssée de Charlotte - 01

Derrière la verrière, les ombres s’allongeaient lentement. Je me trouvais chez Pauline, ma meilleure amie. Son père possédait une petite piscine privée, couverte, ce qui était un avantage certain ! On était le 23 août, et la chaleur, dehors, était accablante depuis des jours. Pauline et moi nous retrouvions donc tous les jours au bord de la piscine, fraîche et bleue comme un lac de montagne.


Pauline avait beau se plaindre qu’appartenir à la haute bourgeoisie de la ville était un calvaire de tous les jours, et qu’on la considérait continuellement comme une fille à papa, j’étais loin de partager son avis, surtout en ces jours brûlants ! Limite si, en croisant son père ce matin, près du hammam, je n’étais pas tombée à ses pieds pour lui baiser les orteils !



J’étouffai un fou rire en l’observant, cette « fille à papa » si cul-cul la praline, même pas fichue de s’offrir une crème Dior hors de prix pour dégonfler ses cernes (conséquence de nuits plutôt mouvementées) ! Non, il fallait toujours qu’elle fasse comme tout le monde. Et c’est sans doute pour cette raison qu’elle était mon amie, après tout.


Je sortis de l’eau, et m’assis sur le rebord mouillé pour lui parler.



Elle poussa un soupir à s’en fendre l’âme. Sans bouger d’un iota. D’un geste, j’ôtai mes lunettes de plongée, souriant dans le vide.



Je l’appelais May depuis l’enfance. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que lorsque j’étais petite, j’avais entendu son nom de famille, Mailland. Mon père m’avait alors appris qu’il existait un rosier appelé « Mme Meilland », et je l’ai trouvé magnifique. Depuis lors, Pauline était devenue May.


Ça lui plaisait bien. En prenant un autre nom, elle avait l’impression d’endosser une autre personnalité. Elle pouvait être différente avec moi, changer d’identité. Elle qui a toujours mal vécu le fait d’être la fille « de », se lâchait complètement en ma présence. Enfin, « lâcher » est un grand mot, dans la mesure où May complexait à mort sur son physique, étant d’une pudeur et d’une timidité presque maladive. Étonnant, pour quelqu’un de sa position sociale !


Quand on connaissait bien May, on ne s’étonnait plus que moi, jeune femme banale et quelconque, fusse si importante à ses yeux. Elle aimait se mêler aux autres, s’immerger dans la normalité, dans la banalité presque. Sa famille – surtout sa mère – lui demandait constamment de tenir sa place, de s’habiller comme ci ou de parler comme ça. J’étais pour elle une grosse bouffée d’oxygène. Inutile d’ajouter que sa mère ne pouvait pas me voir en peinture. Mais, chance, elle était en croisière sur leur yacht, au large de Chypre.



Je revins sur terre. Machinalement, mon doigt traça un cœur avec les gouttes qui constellaient le dallage luisant sur lequel j’étais assise.



May me fit l’honneur d’ôter l’espace d’une seconde une carotte de son œil droit, et me considéra avec un brin d’amusement.



D’un geste vif, May lança ses deux tranches de carottes dans l’eau, où elles firent un petit « plif » comique, et piocha deux tranches de concombres, cette fois, dans un bol rempli de glaçons. Tout en les appliquant sur ses yeux, elle eut un sourire narquois.



Brusquement nerveuse, je me levai, et marchai jusqu’à la paroi de la verrière, regardant le crépuscule nimber d’or rouge les magnifiques peupliers du jardin de May. Il était 20 h 30, on était vendredi, et je ne savais toujours pas quoi faire de mon week-end. J’étais célibataire depuis trois mois, et cela commençait à me peser.


Je me retournai et m’élançai dans la piscine. Le choc me coupa la respiration, et je revins à la surface haletante. L’onde soyeuse était comme un voile autour de mon corps. En faisant la planche, je croisai les deux morceaux de carottes de May qui flottaient à côté de mon oreille.



Quand nous fûmes lasses de passer notre temps à ne rien faire, nous décidâmes d’aller nous rhabiller. Sur le chemin de la salle de bain, je croisai le père de May… à moitié nu. Il portait une serviette et n’était vêtu en tout et pour tout que d’un slip de bain rouge. Qui moulait fortement son anatomie, assez impressionnante d’ailleurs pour un homme de 48 ans !



Je lui souris poliment, luttant pour ne pas baisser les yeux, et entrai dans la salle de bain. Il me suivit du regard. En refermant la porte, je réfléchis furieusement. Il était curieux que je croise constamment le père de Pauline lorsque j’étais en bikini. Je ne l’avais jamais beaucoup aimé – à part quand il me prêtait sa piscine par temps de canicule. Quelque chose en lui ne me mettait pas à l’aise, même si je n’aurais pas su dire quoi exactement…


May me rejoignit quelques minutes plus tard.



Je haussai les épaules. Ce soir, Pauline avait rendez-vous avec un type qu’elle avait rencontré au club de golf la semaine d’avant. Comme elle me faisait toujours passer avant ses pseudo conquêtes masculines, j’avais décidé de me mettre en retrait, pour une fois. À 22 ans, il serait bon que May quitte enfin son éternelle enveloppe de pureté…


Quant à moi, cela faisait bien longtemps que je ne l’étais plus, pure. J’avais 23 ans depuis deux mois, et je me sentais plus seule que jamais…


Tout en nous douchant, l’une dans la douche, et l’autre dans le jacuzzi, nous discutions de choses et d’autres. Mon portable émit soudain un son qui me fit battre le cœur. Avant même de voir « Vincent » clignoter sur l’écran de mon téléphone, je savais que c’était lui.



Vincent était le seul homme que je connaissais pour l’instant à posséder un timbre de voix aussi bas. Un véritable vibrato qui faisait danser la gigue à mon cœur.



Sa voix suave révélait des accents sensuels impossibles à ignorer. Tous deux savions ce que ça voulait dire. J’eus un instant d’hésitation.



Je confirmai donc ma venue, tout en sachant que ce n’était pas bien. Pas bien du tout.


Pauline se séchait avec application, un sourire sur son visage constellé de taches de rousseur. Je raccrochai et croisai son regard goguenard.



Trente minutes après, j’arrivais dans la rue de Vincent et commençais à chercher une place. Je ruminais en silence. Je devinais ce qui allait se passer, et pourtant j’étais là, présente à l’appel comme une bonne petite pouliche bien élevée. J’étais sortie avec Vincent six mois auparavant, et notre relation n’avait duré que trois semaines. Elle avait été si intense que j’en étais sortie toute groggy. Jusque-là, jamais je n’avais connu un tel déferlement de passion et de fougue pour quelqu’un… et je m’étais attachée très vite. Jusqu’au jour où le bel oiseau était tombé de son nid. Il avait paniqué en voyant l’affection que je lui portais, et m’avait vite renvoyé à ma vie plate et sans saveur, un peu de son sperme encore collé entre mes cuisses, puisque nous avions fait l’amour une heure avant qu’il ne me jette.


Autant vous dire que je l’avais très mal pris. Pendant deux mois, je n’avais pas donné de nouvelles, pour oublier. Puis j’ai rencontré quelqu’un d’autre, et j’ai renoué contact avec Vincent, pensant – à tort – que mon attirance pour lui était révolue. Nous étions devenus amis, petit à petit, et quand j’ai quitté mon petit copain, il m’a félicitée en m’affirmant que c’était un gros nul.


Tout naturellement, nous nous sommes revus. Un peu, au début, puis souvent. On ne faisait que parler, voir des films, sortir boire un verre, mais il y avait son regard… Seigneur, le regard qu’un homme peut vous jeter lorsque tout son corps vous désire ! Parfois, il me jouait un peu de piano, ou me faisait écouter des titres qu’il avait aimés, tout en me touchant de temps en temps, familièrement, et je rentrais mon désir si fort que mon ventre était tout tendu.


De plus en plus troublée, j’avais espacé nos rencontres, afin de garder la tête froide, et rester maîtresse de mes émotions. Mais il m’appelait, souvent tard le soir, et on parlait pendant des heures.


Arrivée devant sa porte, je pris la résolution de ne pas rentrer, finalement. J’allais rebrousser chemin, et commençais à inventer un prétexte quelconque à mon absence, quand sa porte s’ouvrit toute grande. Il apparut, en jean et tee-shirt, le téléphone collé à l’oreille.



Il se pencha vers moi et posa un baiser un peu trop près de ma bouche, comme par inadvertance. Je ne pipai pas un mot.



Puis il me regarda, profondément. Un de ces regards qui vous atteignent jusqu’à l’os.



Il s’évapora dans la cage d’escalier, et j’entrai dans son appartement, les jambes flageolantes. J’attendis pendant un instant, puis fis quelques pas dans son salon. Je finis par m’asseoir devant son piano, et jouai une petite mélodie en évitant de penser que je n’avais rien à faire ici.



J’eus un tel sursaut que je faillis tomber de mon siège, et me retournai vers lui. Il m’observa curieusement.



Il reposa le téléphone sur son socle, et se retourna vers moi.



Il parut étonné.



Il me servit, prit un verre de jus de fruits pour lui, et vint s’asseoir en face de moi sur le canapé. Je regrettai aussitôt d’avoir choisi l’alcool, malgré mon besoin de réconfort. Lui allait rester maître de lui, et moi, pompette, j’offrirais une maigre résistance, si ce soir lui plaisait l’envie de mettre en pratique l’attirance indéniable qui régnait entre nous…


J’avalai une grande rasade pour fuir mes pensées, priant pour qu’il ne se rende pas compte du terrain glissant sur lequel elles étaient en train de s’aventurer… Il se leva et mit de la musique, tout en ouvrant quelques fenêtres sur son ordinateur portable.



Je faillis m’étouffer.



Il resta deux secondes parfaitement immobile, les yeux fixés sur son écran, avant de se retourner vers moi et de me regarder d’un drôle d’air.



Je frissonnai. J’avais passé une robe toute simple, en coton, mais elle me collait déjà à la peau à cause de la transpiration. Pourtant, mes mains étaient froides.



En effet, sa simple vue m’avait coupé l’appétit. Je connaissais bien ces symptômes. Il y a six mois, sa façon de se servir de moi m’avait fait mal, mais je le connaissais depuis trop peu de temps pour être tombée amoureuse de lui. Je n’avais pas mis longtemps à me remettre de cette rupture. Alors qu’aujourd’hui, alors que nous étions sensés devenir amis…


Je me levai et allai me coller contre son ventilateur. Je surpris son regard bleu posé sur moi, furtif. Je me traitai d’idiote, à fantasmer aussi librement sur un « gamin ». En effet, il avait plus de trois ans de moins que moi, ce qui n’était pas tant que ça au bout du compte, mais ça me permettait de freiner un peu le cours de mon inclinaison pour lui. Un peu…


Il choisit enfin un film et le fit basculer sur sa télévision. Ensuite, il me rejoignit et nous nous assîmes l’un à côté de l’autre sur le canapé…



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n° 12452ducfranck09/04/08
Belle-maman
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94312 caractères      
Auteur : Ducfranck      Série : Belle-maman - 01 / 02

Belle-maman






- 1 -



Ma belle-mère et moi sommes devenus complices, trop sûrement pour madame Morale. Un concours de circonstances a fait que la relation de conflit qui nous animait s’est adoucie.

Pourtant, durant les six premières années durant lesquelles je vécus avec sa fille, nos échanges verbaux étaient plus que tendus. Elle ne supportait pas que je lui enlève sa fille unique et je ne pouvais souffrir ses incessantes intrusions dans notre vie de couple, que ce soit par ses visites impromptues ou ses nombreux coups de téléphone.

Bref, le cliché d’une femme et son gendre !

Je ne parlerai pas de mon beau-père, car en effet son travail lui impose de voyager régulièrement dans toute l’Europe, ce qui fait que je ne le vois que très peu - et c’est tant mieux !


Mais revenons-en plutôt à la mère de mon épouse : depuis que notre garçon est venu égayer notre couple, les deux femmes ont décidé que ce serait la grand-mère qui garderait le nourrisson pendant que nous sommes au travail. Marine, mon épouse, part au travail bien plus tôt que moi et rentre bien après, travaillant à plus de quarante kilomètre de notre domicile, ce qui fait que j’ai l’immense joie de voir belle-maman matin et soir.

Elle arrive chez nous vers sept heures quarante-cinq et je pars bosser juste après un bref bonjour - les trois bises réglementaires - et, par la force des choses, je lui donne quelques consignes lorsque j’y suis obligé.

Le soir, je vais rechercher Jules chez elle, ce qui se fait la plupart du temps sans échange de paroles. Cela dure depuis deux mois, et Marine fait la balle de ping-pong entre mes reproches vis-à-vis de sa mère et ceux que celle-ci ne manque pas de m’adresser.


Un mercredi soir, ma femme ayant fait en sorte de rentrer plus tôt, le silence est rompu. Je ne me souviens plus exactement de sujet ayant provoqué les étincelles, mais j’avoue avoir été plus que méchant dans mes paroles. Des cris et des pleurs ont fusé pendant quinze longues minutes, avec comme arbitre la pauvre Marine. Bien entendu j’ai beuglé plus fort que tout le monde et j’ai pratiquement été le seul à m’exprimer.

La soirée qui a suivi ne fut pas la meilleure passée avec ma moitié, et après avoir subi une nouvelle engueulade durant laquelle je n’ai pas pipé mot, j’ai eu droit à un silence de mort jusqu’au coucher.

Le matin, elle est partie sans un bisou et je suis resté seul à attendre que Huguette pointe son nez.



oooOOOooo



Le petit dort toujours à poings fermés quand j’entends frapper à la porte. J’ouvre avec une certaine appréhension. Le visage de Huguette est fermé, ses yeux gonflés, et après qu’elle est entrée et que j’ai refermé la porte, je me confonds en excuses :



Elle m’écoute, ne me sermonne même pas et va s’asseoir sur le canapé pour regarder Télématin.


Depuis ce jour nous avons repris nos habitudes sans jamais parler de l’incident. Elle est toujours souriante et moi, toujours bougon. Nos échanges s’améliorent très légèrement, nous arrivons même à tenir une conversation banale sans montrer les crocs.



oooOOOooo



Les semaines passent et se ressemblent, jusqu’à ce fameux lundi matin où je ne regarde plus la mère de ma femme de la même manière : Huguette entre dans la maison vêtue d’une jolie tenue de fin d’hiver. Il fait encore frais mais il n’y a plus de Mistral. Les températures sont devenues clémentes.

Lorsque l’on dit "Huguette", on voit tout de suite la vieille mamie gâteau, mais ce n’est pas le cas de belle-maman, qui est très bien conservée bien qu’elle ait dépassé le demi siècle. Maquillée, bien habillée, elle sait mettre en valeur ses atouts : une silhouette fine, des fesses fermes et une poitrine toujours fièrement portée (les cours de gymnastiques sont bien amortis).

Ce jour-là elle arrive toute pimpante et c’est avec le sourire qu’elle s’exclame :



Les trois bises sont sonores et appuyées, et elle va poser son sac sur la table basse. Abasourdi par tant de gaieté, je la regarde sans bouger. J’ignore si j’ai commencé par la regarder de bas en haut où l’inverse, mais lorsqu’elle s’est retournée pour me parler en enlevant sa fine veste en cuir, j’ai eu un moment de solitude avant de me reprendre et de lui répondre.

Elle porte un haut noir et rouge assez échancré pour laisser apparaître de fines dentelles couvrant la naissance de sa poitrine comprimée. Une bande de chair de quelques centimètres est visible avant de tomber sur la ceinture kaki soutenant la jupe droite et courte, assortie. De la soie noire va se perdre dans des bottes à petits talons. Je la découvre femme, belle, désirable, et des fourmillements dans le bas-ventre viennent me perturber pendant que j’essaie de reprendre le contrôle. Nous discutons de la nuit passée par son petit-fils malade et je lui explique l’ordonnance du médecin, sans trop lorgner vers sa poitrine. Ses yeux verts s’illuminent lorsque les cris du nourrisson nous arrivent aux oreilles.

Je vais lever mon garçon, j’en profite pour lui faire un gros câlin et je le mets sur ses pieds pour qu’il aille embrasser sa grand-mère. Il saute dans les bras ouverts de Huguette, qui s’est accroupie, et là, vision enchanteresse : je vois subrepticement le haut d’une cuisse dénudée ! Il commence à faire chaud, voilà que je me mets à fantasmer en un dixième de seconde sur une femme que j’ignorais totalement trois minutes auparavant ! Comme quoi un bas auto fixant est un puissant aphrodisiaque chez certains mâles. L’érection qui commence à m’envahir n’est pas là pour le contredire.

Je sais qu’elle ne m’aguiche pas sciemment, elle a toujours été franche dans ses paroles comme dans ses manières, mais il n’empêche que je me fais un film du tonnerre.

Je m’éclipse rapidement, de peur d’avoir des regards trop plongeants.


La journée au travail n’est que songes, je revois en boucle les images de ses appétissants atouts. L’envie irrépressible de la voir ne me quitte pas jusqu’au moment où, enfin, j’arrive devant chez elle.

Une bonne respiration, et je frappe à la porte. Le fameux « Entrez » arrive à mes oreilles et j’ouvre doucement. Jules vient à ma rencontre et je m’agenouille pour le prendre dans mes bras. Pendant qu’il me saute dessus, belle maman s’est approchée et nous regarde, les mains dans le dos. Je tourne la tête vers elle et m’aperçois que sa jupe est légèrement remontée, mais je ne vois rien d’exceptionnel, uniquement du nylon. C’est un claquement caractéristique qui me fait comprendre ce qui se passe : Huguette remonte ses dim-up comme si c’était un geste anodin, puis elle s’en va, tout en parlant, préparer le sac du petit. Je lui réponds avec gentillesse. Elle doit le trouver changé, le gendre !

Je regarde son visage et rien ne trahit le fait qu’elle m’aguiche. Elle est comme d’habitude, mais juste plus enjouée car je lui reparle enfin normalement.

J’habille mon fils en me positionnant à sa hauteur et lorsqu’il est prêt je lui demande d’aller faire un bisou à mamie. Je reste en position car je sais que Huguette s’accroupit toujours pour l’embrasser. J’ai eu du nez, sur ce coup-là ! J’ai droit à une belle vue sur le haut de ses cuisses, et même jusqu’à sa lingerie. C’est furtif, mais j’ai quand même le temps de remarquer que la dentelle est assortie à celle du soutien-gorge.


C’est la tête ailleurs que je conduis jusque chez moi, mes pensées sont obnubilées par les visions de la journée. Je réagis comme un automate toute la soirée, ma femme m’en fait la réflexion et je lui dis que j’ai passé une sale journée au boulot. Je sais bien sûr que c’est un prétexte facile, mais ça marche toujours. Avant d’aller me coucher, je passe sous la douche pour me rafraîchir et surtout pour évacuer toutes les émotions de la journée. La longue masturbation qui s’en suit est un délice, mais n’a pas trop l’effet escompté : ma belle mère occupe entièrement mes pensées et j’ai du mal à m’endormir. Il me tarde de la revoir le lendemain matin. Et dire qu’il y a vingt-quatre heures, je la détestais !



oooOOOooo



C’est le matin, mais point de jupe, petite déception. Mais je consacre plus de temps que d’habitude à lui parler. Je me suis enivré de son parfum lorsque nous nous sommes dit bonjour, et toute la journée, cette odeur me chatouille les narines et la rappelle à mon bon souvenir.


Le matin suivant met le feu aux poudres… de mon caleçon. Lorsqu’elle arrive à la maison, Jules est déjà levé. Je lui ouvre la porte et c’est avec les yeux brillants que je remarque immédiatement le port d’une superbe minijupe. Elle pose une main amicale sur mon biceps tout en me faisant la bise (ce qu’elle faisait lorsque je l’ai connu), puis prend mon fils dans ses bras. Je n’ai rien pu voir car l’action a été rapide, mais je détaille ses vêtements. Petites chaussures rouge et noir, des bas (enfin je suppose…), une jupe portefeuille courte et évasée, et un haut tout en transparence rehaussé d’un boléro cachant sa poitrine. Mon entrejambe commence à se réveiller, les fourmis reviennent à l’assaut de mon ventre tandis que je la regarde s’occuper de Jules. Quand le petit fils est dans les parages, je n’existe plus. D’ailleurs plus personne n’existe dans ce cas, donc c’est à loisir que je la regarde évoluer. Elle me demande :



Mon fils étant asthmatique, il faut s’astreindre matin, midi et soir à le faire respirer avec un inhalateur spécifique. Huguette a une façon bien à elle de lui poser l’appareillage sur le visage. Jules est assis comme un pacha sur un fauteuil et elle lui fait face en se penchant pour lui appliquer l’embout caoutchouté qui emprisonne la bouche et le nez. D’habitude, la position ne m’interpelle pas, mais aujourd’hui je me déplace pour apercevoir la partie jusqu’ici cachée. Lorsque je passe derrière elle pour aller à la cuisine, j’aperçois immédiatement le port de bas noir auto-fixants, et au deuxième passage, en penchant la tête, je vois ses fesses nues. Je n’ose pas regarder une nouvelle fois et je fais bien car elle se redresse.



Je l’ai bien mérité d’ailleurs, mais en aucun cas cela ne gâchera ma journée. La magnifique vue de son postérieur barré uniquement par le noir brillant d’un string que je pense en satin suffit à égayer une terne journée de travail. Les jambes sportives recouvertes de nylon translucides feront, elles aussi, partie de mes visions. Comme un adolescent qui voit sa première paire de fesses, je fantasme tout le temps et mes collègues de bureau me demandent tous ce que j’ai.



Si l’excuse de la journée merdique au travail marche bien avec mon épouse, je peux dire que celle des soucis familiaux fonctionne très bien avec mes collaborateurs. Je sais que je suis tranquille pour la journée car ils n’aiment pas trop s’occuper des affaires des autres. C’est très bien car je n’ai nul besoin que quelqu’un vienne "faire du social". Les dossiers restent au point mort, je n’attends qu’une chose : l’heure de la sortie. Si j’étais encore au lycée j’aurais piqué un sprint vers la sortie au premier son de la cloche, tandis qu’ici, je sors calmement mais sans avoir une minute de retard.

Je suis devant la porte de belle-maman, et j’attends avec impatience l’invitation à entrer. Huguette, que je trouve d’ailleurs de plus en plus jolie, range avec Jules les dizaines de jouets qu’il a sortis de son coffre et éparpillés dans tout le salon. Je me propose de les aider, ce qui me permet d’être dans de meilleures dispositions pour reluquer sous la jupe de celle qui s’affaire à ramasser quelques petites voitures. Elle s’active en parlant au petit garçon sans penser que je suis là. C’est bien parfois d’être ignoré, cela me permet de la mater sans vergogne. Je ne me lasse pas de voir ses cuisses nues au-dessus de la dentelle recouvrant l’élastique de ses bas ; j’adore le contraste de la blancheur de sa peau et du noir de la lingerie. En parlant de ça, je peux affirmer que le string est bien satiné, légèrement brillant suivant son exposition à la lumière. J’aurais préféré de la dentelle ou, à la limite, un tissu voilé, mais on ne peut pas tout avoir la première fois.

Nous repartons très vite, car elle a rendez-vous avec son association. Je me demande bien quel est le rapport entre sa tenue et la scolarité des enfants des quartiers défavorisés !



Malheureusement, les deux derniers jours de la semaine, rien à se mettre sous les yeux, le mistral redouble de violence et les tenues sont en conséquence. Le vent froid incite au port du pull et du jean, ce qui n’empêche que je fais durer notre temps de parole pour qu’elle s’habitue à ce que je discute avec elle. Je la trouve même sympathique durant les semaines qui suivent, malgré ce maudit vent qui m’empêche de voir le corps dénudé de celle qui commence doucement mais sûrement à hanter mes songes.



Mais la patience paie, le beau temps revient et les tenues affriolantes sont de sortie. Cela commence gentiment par une longue robe qui possède un joli décolleté ne cachant rien du haut de sa lingerie. Je profite de l’instant et lorgne souvent vers la poitrine recentrée et tenue par des baleines coquines. C’est vrai que ses seins ne sont pas aussi fermes que ceux de sa fille, mais ils restent cependant très agréables à voir. Comment n’ai-je jamais remarqué tout cela ? Huguette possède une myriade de fringues et je l’ai déjà vue dans ces tenues, alors pourquoi le remarquer seulement maintenant ? Notre engueulade a-t-elle été l’élément déclencheur ? Je le pense, mais est-ce vraiment ça ? Pour l’instant je ne trouve pas de réponse à cet état de fait : je désire ardemment ma belle-mère.


Un autre jour, elle vient en short court et collant noir aux motifs psychédéliques, et un haut très accrocheur, tout au moins pour mon regard inquisiteur. Pour me dire bonjour, ce n’est pas sur mon bras que se pose sa main, celle-ci vient se positionner à la base de mon crâne. Mon cœur bondit dans ma poitrine à ce simple contact. Pourtant, il n’y a rien de différent avec sa manière d’embrasser les gens qu’elle apprécie, comme ses neveux.

Je prends ce geste comme une victoire, Huguette ne me déteste plus, c’est un grand pas de franchi. À partir de ce moment, je suis plus à l’aise avec elle et parfois il m’arrive de la tutoyer comme une bonne copine. Elle ne relève jamais ces petits écarts, au contraire : me voir tout penaud de la tutoyer la fait sourire.


Quelque temps plus tard, en allant chercher Jules, je les trouve en train de jouer dans le jardin. Je m’approche et lui fais la bise, alors que je la lui ai déjà faite le matin. Elle ne dit strictement rien et pose sa main sur ma nuque. J’ose effleurer son flanc gauche de la paume, puis nous discutons de la pluie et du beau temps une dizaine de minutes, avant que je parte. J’apprécie de plus en plus sa compagnie, et ressens une réciprocité. Nous vivons chacun notre vie avec nos époux et épouse respectifs, mais ces petits moments sont devenus un défouloir, un instant de bien-être. Ce sont là les seules fois où l’on se voit, car nos deux couples ne se fréquentent pas trop. Il y a eu pas mal de tensions entre mes beaux-parents et moi, et depuis : terminés les repas dominicaux ! Les relations sont amicales à présent, mais ma femme ne veut pas brusquer les choses et de ce fait nous ne faisons que très rarement des repas familiaux.


Depuis cet épisode nous nous disons bonjour deux fois par jour. Au début, par jeu, Huguette m’a fait la bise une deuxième fois le lendemain lorsque je suis arrivé chez elle. C’est devenu ensuite une agréable habitude. Sentir la peau douce de ses joues contre les miennes est un moment de pur bonheur, toujours accompagné d’une flatterie de la main. La sienne se pose invariablement sur mon biceps ou ma nuque, tandis que pour ma part j’alterne ces lieux avec les flancs et l’avant-bras.

Le beau temps persistant, j’ai droit à toute une panoplie de robes et de jupes, un festival pour les yeux. Il n’y a pas de mouvement érotique ou exhibitionniste de sa part, elle bouge naturellement sans se douter que j’épie ses moindres mouvements. Fatalement, un matin elle comprend mon manège lorsque, accroupie pour jouer avec Jules, elle lève la tête car je n’ai pas répondu à une de ses questions.

Il faut dire que sa position est équivoque, jambes suffisamment écartée comme si elle avait l’intention d’uriner sans toucher ses chaussures à talons. Mon regard est hypnotisé par son entrejambe uniquement couvert d’un filet de dentelles blanches. Je ne vois plus que ça, tous mes autres sens sont aux abonnés absents. Je détaille la forêt de poils châtain foncé protégeant les parties plus intimes.



Je suis de nouveau obnubilé par son intimité, les yeux grands ouverts je fouille sa lingerie à la recherche de détails qui m’auraient échappé au premier contrôle. Elle aurait pu se relever en voyant son petit-fils trottiner vers son garage, ou alors me passer un savon, mais rien de tout ça : elle reste accroupie. De mon côté je ne remarque même pas que Jules ne joue plus avec Huguette, comme je ne vois pas ses yeux verts et brillants se délecter de son exhibition. En appui sur les talons, ses pieds pivotent vers l’extérieur en provoquant un éloignement encore plus poussé de ses jambes. Je vois distinctement le bombé de son sexe ainsi que la ligne de démarcation de ses grandes lèvres, je crois voir une légère humidification poindre lorsqu’elle se relève brusquement et me dit sans sourciller, le visage serein :



Le visage cramoisi, je monte dans mon véhicule en me repassant sans cesse l’exhibition spontanée, et je peux dire sans mentir que tout le sang n’était pas monté dans ma tête. Mille et une questions se bousculent dans ce cerveau qui n’arrive pas à fonctionner correctement. Je ne sais pas ce qui m’arrive, ce qui lui arrive, ce qui nous arrive. Comment cela va-t-il finir ? Suis-je pervers ? L’est-elle ? Comment gérer tout ça ? Veux-je vraiment aller plus loin ? Dois-je continuer ? Pêle-mêle m’arrivent une nuée de pensées dont je ne peux répondre tant les images de belle-maman sont présentes dans mon esprit, comme imprimées sur chaque neurone.

La journée est un enfer, du point de vue du travail. Impossible de me concentrer plus d’une demi-seconde, j’ai l’impression que ce soir, en allant chercher mon fils, il va arriver quelque chose d’irréversible.


C’est le ventre noué que je me retrouve comme tous les jours devant la porte en chêne massif. Je frappe et ne patiente pas longtemps, Huguette m’ouvre elle-même, et pose aussitôt l’index droit sur la bouche.



Elle me fait entrer et, après avoir fermé la porte, m’attrape la nuque pour le baiser de bienvenue. Pas de différence avec la manière habituelle, à la seule différence que ses lèvres viennent toucher mes joues. Fini, le joue contre joue et les baisers qui claquent dans l’air. Elle n’a pas l’air d’être choquée ou d’avoir honte de ce qui s’est passé ce matin et vaque à ses occupations comme si de rien n’était. Je m’assois sagement sur le sofa en cuir, et ce faisant je m’aperçois qu’elle n’est pas habillée de la même manière que le matin, ce qui lui arrive régulièrement, mais là il faut avouer que c’est un peu plus osé que d’habitude !



Quand je suis entré c’est son haut blanc qui m’a sauté au yeux, près de la peau laissant apparaître les formes d’un soutien-gorge à dentelles. Celles-ci sont visibles, car les fines bretelles du top ne cachent pas celles de la lingerie et l’ouverture sur le devant dévoile une partie de la fine étoffe. Le nombril est à l’air, posé sur un ventre plat. Vive les salles de gym ! Les hanches maintiennent une minijupe en tissu écossais à carreaux blancs et verts, et les jambes sont gainées d’une enveloppe vaporeuse translucide, le tout perché sur de jolies et immaculées chaussures à talons. L’ensemble n’est pas vulgaire mais de bon goût, juste un peu light pour la saison. Dans deux mois personne ne s’en offusquera ! Les seules couleurs qui la parent, hormis la blanche, sont le vert de sa jupe et son joli bronzage.

Je suis sous le charme et d’un geste leste, pendant qu’elle s’affaire à la cuisine, je positionne mon outillage pour qu’il soit plus à l’aise en vue d’une probable érection. Rien que d’y penser, mon sexe commence à durcir inexorablement.


Huguette arrive chargée d’un plateau qu’elle s’applique à ne pas faire tomber, et comme je me lève pour l’aider, elle refuse en prétextant qu’elle est bien assez grande pour servir un verre à son invité. J’ai droit à une petite génuflexion lorsqu’elle pose le plateau sur la table basse, et bien entendu, mes yeux suivent les courbes de son corps. Elle se penche en face de moi pour servir, et mon regard plonge tout droit vers son décolleté. Quel dommage que je ne sois pas assis de l’autre côté pour voir son délicieux postérieur !

Je n’ai cependant pas à me plaindre, car ce qui m’est offert est magnifique. Je ne vais quand même pas faire le difficile alors qu’une belle femme exécute devant moi les petites exhibitions dont je suis si friand !

Nous nous sommes trouvés sans rien demander, mais de là à savoir où ça nous mènera… D’un commun et silencieux accord, nous continuons.

C’est lorsqu’elle a fini de servir le cocktail de jus de fruit que nos regards se rencontrent, et ces quelques secondes d’une rare intensité définiront les bases de notre entente.

Je n’en vois pas plus ce soir-là, durant l’heure que nous passons à papoter. Jamais nous n’abordons le sujet, comme pour cacher un honteux secret dont nous ne sommes pourtant que les seuls protagonistes. Cela fait partie de notre accord, de notre jeu intime.


Le soir venu, c’est dur de reprendre une vie normale avec ma femme. Cela serait sûrement plus simple (quoique rien n’est vraiment simple) si je jouais avec une autre personne. Mais là, c’est sa mère, la personne qu’elle apprécie le plus, celle à qui elle accorde toute confiance. Mentir, c’est déjà dur, mais là, je joue à l’équilibriste ! Il faut que je reste distant sur ce que je dis de sa mère, ne pas lui avouer que c’est une personne géniale. Je lui dis qu’elle et moi faisons des efforts, et que ça se passe bien comme ça si tout le monde met de l’eau dans son vin. Je ne vais pas m’étaler sur mes interrogations ni sur celles de Huguette, qui doivent être autrement plus compliquées.



Le lendemain matin, je réveille le petit Jules, l’enroule dans une couverture et le pose délicatement dans son siège auto. Quelle marmotte ! A peine se réveille-t-il qu’il se rendort en chemin. Arrivés à destination, Huguette m’ouvre, mais pas de temps pour les politesses instantanées. Je vais mettre le petit homme dans son lit d’appoint et je reviens dans l’entrée sans faire de bruit, pour les trois bises du matin.



Je pose mon postérieur sur un des canapés et je patiente en feuilletant un magazine quelconque pour me donner une certaine contenance (alors qu’il n’y a personne). Il est vrai que sa robe de chambre était très moche, mais par contre son visage sans maquillage, très charmant. La coiffure en pétard n’était pas des plus chic, mais rien de choquant là-dedans, je l’ai trouvée très jolie à sa sortie du lit.

Les trois minutes se transforment en cinq, puis dix. Je ne m’impatiente pas, je ne m’inquiète même pas pour mon boulot, ils croient que j’ai des soucis, donc autant continuer dans ce mensonge.



Dans l’embrasure de la porte se tient une femme superbement mise en valeur dans une robe fourreau courte et des bottes en cuir. Elle est en contre-jour mais mes yeux s’habituent rapidement pour voir qu’elle est légèrement maquillée, coiffée de frais et que le tissu moule parfaitement sa silhouette. Le tout en noir, évidement, une de ses couleurs de prédilection.

Elle s’approche de la table basse et je la complimente à nouveau :



Et c’est la stricte vérité.



Oups ! je ne m’attendais pas à cela !



Elle sourit :



Je trouve qu’elle passe à la vitesse supérieure et qu’elle accélère encore : après les gestes et les positions, elle pose ses mots, elle commence à parler ouvertement, ce que je suis incapable de faire pour l’instant. Elle comprend ma gêne, s’assoit sur l’autre canapé et parle de tout et de rien. C’est dingue, cette facilité qu’à ma belle-mère à se sortir aisément des situations embarrassantes !


Le charme est rompu par les cris du Jules, qui réclame qu’on le lève. Huguette me remercie chaleureusement d’avoir pris le temps de converser avec elle et de lui avoir donné mon avis. C’est une main sur chaque épaule qu’elle dépose trois bisous tendres sur mes joues en prenant bien le temps de les appuyer légèrement.



Je retourne au boulot faire ma tête de zombie pour pouvoir être tranquille, mon chef me convoque même l’après-midi pour me sermonner sur mon manque d’efficacité. J’essaie d’abréger l’entretien et je promets de faire des efforts. Je me plonge lentement dans mes dossiers et à ce rythme de croisière, je n’aurai plus de remontrance.



Deux jours après l’essayage de la robe, je pars avec ma femme et mon fils pour quinze jours de vacances dans les landes. Nous passons le début mai à faire des balades au bord de l’océan et dans les immenses forêts de pins. J’arrive à me reposer, à profiter de ces vacances, mais je ne peux oublier ma belle-mère donc le corps tout entier hante mes nuits, mes siestes et mes de plus en plus fréquents moments de solitude.





- 2 -



Retour à la maison, vider la voiture, faire tourner les machines, ranger le barda, reprendre ses marques. Pas le temps de se reposer que quelqu’un sonne à la porte. Marine va ouvrir et je comprend à ses cris que ses parents sont là. Le beau-père entre, me dit bonjour sommairement et emmène son petit-fils sur la balançoire. Il fait tout pour m’éviter et mettre de la distance, mais j’en suis heureux car ce n’est pas lui que j’attends impatiemment, même si je ne laisse rien transparaître. Je regarde mère et fille se faire moult compliments, en souriant et surtout en matant la silhouette de mon Huguette.

Elle porte une veste très courte Levi’s, sur un tee-shirt moulant rouge carmin tout aussi court. Le ventre à l’air, et dessous une jupe en jean assortie à la veste et qui tombe sur les genoux. Couvrant ses pieds, de petites mules ouvertes à talons.

Habillée minimaliste la belle-maman ! Je la trouve craquante, mais il me suffit de dévier le regard d’un demi-degré et je tombe sur ma femme, que je trouve très belle aussi. Je vais de l’une à l’autre à me demandant si je ne vais pas devenir dingue. C’est déjà assez compliqué quand elle ne sont pas dans la même pièce, mais là…

Ça y est ! elle m’a vu et s’approche pour m’embrasser chaleureusement. Je n’ose pas poser la main sur elle mais j’accepte avec grand plaisir que ses lèvres me déposent de doux baisers. Elle va dans le jardin jouer avec Jules mais je ne peux pas trop la mater, donc je continue de ranger le reste des bagages dans la maison.



Cette nuit-là, je dors comme une masse et le petit, je n’en parle pas, il rattrape toutes les siestes qu’il a sautées !


Je finis juste de m’habiller quand j’entends frapper doucement à la porte (sonnette proscrite pour ne pas réveiller bébé). Je me précipite pour ouvrir, belle-maman entre, et après avoir refermé, me fait trois bises très chaleureuses. J’ai même forcé le destin pour que nos lèvres s’effleurent aux commissures. Elle ne voulait peut être pas les faire si près, mais j’en ai eu tellement envie sur le moment.

Elle se met à me questionner sur les vacances, alors qu’elle en a parlé plus d’une heure au téléphone avec Marine après son restaurant de la veille. Elle aime parler et, pour poursuivre tranquillement, elle accepte le thé que je lui propose. Elle est assise sur un fauteuil, et je lui sers la boisson en regardant, dans le bâillement de sa robe légère, les deux seins prisonniers d’un carcan pigeonnant.

Magie interrompue par les cris du garnement ! Huguette me demande de pouvoir aller le lever. Comment lui refuser ? Je la suis dans la chambre, je reste sur le pas de la porte tandis qu’elle se penche sur le lit à barreaux pour attraper le fainéant qui s’amuse à ne pas vouloir se lever. Cela tombe bien, madame s’incline en écartant les pieds pour être plus stable et descendre plus bas. Bien entendu, la coquine en rajoute car la robe d’été ne lui couvre plus trop le postérieur. Elle prend son temps à faire des chatouilles à son petit-fils tout en bougeant les fesses. Je suis aux anges, je ne pouvais rêver plus belle arrivée de vacances. Le tanga rouge et noir entièrement en dentelles souligne harmonieusement le fessier musclé et légèrement bombé.



Bien entendu la boisson est encore bouillante. En quatre minutes, il est impossible qu’elle refroidisse, surtout dans ce genre de tasse.



Immédiatement, je m’assois face à mon fils qui m’a gratifié d’un câlin en passant. Ma belle-mère arrive, l’inhalateur à la main, et se penche pour bien l’appliquer sur le bas du visage de l’enfant. Avec la lumière du jour, ses jambes nues sont un régal pour les yeux, elles montent interminablement vers les fesses qui ont mangé le tanga. Mangé, non ! mais disparu, oui ! Mon pantalon est prêt à craquer tant la tension souterraine devient intenable. Elle a les jambes bien serrées, les fesses aussi, ce qui m’interdit toute vision plus fouineuse, mais le spectacle est inimaginable. Mon pénis palpite dans le tissu serré mais je n’ose me toucher de peur d’une catastrophe.



Puis elle ajoute, à l’adresse du petit :



Avant de partir, je tiens à remercier Huguette en la prenant dans mes bras, je profite de ce court instant pour sentir sa poitrine chaude s’écraser sur la mienne, le visage enfoncé au creux de son cou. Elle n’est pas insensible à la caresse, surtout que mon bambou est toujours à la fête et qu’elle ne peut l’ignorer. À regret, elle me repousse sans un mot en détournant la tête pudiquement, tel un enfant prit sur le fait.


– A ce soir, ma chère belle-mère.

– A ce soir, mon cher Francis, répond-elle en partant vers la cuisine.


Je la regarde quelques instants avant de sortir et foncer à vive allure vers l’immeuble où se trouve mon bureau. Je ne coupe pas aux railleries de mes collègues sur le fait d’arriver avec trente minutes de retard au retour de quinze jours de congés. Heureusement, le mois de mai est truffé de jours fériés, et comme beaucoup de sociétés tournent un peu plus au ralenti, je peux me remettre à bosser sans pression. C’est tellement calme que le chef de secteur nous autorise même à sortir une heure trente à l’avance.



Je ne prends pas mal du tout cette plaisanterie, trop content d’aller voir ma tendre exhibitionniste. Je roule vite pour ne pas perdre une seconde mais je fais tout de même un petit arrêt histoire de ne pas arriver les mains vides. Sa voiture est dans la cour : chouette, elle n’est pas allée se promener !

Elle ouvre la porte, surprise mais très contente de ma venue, et me le fait savoir par des bises très câlines sur mes joues empourprées. Lorsque je lui tends les modeste fleurs que j’ai achetées, la nouvelle série est plus équivoque, le dernier étant déposé à moitié sur les lèvres. Cette fois-ci j’ai tourné la tête au bon moment,


– Entre, petit coquin, mais fais doucement. Jules vient de s’endormir.


Elle s’affaire quelque minutes pour mettre les fleurs dans un vase puis elle vient me trouver avec une bouteille de jus de fruits frais et deux verres et me demande ce que je fait ici si tôt. Je lui rétorque sur le même ton que je peux repartir si ma présence la gêne.


– Tu crois ça ?

– Je ne sais pas ce que tu avais prévu.

– Rien de vraiment intéressant, donc je suis heureuse que tu aies pensé à venir me voir.


Encore debout avec les verres à la main, je sens qu’elle ne sait que faire et je suis dans le même état. Lorsque je suis devant Huguette je pers tous mes moyens, je deviens un gamin qui attend, passif, ce qu’il doit faire ou non. Les petites exhibitions spontanées étaient du pur bonheur, tandis que là, je suis venu la voir spécialement, je lui offre un bouquet, j’ai essayé de lui voler un baiser sur la bouche…

Enfermé seul avec elle, je suis perdu, je n’ai qu’une envie : qu’elle prenne les décisions, qu’elle me fasse plaisir en montrant les parties secrètes de son anatomie.

Elle sert les verres sagement, en pliant ses genoux serrés, la robe du matin cachant tout ce qu’il y a à voir. Je reste sur ma faim, elle s’en aperçoit et, avec un petit rictus aux lèvres, belle-maman défait les boutons de sa jupe un à un en se redressant complètement. Lorsque la robe est ouverte sur tout sa hauteur, elle sort de la pièce et revient avec un balai. Je la regarde nettoyer en silence, les pans de tissus volant au rythme des gestes du bâton de bois. Je peux voir qu’elle porte le charmant ensemble de lingerie dont j’ai aperçu le tanga ce matin. Elle se penche au moindre obstacle pour prendre des poses de plus en plus lascives, puis elle lâche l’ustensile de ménage afin de venir s’asseoir juste face à moi sur la table basse, les jambes ouvertes à leur maximum.


– Mon cher Francis, c’est un véritable plaisir que de m’exhiber devant tes yeux, mais je suis frustrée de ne pas voir l’effet que je te procure.

– Il suffisait de le demander, Huguette.


Je me lève pour défaire mon pantalon et je m’aperçois que mon bassin n’est qu’à une quinzaine de centimètres de son visage, ce qui provoque en moi une afflux de sang supplémentaire dans le corps caverneux déjà suralimenté. La ceinture est défaite, les boutons enlevés un à un, je fais glisser l’étoffe sur mes jambes et offre la vue de ma bosse. Celle-ci est terminée par une petite auréole sur le tissu blanc du boxer.

Je me rassois pour me défaire des chaussures, des chaussettes et du pantalon, quand je rencontre Huguette durant la descente. Vive, elle me gratifie d’un baiser volé sur le bout des lèvres, avant de s’éclipser dans la cuisine et de revenir uniquement vêtue du tanga, du soutien-gorge et des mules à talon. Dans l’encoignure de la porte, elle me fait signe de venir, d’un geste de l’index, juste au moment où je finis de retirer ma chemise.



Me laissant sur ma faim, elle termine de presser une orange puis elle prend une banane de bonne taille et l’épluche lentement en me regardant intensément. Mes yeux vont de ses mains à ses yeux en passant par sa bouche entrouverte et sa poitrine dont les tétons durcis tentent une percée sur la dentelle. La coquine met avec grâce le fruit dénudé dans le mixeur et, sûre d’elle, appuie sur le bouton de mise en marche. Certainement troublée par la situation, la centrifugeuse éjecte des morceaux dans tout la cuisine, et bien entendu les personnes présentes se retrouvent sous le feu nourri du liquide et des grumeaux de fruits. Le réflexe, après le premier geste de recul, est de sauter sur l’appareil pour couper l’alimentation. Nos mains se chevauchent sur l’interrupteur et le calme revient enfin dans la cuisine. Je ne veux pas lâcher les doigts poisseux et, après un échange de sourires, nous nous collons l’un contre l’autre pour un baiser passionné.

Inoubliable de tenir dans ses bras et d’embrasser celle que l’on désire depuis de si longues semaines de frustration ! Nos corps sont littéralement collés, par la force de nos bras et par le sucre des fruits écrasés. Les parfums du baiser aussi resteront gravés à jamais dans ma mémoire.

Les larges pointes s’écrasent sur ma poitrine tandis que mon sexe appuie sur son mont de Vénus. Le souffle court, nous continuons de nous enlacer, aucun des deux ne voulant rompre le moment.

Malheureusement, cet instant magique a une fin ! Celle-ci est donnée par le liquide visqueux qui nous recouvre. Avec la température bouillante de nos peaux surchauffées, le sucre a changé de consistance, et ce qui était agréable devient insupportable. Je dis avec un sourire de satisfaction :



Tout sourire, belle-maman me prend la main et me dirige vers la salle de bain. Elle entre dans la cabine de douche pendant que je reste à l’extérieur à la mater au travers de la vitre dépolie. Ce n’est qu’un jeu d’ombres, mais diablement suggestif. L’eau coule sur sa tête et la cabine s’emplit de brume. Belle-maman retire le soutien-gorge, puis le bas, avant de se savonner longuement. Je vois ses mains savonner sa silhouette sportive en prenant soin particulièrement des parties intimes. La seule chose que j’ai pu voir est un triangle plus foncé masquant son pubis, le reste étant trop flou. En outre, je ne suis pas très bien placé. Comment bouger sans salir alors que l’on est recouvert de fruits malaxés ?

L’eau arrête de jaillir au-dessus de la tête de belle-maman, la porte en verre s’ouvre, mais juste assez pour laisser passer un bras qui se saisit d’une serviette et l’emmène.

Lorsqu’elle quitte la douche, le long tissu éponge est noué sur sa poitrine et cache son corps jusqu’aux genoux. Frustré, que je suis !


Eh non, ce n’était pas le jour ! dit-elle en me laissant seul dans la salle de bain.


Je me lave rapidement et me sèche avec la serviette qu’elle m’a gracieusement laissée à portée, puis je finis de m’habiller dans le salon, boxer en moins, bien entendu. Il finit en boule dans une poche de ma veste. Madame revient complètement habillée et assagie, nous papotons de tout et de rien tandis que je l’aide à nettoyer sa bévue. Lorsque le petit Jules se réveille, je l’emmène à la maison.


Le reste de la semaine est plus sage. Juste quelques petites exhibitions sympathiques : la routine, quoi ! Mais celle-là, contrairement à beaucoup d’autres habitudes, je n’ai pas encore réussi à m’en lasser.





- 3 -



Ce samedi, nous arrivons chez les parents de ma femme vers onze heure trente.

Nous avons prévu de boire l’apéritif pendant que Jules prendra son repas, et à l’heure de sa sieste, il prendra place dans la chambre d’ami tandis que nous passerons à table pour pouvoir manger paisiblement.


Huguette a fait des efforts vestimentaire pour ce repas, il fait frais en cette fin du mois de mai et elle a profité de l’occasion pour recouvrir de nylon ses jambes musclées. Des chaussures pointues à talons couvrent ses pieds tandis qu’une jupe courte et bouffante sur le bas entoure ses hanches et à peine la moitié de ses cuisses. En haut, une veste courte de la même teinte que ses escarpins laisse voir par l’ouverture un haut voilé sur le dessus des seins et opaque à partir du milieu de sa poitrine. La pression commence à monter dès la première vision, un cran de plus lorsqu’elle pose ses lèvres maquillée sur mes joues en attrapant ma nuque d’une main et en appuyant sur ma poitrine de l’autre.


Nous ne nous installons pas sur la terrasse, mais dans le petit salon témoin de nos quelques grivoiseries, et Huguette profite de toutes les occasions pour me laisser voir sous sa jupe ou plonger dans son décolleté. Tout est fait naturellement, gracieusement, tout en discutant avec l’un ou l’autre, ce qui fait qu’à aucun moment quelqu’un ne remarque son espiègle manie de s’accroupir dans ma direction.

L’alcool anisé, pourtant bien frais, ne parvient pas à calmer le feu qui brûle dans mon bas-ventre, et je décide d’en prendre un second verre pour voir s’il me fera davantage d’effet. En vain ! Je ne peux détacher mes pensées et mes yeux de belle-maman qui papillonne autour de la table, tandis que Marine et « l’autre » donnent à manger à Jules.


Le repas se passe calmement, je suis assis à côté de mon épouse et face à sa mère, configuration de table ou beau-papa et moi sommes le plus éloigné. À part deux ou trois câlins de nos pieds, rien de notable à signaler. Après le repas, le vieux mâle va faire la sieste et Marine, vautrée dans un des canapés, bouquine une revue féminine tout en regardant une série américaine à la télévision.



La manœuvre de belle-maman a été parfaite, elle connaît sa fille sur le bout des doigts. La voyant ainsi avachie et hypnotisée par la télévision, elle a trouvé rapidement un moyen de se retrouver seule avec moi sans le prétexte du gosse à garder. C’est vrai que Jules n’est pas embêtant, il dort régulièrement en de longues siestes, mais nous sommes d’habitude sur le qui-vive. La peur qu’il ne se réveille au milieu de nos jeux inavouables nous empêche sûrement de poursuivre.



Ce n’est nullement une impression, madame veut être seule et nous la gênons. C’est l’occasion rêvée : nous avons l’autorisation de sortir et en plus il n’y a pas d’heure pour rentrer.

Il est déjà quinze heures trente, je démarre et prends la direction voulue par belle-maman, qui n’a pas dit un mot depuis qu’elle est montée dans le véhicule et reste sagement assise, le sac sur les genoux.



Tout en conduisant le plus prudemment possible, je m’autorise à regarder ses magnifiques cuisses galbées. Quelques centimètres de peau blanche sont visibles au-dessus des bas noirs, et je me réjouis de la surprise qui s’offre à moi. Ce ne sont pas les habituels Dim-Up, les petites attaches caractéristiques me prouvent que belle-maman a troqué la modernité pour un ravissant porte-jarretelles. La sang m’est descendu aussitôt au niveau du pubis, et remplit immédiatement mon sexe qui durcit à son maximum.

L’air de rien Huguette a abaissé le pare-soleil et met une dernière touche à son rouge à lèvres. Les yeux rivés sur le mini miroir, elle me dit d’un ton calme :



Le souvenir de cette journée remonte immédiatement.

C’était au début de ma relation avec sa fille, et aussi la première fois que je voyais ma belle-mère dévêtue, en maillot de bain et paréo. C’était le début de l’été et les femmes avaient décidé d’aller prendre un bain de soleil. Ne voulant pas faire beaucoup de route, elles avaient abandonné l’idée d’aller à la mer et même de pousser jusqu’aux gorges de l’Ardèche. Je les avais donc emmenées dans ce petit coin de la vallée de la Cèze, il n’y avait personne et nous avions passé un moment agréable.

Moi, fou amoureux, je ne regardais que ma future épouse avec son deux pièces minimaliste, tanga échancré et soutif maintenant péniblement ses seins lourds. Je n’avais pas regardé franchement Huguette ce jour-là, mais je me rappelle m’être dit : Bien conservée la belle-doche ! avant de passer à autre chose.


Elle a donc elle a prévu de me ramener sur cette petite plage de galets, perdue au milieu des bosquets. Je gare la voiture au bout du chemin après avoir roulé au pas sur le long chemin défoncé traversant les vignes. Bien entendu, il n’y a personne en cette saison. L’air est beaucoup moins frais que lors de notre départ, il faut dire que la vallée n’est pas dérangée par le Mistral. Celui-ci passe au-dessus des collines et dégage le ciel, ce qui fait que la température est clémente, pas suffisamment pour se baigner, mais pour une exhibition, pas de soucis de chair de poule, les rayons de soleil sont bienfaiteurs.


Huguette marche devant en prenant garde à ne pas se tordre une cheville sur le sentier caillouteux menant à la minuscule clairière au bord de l’eau et exposée plein sud. Sitôt arrivée, elle pose son volumineux sac à main sur le sol. C’est fou la disproportion de cet objet : minuscule pour aller à une soirée et gigantesque pour la vie de tout les jours. Je comprends l’utilité du fourre-tout lorsqu’elle sort un plaid fin, bien plié.



Je m’exécute avec hâte et nous posons le carré de tissu à un endroit où les galets sont les moins grossiers. Elle me remercie poliment avant de commencer à quitter sa veste et me propose de me mettre en tenue pour un bain de soleil. Je me dévêts sans demander mon reste et, lorsque je suis uniquement recouvert de mon boxer blanc, Huguette me demande de l’aide. Il ne lui reste que la lingerie pour recouvrir sa poitrine, alors qu’à partir de sa taille elle n’a rien quitté.



À la manière d’un chevalier servant, je m’agenouille à ses pieds pour desserrer les lanières de cuir et retirer les escarpins tandis qu’elle se maintient en équilibre en s’appuyant sur ma tête. Je suis heureux de lui rendre ce service, surtout que la manœuvre me permet de plonger le regard sur ses cuisses.



Je n’en demandais pas autant ! Comme un enfant à Noël, je défais l’enrobage avec minutie pour reculer l’instant où je verrai ses trésors. La jupe en bas, je me trouve face au postérieur cambré, la dentelle moule à merveille ses formes aguichantes, mais pas le temps de regarder : Huguette me demande de continuer. Je défais les attaches du premier bas avant de le rouler tout le long de sa jambe en une longue caresse. Elle gémit lentement au contact de mes doigts sur ses jambes douces, le traitement est le même pour le second bout d’étoffe soyeuse. Durant tous ce temps, j’ai eu mon regard sur son mont de Vénus. Belle-maman ne pivote plus pour que je dégrafe le porte-jarretelles, je glisse donc mes mains sur ses hanches jusqu’à ce qu’elles se rejoignent dans le dos au niveau de l’attache. Ce faisant, mon nez se trouve quasiment contre la lingerie, je sens ses parfums intimes pendant que mes doigts viennent à bout de la serrure.

Ma maîtresse, il faut bien l’appeler comme ça maintenant, s’accroupit indécemment, laissant échapper des poils de chaque côté de son slip échancré, et m’embrasse fougueusement. Dans les bras l’un de l’autre, nous roulons sur la fine couverture en oubliant les meurtrissures dues aux galets. Lorsque je deviens un peu plus entreprenant, elle me repousse avec douceur et, calmement, me demande de lui passer sur la peau la crème solaire qui est dans son sac.

Tout a été minutieusement préparé, tout est prévu dans ce sac. Je trouve rapidement le flacon, Huguette est déjà allongé sur le dos. Je contemple quelques instants son corps avant de le toucher. Elle est superbe, étendue sous la lumière naturelle.



Elle a cette habitude : comme moi, elle aime dire tout haut les mots désignant notre situation familiale. C’est un fait : l’interdit a quelque chose de très excitant. Entre beau-fils et belle-mère, la sensation parait décuplée.



Voilà : le moment tant attendu est venu ! Avec délicatesse, je défais les deux attaches du soutien-gorge, et sans se lever Huguette m’aide à le retirer complètement. Je fais glisser le tanga sur ses fesses tandis qu’elle soulève légèrement son bassin, et il coulisse ensuite jusqu’à ses pieds avant de finir avec le reste de ses vêtements. Fébrile, je pose mes mains sur ses épaules pour étaler sur la peau soyeuse la crème que j’ai préalablement déposée avec le flacon sur le sillon de sa colonne vertébrale. Je masse amoureusement tout son dos en n’omettant aucune parcelle, et je pousse la minutie jusqu’à passer sur les flancs où j’effleure la naissance des seins. Huguette gémit doucement sous les caresses.

Je descends doucement sur les reins et m’y attarde le temps d’admirer ses fesses relâchées. Elle ne les maintient plus serrées, l’effet de mes paumes produits son effet, elle est totalement réceptive mais je n’ose pas encore toucher les globes. Je passe sur les côtés pour aller masser les jambes jusqu’au bout de ses orteils. Ses tressaillements assortis des sons provenant de sa bouche à demi ouverte m’incitent à remonter et à passer la crème sur son fessier.

L’approche du sillon central a pour effet d’écarter imperceptiblement ses cuisses, la forêt de poils n’a plus aucun secret pour moi. Aux travers j’aperçois même les parties les plus tendres de sa chair : un œil ridé et sombre ainsi que des lèvres gonflées. L’humidité qui règne dans la gorge est tropicale, des perles suintent et viennent s’emprisonner dans les poils frisés. Je tente une approche plus osée, le majeur est prêt à toucher le fond lorsque la voix douce de belle-maman me parle :



La tête tournée de côté et posée sur ses mains croisées, elle attend, yeux clos et bouche ouverte, la suite de évènements. Je suis le seul maître à bord, les mains entourant ses hanches viennent s’immiscer sur la face interne des cuisses pour les écarter significativement. Pendant que j’embrasse sa nuque, je place mes genoux entre ses jambes fuselées. Mon visage descend, descend, descend, son souffle est plus rapide lorsque je me trouve à la lisière de la vallée. Mon caleçon résiste tant bien que mal aux coups de boutoir répétés de mon barreau palpitant, mais il restera prisonnier de la gangue de coton.

Entrons dans le vif du sujet, me dis-je, et c’est ce que je fais en nichant la langue au creux du sillon, que je goûte sur tout sa longueur. Un rapide arrêt sur la rondelle brune puis je m’occupe de ses lèvres juteuses, je m’allonge complètement pour pouvoir accéder à tous les endroits intimes. Le clitoris est plus dur à atteindre mais Huguette soulève son bassin en ramenant ses genoux sous ses cuisses. Ses bras n’ont pas changé de position ce qui fait qu’elle est complètement cambrée et offerte.

J’adore ! Je fais un demi-tour pour me retrouver sur le dos, mes mains attrapent ses fesses et ma bouche vient recueillir son nectar. Je la lèche sans cesser de titiller tous ses sens, la bouche s’occupant de la grotte la plus glissante tandis que les mains élargissent la vallée sombre et qu’un doigt taquin vient agacer l’entrée de la plus sèche. Elle ne tarde pas à jouir, mais sans plus d’effusions. Elle retient ses cris dans un halètement rapide et rauque. Son corps accompagne le mouvement de légers spasmes qui cessent progressivement, ses genoux ne la tiennent plus et son pubis vient s’écraser sur ma bouche. Je recueille le nectar abondant coulant de son intimité repue et je me retire pour la laisser reprendre sa position allongée.

Couché face à elle je quémande un baiser qu’elle me rend avec gourmandise, en collant ma bouche sur la sienne, aidé de sa main qui tire ma tête vers la sienne. Elle n’ouvre les yeux que lorsqu’elle décide de cesser notre câlin. Le regard planté dans le mien elle susurre :



Placé dernière elle, je me penche pour venir m’amuser avec le trou asséché que j’avais un peu trop délaissé tout à l’heure. Ma langue armée de salive a tôt fait de lubrifier et d’assouplir la peau, il accepte dorénavant toutes les caresses, mêmes les plus vicieuses. Le minou n’est pas oublié pour autant : ma main, après avoir flatté le volumineux clitoris, tend deux doigts qui viennent coulisser sans peine dans le conduit bouillant. Le deuxième orgasme est plus puissant que le premier et elle retombe pantelante sur la couverture de fortune. Nous nous enlaçons une nouvelle fois pour un interminable baiser, puis Huguette sonne le départ. Je me détache d’elle avec déchirement et elle réussit a s’asseoir en tailleur en agrafant son soutien-gorge sans que j’aie eu le loisir de voir sa poitrine. Comme je lui en fais la remarque, elle répond :



Effectivement, j’ai éjaculé dans le vêtement quand je me délectais de ses fesses et l’auréole étalée sur le tissus le confirme physiquement. Tandis que je contemple les dégâts, belle-maman poursuit son habillage. Elle ne me demande pas d’aide cette fois-ci, donc je me résous à faire de même. Nous quittons les lieux main dans la main.

Dans la voiture, Huguette me donne un dernier baiser torride avant de décider que c’est fini pour la journée.



Je me dis qu’il faudrait que je me nettoie le visage, sinon Marine verra bien que je sens l’intimité féminine. Un coin du cerveau me rappelle que des lingettes servant pour bébé se trouvent dans la boîte à gants. Non content de me laisser du temps libre, il me sauve la mise ! Il faudra que je le remercie, même s’il ne comprend pas de quoi il s’agit.

Durant le retour, nous échafaudons un petit scénario pour donner le change quant à la brocante que nous n’avons pas vue.

Le soir, nous mangeons de nouveau chez nos hôtes et je ne me lasse pas de sourire, ce qui me vaudra les félicitations de mon épouse quant à ma tenue chez ses parents. Et je ne parle pas de ma gentillesse à accompagner belle-maman à Uzès !

Ce jour-là, j’ai marqué d’innombrables points et dorénavant nous voyons mes beau-parents beaucoup plus régulièrement ; et même « l’autre » commence à me parler gentiment.





- 4 -



Durant le mois suivant, j’ai à trois nouvelles reprises l’occasion de goûter aux charmes intimes de ma douce maîtresse, mais jamais elle ne m’a touché ni montré sa poitrine. Elle a l’art et la manière d’esquiver tous ce que je désire.

C’est pour mieux de faire languir ! est sa réponse la plus usitée. Cela me convient parfaitement, sauf que le temps n’est plus à gainer les jambes, et c’est donc jambes nues que Huguette se balade.

Sa garde-robe a été grandement remaniée, ma femme lui en a fait la remarque plusieurs fois et a mis cela sur le compte de la crise de la cinquantaine (passée d’ailleurs…). Pour ma part, cela me réjouit de savoir les efforts qu’elle déploie pour me surprendre et m’aguicher. Dans le jeu du chat et de la souris, elle joue parfaitement la chatte friponne.


Ce week-end, nous sommes invités dans un grand chalet savoyard pour un rassemblement de cousins, cousines, oncles et tantes de ma femme. C’est une tradition annuelle qu’il ne faut rater sous aucun prétexte ! D’habitude, ces journées me semblent longues et ennuyeuses, mais cette année je suis partant (et pour cause).

Nous démarrons le vendredi soir, emmenant bébé et mamie dans notre auto, "l’autre" étant pris par son travail et, surtout, voulant éviter une beuverie qui l’ennuie profondément. Eh oui, le but est, pour les hommes, de picoler tandis que les femmes se retrouvent avec davantage de modération.

Le repas du soir est un peu décousu et se déroule suivant l’heure d’arrivée des convives, chacun s’étant vu désigner sa chambre. Le chalet est grand, mais les chambres sont étudiées pour accueillir des groupes de randonneurs ou de skieurs. Nous atterrissons tous les quatre dans la même pièce. Je monte tant bien que mal le lit pliant pour Jules, tandis que ma femme couchera dans le bas d’un lit gigogne, sa mère de même sur le lit opposé, et moi au-dessus de ma femme. Ambiance colonie de vacances assurée, nous en rigolons franchement et nous nous endormons profondément.


Le lendemain au petit déjeuner, certains ont la tête dans le sac, surtout les plus jeunes qui ont veillé tard en buvant moult alcools. Une voix s’élève pour demander le pain, une deuxième et ainsi de suite, pour s’apercevoir finalement que tout le monde a oublié cet ingrédient essentiel. Nous sommes à trente kilomètres du premier commerce ouvert et comme personne ne se sent fautif ou concerné, je me propose d’aller en acheter pour le week-end (le reste des vivres ayant par contre été amené à profusion).



Pièce rapportée étant évidemment une plaisanterie familiale à mon égard…

Personne ne s’offusque de la levée de voix, et après deux ou trois chansons (eh oui, même au petit-déjeuner, ils font la fête) nous partons en quête de pain pour une trentaine de bouches. J’ai mis la tenue estivale passe-partout : pantacourt, tee-shirt et chaussures de sport, plus un petit pull car il fait un frais ce matin en altitude. Belle-maman se contente d’une robe rehaussée d’un carré d’étoffe chaud jeté sur ses épaules nues. Je suis très content de partager la longue route sinueuse menant à la civilisation, ainsi accompagné.

Dès que le premier virage nous cache, Huguette m’embrasse et il me faut du réflexe pour éviter la sortie de route. Se confondant en excuses, elle essaye de se faire pardonner et, entrant dans son jeu, je feins de l’ignorer. Pour la première fois, je sens une main se promener sur ma cuisse, pas très longtemps d’ailleurs, les ongles manucurés grattant le tissu tendu comme pour trouver le code d’entrée.



Je suis tellement surpris par ce langage si explicite que je ne sais quoi répondre. Surprenante, cette belle-maman adepte du bien parler ! Elle attend et ajoute :



La braguette descendue, je gymnastique un peu sur mon siège pour que mes habits finissent autour de mes genoux. Elle détache sa ceinture de sécurité, plonge tête en avant sur ma queue dressée sans se poser de question et l’engloutit complètement sans un bruit. Je ne suis pas un étalon de cirque, mais mon sexe est de taille respectable et jamais personne ne l’avait ainsi caressé ! La tête de Huguette monte et descend sans hoquet jusqu’à ce que ses lèvres touchent mon pubis. La tension est trop puissante, je ne peux me concentrer et me gare au premier endroit trouvé ! Moins stressé, je peux alors apprécier cette gorge profonde à sa juste valeur. Une main sur sa tête, j’accompagne le mouvement de piston et je masse sa nuque lorsqu’elle s’occupe exclusivement de la tête de la tige avec sa langue agile. J’ai du mal à retenir la montée de l’orgasme, elle marque donc une pause et vient m’embrasser d’abord les lèvres, puis le cou, et remonte à l’oreille.



Le message est parfaitement compris et, de toute manière, je n’ai pas de réponse à donner ! Elle suce de nouveau mon bâton sensible. Une main malaxant doucement mes bourses, elle titille mon gland prêt à exploser, ce qui ne tarde pas. Il ne se sera pas passé plus de cinq minutes entre l’ouverture de la braguette et les geysers de semence s’écrasant au fond de sa gorge. Rien ne sera gâché et lorsqu’elle viendra me gratifier du baiser final, je goûterai à ma propre intimé sans aucun dégoût !

Cette femme est décidément pleine de ressources et de dons cachés.



Pieds sur le tableau de bord, siège renversé, elle promène sa main sur le minou touffu qui est libre de toute lingerie puisqu’elle vient de me donner son string à renifler. Décidément, madame est déchaînée, serait-ce l’air de la montagne qui lui ouvre ainsi l’appétit ? Cette expression est d’habitude utilisée pour la nourriture, mais je peux aisément m’en servir en évoquant le libido de belle-maman !

Elle gémit de tout son être quand, trois doigts dans le vagin pendant que l’autre main s’occupe du bouton de commande, elle est assaillie par un puissant orgasme. Démonstrative, elle pousse de petits cris jusqu’à ce que son corps arrête de tressaillir de plaisir. Elle prend le string de sa main humide, s’essuie et me le rend en disant juste :



Le reste du trajet est détendu, nous prenons même le temps de déjeuner dans un café. La conversation est moins conventionnelle que d’habitude. Nous parlons de nos expériences sexuelles passées, de nos envies, de nos réticences, et bien sûr du plaisir que nous prenons tous les deux uniquement en préliminaires et exhibitions.

Le retour est plus calme, la journée se passe très bien, je suis un peu mieux accepté que l’année précédente dans le club assez fermé des cousins et cousines. Il faut dire que je ne recherche pas non plus l’amitié de tous, certains me saoulent copieusement ! L’important est que ma maîtresse n’est pas bien loin et nos regards croisés en disent long sur ce qui nous relie. C’est dur de ne pouvoir être plus près d’elle, mais il est trop dangereux de s’exposer devant toute la famille réunie.


Une promenade est organisée après l’interminable apéritif et du tout aussi long repas de midi. Assoupi dans un fauteuil, je fais celui qui dort car j’ai ouï que belle-maman restait dans le chalet pour je ne sais quelle raison. Je ne me retrouve pas seul avec elle, mais nous ne sommes qu’une dizaine à ne pas sortir. La grande majorité cuve dans sa chambre la vinasse ingurgitée, et les rares qui restent lisent ou s’occupent comme ils le peuvent. Pour ma part, j’ai choisi de mettre mon lecteur MP3 en marche et de lézarder en plein soleil sur une chaise-longue.

Alors que je m’étais assoupi, une main se pose avec douceur sur mon biceps, et j’entrouvre les yeux pour rencontrer ceux de ma chère Huguette.



Elle s’assoit à côté de moi de manière à ce que mon regard puisse plonger sur ses poils pubiens, et je plonge la main dans la poche gauche de mon pantacourt pour vérifier que je n’ai pas perdu le string. Il faut vraiment que je le cache quelque part, sinon je risque d’avoir des soucis !

On verra ça tout à l’heure…

La coquine avance son bassin pour que ses lèvres s’écartent dangereusement. Le puits noir semble sans fond. Mon caleçon devient très étroit et d’un geste rapide je remet l’outillage en place, ce qui amuse madame qui ne cesse de me taquiner sur le sujet en susurrant des mots plus crus les uns que les autres.

Jamais personne ne se serait douté que la gentille, la polie, l’introvertie Huguette est une coquine trop longtemps frustrée ! Le fait de l’avoir regardée à son insu a réveillé ses instincts primaires et, comme pour rattraper le temps perdu, elle joue la coquine avec son gendre et celui-ci ne s’en plaint jamais.

Son fruit suinte, elle est surexcitée, sa main sur ma cuisse devient précise. Je prends peur du fait de la promiscuité et du nombre de personnes encore présentes dans le chalet. Je repousse donc sa main sans brusquerie.



Lorsque je réponds, je ne sais pas encore où aller, mais je ne veux pas rester comme un imbécile sur le transat sans trouver de solution. Celle-ci arrivera bien au moment opportun !

En faisant le tour de la maison, j’aperçois une porte qui ne m’est pas inconnue : elle donne accès à un grand local où se trouvent la chaudière et les étendages pour le linge. J’ai fait le tour de toutes les pièces en compagnie de deux cousins de Marine, la veille, pour l’état des lieux.

La porte est ouverte, nous entrons, allumons la lumière et immédiatement nous nous embrassons. Huguette s’offre fesses cambrées, les mains appuyées sur un immense lave-linge. Je me jette à genoux, non pas pour prier, mais pour enfoncer mon visage entre les globes largement ouverts. Impossible de me lasser de son odeur intime, je la bois littéralement ! Elle apprécie le travail de ma langue, comme en témoignent ses gémissements, qui redoublent d’intensité lorsque mes mains entrent en action. Les doigts fouineurs ne font pas de jaloux, ils coulissent dans les deux orifices. Pénétrée de toute part, Huguette ne retient pas ses gémissements. J’aimerais bien immiscer mon pénis pour qu’il profite lui aussi de la fête mais je n’en ai pas encore eu l’autorisation. Je sais que c’est elle qui me donnera le feu vert lorsqu’elle l’aura décidé.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui, elle se contente largement des doigts qui la fouillent sans ménagement. Elle jouit rapidement dans un concert de sons et n’attend pas la fin des frissons qui la parcourent pour s’accroupir indécemment et venir m’embrasser, puis de me forcer à me lever.

Forcer est un bien grand mot car je n’oppose pas la moindre résistance lorsqu’elle descend mes habits sur mes chevilles. Lorsqu’elle enfourne mon sexe dans sa bouche en me regardant droit dans les yeux, je sais que je ne résisterai pas longtemps aux caresses. Le regard luisant et avide, belle-maman gobe la tige de chair sans discontinuer jusqu’au moment final où j’expulse au fond de sa bouche la semence contenue difficilement jusque là. Elle ne s’arrête de lécher ma virilité que lorsque celle-ci a repris sa taille de repos.




Comme prévu, la soirée suivante et le dimanche sont calmes du point de vue des coquineries. Le départ se fait en début de soirée et je conduis tout mon petit monde vers la maison. Heureusement que belle-maman me fait un peu la conversation dans la voiture, car la passagère de droite dort, et mon fils aussi.

Il est vingt-trois heures lors de la première pause pipi sur une aire d’autoroute. Marine se réveille, va au petit coin avec sa mère pendant que je gare la voiture et je peux aller enfin me soulager lorsqu’elles reviennent. Une surprise m’attend : elles ont échangé leurs places, et Marine men explique la raison. Comme elle n’a pratiquement pas dormi du week-end, elle compte être bien reposée pour sa semaine de travail. Je fais donc une croix sur le chauffeur qui devait me relayer, mais je gagne au change, puisque Huguette est assise plus près de moi.

Il reste presque trois heures de trajet, que nous passons en bavardages jusqu’à la nouvelle envie d’uriner de la mamie. Nous sommes presque arrivés, je lui demandes de se retenir quelques minutes, mais elle insiste pour que je stoppe sur le bas-coté. J’obéis et je bifurque dans un chemin de terre sur la droite de la route, roules quelques dizaines de mètres et arrête le véhicule. Elle sort sans un mot après avoir vérifié que sa fille dort profondément et se positionne face aux phares. Culotte baissée aux chevilles, robe remontée à la taille, Huguette s’accroupit et urine dans ma direction. Je suis abasourdi par tant d’audace ! Je commence à découvrir l’étendue des fantasmes inassouvis de belle-maman et j’espère sincèrement qu’elle me surprendra souvent dans l’avenir. Malgré ses dires elle a décidé de m’offrir une dernière vision avant de nous séparer ! Un petit coup de mouchoir en papier pour terminer et elle se rhabille prestement.



Durant les mois qui suivent, nous nous donnons régulièrement du plaisir de cette manière. Parfois elle seulement, parfois moi, et de temps à autre quelques positions nous permettant de nous rendre la politesse.


Ce n’est qu’au début du mois de septembre que j’ai l’occasion de voir sa poitrine libérée du carcan de la lingerie.

Un dimanche après-midi, alors que Marine est de garde chez la mère d’un copain de Jules pour une fête d’anniversaire, je me retrouve seul seul et j’en profite pour rendre visite à Huguette.

Le soixante-neuf sur le canapé du salon est divin, et le cadeau de sa poitrine m’enchante. Bien qu’ils ne soient certainement plus aussi fermes qu’à l’époque de leurs vingt ans, la pesanteur ayant eu raison de certains muscles, les seins de Huguette sont tout de même très appétissants et je le lui prouve en les noyant de caresses. Quel plaisir de sentir les tétons érigés et grumeleux sous la langue, de pouvoir les sucer, les embrasser !

Après plus de cinq mois de relations, je vois enfin ma belle-mère entièrement nue. À partir de ce moment, elle n’aura plus honte de montrer cette partie de sa gracieuse anatomie. Elle ira même jusqu’à ne pas porter de soutien-gorge pour me permettre de reluquer ses mamelles que j’apprécie tant. Ce n’est pas parce que nos relations sont devenues plus charnelles que l’exhibition a cessé, bien au contraire. C’est du bonheur que de savoir qu’à un moment je verrai des bouts de peau normalement cachés, ou alors qu’elle se masturbera dans un lieu incongru, voire qu’elle urinera devant mes yeux !


Marine s’est aperçue de ma bonne entente avec ses parents et cela la réjouit de passer de nouveau du temps avec sa famille. Une fille unique a toujours besoin de revenir plus souvent au domicile de ses chers parents. C’est donc tout naturellement que je me rends chez Huguette en dehors des occasions où je vais rechercher Jules. Nous n’abusons pas mais je vais parfois bricoler chez elle pour pouvoir bénéficier de l’intimité recherchée.

Tout se passe donc pour le mieux, tout le monde y trouve son compte et notre secret est jalousement gardé.





- 5 -



L’automne s’installe, les températures baissent. Fini les robes et jupes légères ! Belle-maman fête le retour des boas à l’occasion d’une invitation de Marine à dîner à la maison. Huguette est vêtue d’un tailleur pour cette soirée, rien de sexy mais très bien porté. De couleur claire, il tranche avec le doré de sa peau qui garde encore la pigmentation de l’été. La veste est fermée, mais par l’encolure on devine un chemisier transparent en voile et dentelles. Ses pieds sont couverts de chaussures à talons aiguilles - une première ! - assorties à l’ensemble.



Je n’aurais pas dit mieux ! C’est vrai que la tenue lui va à ravir.

Je sers les boissons sur la table basse et je ne peux m’empêcher de remarquer un minuscule bout de cuisse nue par la petite fente située à gauche de la jupe pendant qu’elle garde ses jambes croisées. Le haut du bas m’indique que celui-ci ne peut se maintenir seul de la sorte, belle-maman porte donc un porte-jarretelles, et mon bambou se gonfle à cette furtive vision.


Après le repas, nous discutons jusque tard dans la soirée, assis sur les fauteuils et canapé du salon autour d’un digestif : Manzana bien fraîche pour les dames et Armagnac pour beau-papa et moi. Il ne boira qu’une gorgée avant de s’adosser sur le fauteuil et commencer sa nuit en ronflant légèrement.

Je regarde un vieux film américain sur le poste de télévision, tandis que les femmes devisent comme si elles ne s’étaient pas vues depuis dix ans. J’ai toujours un œil vers ma maîtresse qui, régulièrement, change ses jambes de place pour me faire profiter de sa lingerie. Cela me fait penser au string que je garde religieusement dans mon bureau au milieu des boitiers de logiciels informatiques.

Lorsqu’elles ont épuisé leur stock de sujets, les beau-parents quittent la maison et je reçois les trois bises habituelles, mais accompagnées d’un chuchotement : Entre dans mon jeu !



Toutes les bonnes et mauvaises raisons de ne pas sortir y passent. Dans son dialogue de feinte persuasion, ma belle-mère finit par dire :



Le nouveau plan a fonctionné comme elle le désirait ! Je n’y croyais pas trop, pourtant je connais son pouvoir à comprendre sa fille et à lui faire dire ce qu’elle a envie. La longue conversation de se soir n’était pas anodine, tout était calculé. Je ne sais pas comment Huguette trouve les ressources pour embobiner sa fille et je me garderai bien de lui demander son secret, je mens trop souvent à ma femme pour les mêmes raisons.



Dimanche matin, huit heures dix, je suis en retard suite aux nombreuses recommandations de Marine pour que je ne froisse pas sa mère durant la journée. Huguette, qui patiente devant la maison, vêtue du même manteau que la veille, reprend son sourire quand ma voiture se gare. J’ai droit à quelques taquineries au sujet du retard.

Comme elle est frigorifiée, je mets le chauffage à fond jusqu’à ce que la température lui convienne et qu’elle me somme de stopper la voiture pour qu’elle puisse retirer son long pardessus sans se contorsionner. Debout devant la portière ouverte, elle dévoile sa tenue, qui n’est pas particulièrement adaptée se promener dans les allées d’une foire. Des bottes à haut talons s’arrêtent sous les genoux, ceux-ci sont recouverts de soie fine et le haut des cuisses est à peine recouvert par la robe noire épousant ses formes. Des bretelles maintiennent le tissu sur son corps svelte. Je comprends pourquoi l’attente l’a transi de froid, et je la félicite pour sa tenue pendant qu’elle s’assoit, dévoilant ses bas auto-fixants.

Je démarre, une main sur sa cuisse pendant qu’elle m’embrasse le cou en me racontant une multitudes de banalités. Son monologue est entrecoupé d’intermèdes plus graveleux concernant ma virilité, son sexe, sa poitrine, ce qu’elle aimerait faire et qu’on lui fasse subir.

C’est avec une érection du tonnerre que je fonce sur l’autoroute.



Je défais sans problème mon pantalon et le tire, accompagné du caleçon, sur mes genoux. Je n’ai pas le temps de m’asseoir que mon vit est entouré de ses lèvres fines. Malgré son envie, elle suce le sucre d’orge avec délicatesse, elle ne veut pas que je perde le contrôle du monospace et que j’aille nous écraser sur le rail de sécurité.

Au péage, elle ne relève même pas la tête, pourtant je l’ai avertie que j’étais obligé de passer par une caisse avec personnel, celles en paiement par carte bleue étant indisponibles pour cause de travaux.

Je me rappellerai toujours les yeux écarquillé de la jeune femme regardant la tête s’activer entre mes jambes !



C’est vrai que j’ai pris un immense pied à me retrouver dans cette situation, du fait de l’interdit, mais aussi parce que nous étions protégés. Je n’ai pas trop de temps à consacrer à mes pensées car elle reprend ses lentes succions et les jeux taquins de la pointe de sa langue. Ce n’est pas évident de rester concentré, surtout au moment de l’explosion. Je nappe le fond de sa gorge du liquide visqueux donc elle aime se délecter, moins pour le goût que pour la preuve de soumission que cela représente. Elle aime être sous la coupe d’un homme, mais uniquement quand cela lui convient.


Je suis plus détendu lorsque je me gare non loin du centre du village de pêcheurs. Par contre, ma compagne est surexcitée, mais elle fait néanmoins bonne figure lorsque nous marchons dans les petites rues pour nous trouver devant l’immeuble ancien. Ce n’est que lorsque nous pénétrons dans les lieux qu’elle devient chienne. Complètement nymphomane, elle s’agenouille sur le clic-clac face au mur et me demande de lui « bouffer le cul » !

Je ne me formalise plus de ses écarts de langage et fonce tête baissée sur le postérieur offert. Je relève le peu de tissu qui recouvre sa raie et je la lèche sur toute sa longueur. Cela tombe bien, elle ne porte rien dessous, je m’en doutais lorsque j’ai remarqué que ce sont les balconnets de la robe qui maintiennent sa poitrine et non un quelconque soutien-gorge. Je lape profondément son anus avant de terminer sur le clitoris. Il est de belle taille, c’est un régal à sucer et mordiller, je ne m’en prive pas ce jour !

Ça y est ! Elle relâche toutes les tensions accumulées durant le trajet et l’orgasme l’assaillit brutalement, avant qu’elle se laisse tomber toute molle sur le matelas du lit d’appoint.

Nous terminons ces prémices par un baiser, puis nous ouvrons l’appartement pour faire entrer la lumière du jour. Un petit café nous accompagne sur la terrasse pendant que nous regardons les toitures du vieux village et la mer, au loin. Sans un mot, nos regards observent calmement l’horizon avant que nos corps surchauffés ne reprennent des activité plus ludiques. Il n’est que neuf heure et demie, et nous avons toute la journée pour tous les deux. Une main vient tâter l’état de mon entrecuisse et se désole de cet état léthargique :



Ses doigts ont tôt fait de me débarrasser des vêtements encombrants, et la bouche accueille, bienveillante, mon sexe au repos. Quelques secondes plus tard celui-ci emplit l’espace et la succion proprement dite commence lentement. Je suis au fond de la gorge, je dois toucher la glotte et Huguette reste un moment à me regarder, tenant la position sans défaillir. Je pose ma tasse sur la rambarde quand son visage remonte sur le mien pour m’embrasser. Enlacés, nous nous frottons l’un contre l’autre. Plus petite mais aidée de ses talons, elle arrive à jouer sexe contre sexe. Une jambe souple vient enserrer ma taille et, le ventre de ma partenaire se collant contre le mien, mon gland se trouve à l’entrée de son antre. Quelques secondes de flottement avant l’acte et mille questions se bousculent dans ma tête. Elle me devance :



Ses yeux sont emplis de sincérité. Elle s’accroche à mon cou pour m’embrasser et ramène sa deuxième jambe, tandis que je la maintiens fermement par les fesses. Nous restons sur la terrasse un moment dans cette position, puis je la porte jusqu’à l’appartement tout en la faisant monter et descendre sur ma hampe. J’aimerais continuer à lui faire l’amour de cette manière, mais mes bras ne sont pas aussi puissants que je le désire, malgré son faible poids. Je dépose donc son délicieux postérieur sur le bord de la grande table trônant au milieu de la cuisine. Ainsi, nous pouvons rester unis sans changer de position, et mes reins ont plus d’amplitude pour se mouvoir. Mon bâton apprécie la douceur du fourreau dans lequel il se noie jusqu’au pubis. Largement lubrifié, il n’a aucun mal à fouiner les moindre recoins. Belle maman ne souffre pas de sécheresse intime et, d’après ses dires, cela devient de plus en plus abondant depuis quelques années.

Lorsque je suis a limite de la jouissance, elle me demande tendrement de venir en elle, ce que je fais dans la seconde au plus profond du vertigineux puits. Sans nous décoller, je la transporte dans une des chambres pour que nous puissions nous câliner et nous endormir quelque temps.


Deux heures et demie plus tard, nous émergeons de notre torpeur érotique. Il est largement l’heure de nous restaurer, mais c’est le cadet de nos soucis. En même temps que nos cerveaux se reconnectent, nos envies se font de nouveau pressantes. Je lui fais quitter sa robe, elle arrache ma chemise, et nos bouches entrent en action pour une distribution de baisers. Je vais irrémédiablement vers son sexe reposé pour lécher les restes de nos ébats et elle fait de même sur ma verge qui n’est pas restée au repos.

Cela peut paraître peu ragoûtant, mais nous apprécions mutuellement cette toilette. Certains n’aiment pas leur propre goût intime, mais ce n’est pas notre cas. Cela n’a jamais été une demande de l’un ou de l’autre, nous n’avions jamais pratiqué ce genre de choses avant, c’est arrivé naturellement durant la longue période pendant laquelle nous avons appris à nous connaître.

Nous ne recommençons pas notre coït, nous laissons nos langues s’occuper de nous faire jouir une nouvelle fois avant de partir manger un bout.


L’appartement refermé, nous prenons la voiture en direction de Montpellier pour nous installer dans un de ces nouveaux restaurants situés face au grand jet d’eau jaillissant du Lez. La tenue de ma compagne ne passe pas inaperçue des clients et serveurs, et nous choisissons une table reculée pour ne pas que Huguette se sente épiée.



Repas terminé, nous filons faire un tour rapide à la foire pour ne pas avoir à être coincés par des questions trop précises. Nous prenons quelques brochures au hasard et, bien entendu, je me sers de toutes les documentations sur les piscines que je peux trouver. Huguette garde son manteau bien fermé durant la petite heure que nous passons à traverser les halls d’exposition. Elle achète quelques bijoux fantaisie pour ne pas revenir les mains vides et nous prenons le chemin du retour.

Tout s’est parfaitement passé et j’arrive à la maison pour l’heure du repas.





- 6 -



Jusqu’aux vacances de Noël, nous faisons l’amour à plusieurs reprises, mais malheureusement sans jamais être aussi tranquilles que la première fois. Ce qui est par contre génial avec elle, c’est que nous ne nous en lassons pas, c’est toujours un plaisir de nous rencontrer.

Beaucoup de gens s’aperçoivent de notre connivence et Huguette raconte à qui veut l’entendre que je suis le fils qu’elle aurait aimé avoir si elle avait eu un garçon. Tout le monde est heureux que nos discordes passées soient oubliées et personne ne se doute de notre double vie. Il faut dire que nous avons développé un don de dissimulation de nos émotions assez impressionnant !

Les vacances de fin d’année sont déjà là et, contrairement à mon épouse, je suis en congé. Jules est gardé par son papy qui, pour une fois, a également pris des congés. Je peux faire ce que bon me semble, et bien entendu belle-maman me rejoint parfois pour de petites escapades.

La plus significatives a lieu entre les deux réveillons. Je suis invité chez eux pour un repas de midi. Il se déroule sans accroc, Huguette est toute sage et aucune petite incartade érotique ne vient ponctuer ses allers et retours en cuisine.

C’est durant la sieste du plus jeune et du plus vieux que les choses dérapent.

Pendant que nous débarrassons les restes du repas, elle me dit explicitement avec des mots crus bien choisis qu’elle apprécierait fortement que je la fasse jouir. Je lui rétorque en plaisantant qu’elle n’a qu’à se mettre en position et que j’arriverai aussitôt ! Ni une, ni deux, elle se met nue et à quatre pattes dans la cuisine.



Je me précipite bouche en avant pour goûter le nouveau dessert, mais elle se retourne et me regarde dans les yeux :



Elle veut jouer, elle va être servie. C’est sans douceur que je la remets en position et que j’enfonce mon sexe au plus profond de son ventre en appuyant sur ses reins pour en accentuer la cambrure. Je la pistonne sans ménagement et elle a l’air de bien apprécier le traitement. Un pouce enfoncé dans son anus la fait gémir plus fort, elle ondule de plus en plus du bassin pour venir s’écraser sur mon ventre.

La situation révèle une autre facette de nos envies : le coït brutal.

J’écarte ses fesses pour faire ressortir sa rondelle brune et ce sont les deux pouces qui coulissent à présent à l’intérieur de celle-ci. Les râles de Huguette proviennent du plus profond de son être, elle redemande sans cesse que je l’écarte, que je la pénètre. Elle est exaucée quand mon gland se positionne sur son entrée jusque là interdite. Je n’écoute pas ses suppliques de petite fille me demandant de faire attention en la pénétrant, je suis à fond dans mon rôle de mauvais garçon et j’enfonce le tube dans le boyau étroit en la tenant fermement par les hanches.

Elle n’émet pas un seul son durant cette pénétration contre-nature, facilitée il est vrai par ses abondantes sécrétions vaginales. C’est lorsque je démarre les allers et retours qu’elle se remet à geindre de plus belle. Nous oublions où nous sommes, qui dort dans les chambres, et c’est bestialement que nous nous accouplons. Je triture son clitoris d’une main pendant que je la sodomise et elle arrive à synchroniser son orgasme lorsque je gicle dans le long tunnel. Je ne m’attarde pas à la câliner, je me rhabille en lui disant :



Penchée sur la table de la cuisine, elle laisse un mot à son mari. Son postérieur me nargue en se tortillant indécemment, les poils de sa toison ont perdu de leur superbe, ils sont poisseux collés et emmêlés. Mais à la voir dans cet état, je suis de nouveau excité. Nous sommes vraiment faits pour nous entendre !




Notre double vie se déroule depuis sans aucun incident. Pourvu que cela dure… longtemps…










Copyright © 2008
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Erotisme torride

Tendre Amour

Bon Scénario

Belle Ecriture

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n° 12519Gufti Shank01/05/08
Girl Creator
critères:  nonéro humour -humour -revebebe
18078 caractères      
Auteur : Gufti Shank

Vendredi 16, 23h09 :


Ça y est ! J’ai enfin gagné ! Le concours de Revebebe, le deux cent soixante-treizième… J’ai envoyé un texte à la fois poignant et excitant, haletant et spirituel, drôle et engagé. Le jury n’est pas resté indifférent et m’a décerné le premier prix. Il faut dire que nous n’étions que deux candidats. Mais quand même…


Et à la clé, devinez ce qu’ils m’ont offert ? La dernière version du tout nouveau logiciel "Girl Creator" ! Vous vous rendez compte ? Ce programme coûte un pactole ! Et c’est même pas un shareware, qu’il y avait à gagner, c’est le vrai, avec clés de sécurité et compagnie. Je suis trop content. Je devrais normalement le recevoir par la poste un de ces jours. Ça va me laisser tout juste le temps d’aller m’acheter un nouvel ordinateur, parce qu’avec un logiciel comme celui-là, je peux laisser tomber mon vieux 16,8 téraoctets…




Samedi 17, 19h30 :


J’ai fait le tour des magasins et j’ai réussi à trouver un ordi pas trop cher qui devrait assumer un moment. Un 92 téra, avec trois pluri-processeurs co-divergents en parallèle et une carte multi-optique antistationnaire intégrée. C’est pas encore la pointe, mais c’est pas mal. Je suis content. Et puis ça m’a coûté à peine plus de douze millions de crédits. Je crois que j’ai fait une affaire.


Par contre, il me fallait aussi un PPD, un projecteur de particules dynamiques, sinon, impossible d’utiliser "Girl Creator". Et ça, c’est dur à trouver, et ça vaut une véritable petite fortune. Mais ça y est, j’en ai un. Un petit, pas très performant, mais ça suffira. Et puis à trente-deux millions un appareil d’entrée de gamme, je vous jure qu’on fait attention. Enfin, tant pis, je mangerai pas de viande pendant une semaine et ça devrait aller.




Dimanche 18, 14h45 :


J’ai réussi à installer le PPD sur mon nouvel ordinateur et j’ai commencé à regarder un peu comment l’utiliser. Ça a quand même l’air d’être une vraie galère. Y a bien un logiciel qu’est filé avec, mais à mon avis, seuls les gars qui l’ont fabriqué sont en mesure de le faire marcher. J’espère que "Girl Creator" aura un patch intégré.




Lundi 19, 11h51 :


Je viens de recevoir un mail : un colis est arrivé, ce matin, pour moi, à l’Agence Postale Centrale Départementale ; y va encore falloir leur larguer deux cent mille crédits pour frais de stockage, ça fait chier…


En plus, je sais pas quand c’est que je pourrai aller le chercher. D’autant qu’il va falloir que j’y aille en vélo… Avec ce que je viens de débourser pour le PPD, j’ai absolument pas les moyens d’acheter de l’essence. Bah, on verra… Mais c’est vrai que je suis hyper pressé de l’essayer, ce fameux "Girl Creator".




Mardi 20, 15h16 :


Mon copain Forrest m’a proposé de passer le prendre pour moi à l’A.P.C.D., demain. Je ne sais pas trop comment il compte s’y rendre, parce que ça m’étonnerait fort qu’un pauvre malheureux comme lui ait assez de thunes pour se payer de l’essence. Mais bon, c’est sympa de sa part. Il m’a promis que j’aurais mon colis demain soir. Je lui ai filé trois cent mille, deux cents pour les frais et cent de rallonge pour le service.




Mercredi 21, 16h29 :


Forrest sort à l’instant de la maison. Il est arrivé avec mon colis. Il était tout en sueur, je sais pas trop ce qu’il avait foutu… Je lui ai demandé comment je pouvais encore le remercier, mais il a juste voulu boire un coup. Enfin il a quand même englouti trois énormes verres d’eau ; il faudra sans doute que je me rationne un peu ce soir…




Mercredi 21, 16h57 :


Putain, je suis vert ! Je viens d’ouvrir le colis ; ils se sont gourés ! Ils m’ont envoyé "X-Boy Creator", ces blaireaux ! Je viens d’envoyer un mail, à l’équipe de Revebebe, pour gueuler ! J’attends la réponse…




Mercredi 21, 17h44 :


Je viens d’avoir une réponse de chez Revebebe : non seulement ils disent que c’est pas de leur faute, mais pire encore, ils insinuent que c’est de la mienne. Ils m’assurent ne pas être les expéditeurs du colis ; ils ont simplement transmis mes coordonnées à Edenware, l’éditeur des programmes "Creator", qui s’est ensuite chargé de l’envoi. Ils pensent, chez Revebebe, que l’erreur vient peut-être du fait que je suis déclaré "troisième sexe", et qu’à la maison d’édition ils ont considéré que "X-Boy Creator" me serait plus adapté. Ils m’ont conseillé de traiter directement avec Edenware.




Mercredi 21, 19h37 :


Un commercial de chez Edenware vient de répondre au mail que je leur ai envoyé tout à l’heure : il s’excuse au nom de la boîte et m’assure qu’il n’y a aucun problème pour faire l’échange, d’autant que je n’ai pas ouvert l’emballage. Il me suffit de leur renvoyer "X-Boy Creator" en colis recommandé, et dès qu’ils l’auront reçu, ils m’enverront "Girl Creator".


Putain, ça fait chier ! Il va encore falloir débourser un max à ces salauds de l’A.P.C.D. !




Mercredi 21, 20h28 :


Je viens de rappeler Forrest ; il a d’abord longuement soupiré quand je lui ai parlé d’aller me faire une nouvelle commission à l’A.P.C.D., mais il a finalement accepté quand je lui ai promis cent mille nouveaux crédits. Il m’a dit qu’il passerait demain matin à la première heure.




Jeudi 22, 12h03 :


Forrest vient de revenir de la ville, encore une fois tout en sueur. Je n’ose encore lui parler d’une troisième commission…



Lundi 26, 9h57 :


Je viens de recevoir un message du type de chez Edenware ; il accuse réception de mon colis et envoie en retour de courrier le bon logiciel. Bon, il va falloir que je recontacte Forrest…




Vendredi 30, 15h48 :


Victoire ! Ça y est ! J’ai enfin entre les mains le DVD de "Girl Creator" ! Forrest a consenti à retourner en ville à condition que j’augmente un peu son pourboire. Mais je crois que ça valait le coup ! Allez, je l’essaye…




Vendredi 30, 19h21 :


Ouh, j’ai eu du mal à en sortir ! Pour l’instant, je l’ai simplement installé et ensuite j’ai regardé la démo vidéo. C’est vraiment génial tout ce qu’on peut faire ! C’est la liberté de création absolue ! Par contre, ça a l’air bien chaud, à utiliser… Mais bonne nouvelle, le logiciel m’annonce que mon PPD est parfaitement compatible.


Et c’est trop fort : y a un trailer-PPD intégré en démo ; il dure pas très longtemps, mais on se rend bien compte. Je l’ai lancé et un flot de particules est soudain sorti du PPD pour former devant mes yeux fascinés une sculpturale bombe sexuelle en bikini. Elle m’a fait un clin d’œil puis s’est déhanchée un instant en frôlant ses mains le long de son corps en me regardant. Puis elle m’a dit :



Je suis resté un moment contemplatif, émerveillé, mais voyant qu’elle avait vraiment l’air d’attendre ma réponse, j’ai bredouillé :



J’ai eu juste le temps de répondre « Râââââââhhhh ! » et elle s’est approchée, m’a fait une caresse sur la joue et s’est volatilisée, pour laisser apparaître à sa place un pauvre logo de chez Edenware qui a tournoyé un moment en clignotant avant de disparaître à son tour.


Et c’est énorme ! J’ai vu ses yeux dans les miens ! J’ai senti ses doigts tièdes sur mon visage ! J’ai entendu le son de ses pas quand elle marchait ! Elle dégageait même un doux parfum enivrant ! Ce truc est vraiment dingue, et bien au point ! J’ai relancé deux fois le trailer avant de me décider à passer à autre chose.


Après, je me suis mis un peu au tutorial intégré. Mais c’est hyper long, et puis ils nous prennent vraiment pour des cons ! J’ai suivi le début de la première leçon, où ils nous apprennent les fonctions de base essentielles pour la création d’un visage. Mais c’est bon, j’ai à peu près compris comment faire ; je vais pas me faire chier à me taper tout ce tutorial à la con, je vais m’y mettre directement…




Vendredi 30, 21h04 :


Première tentative et premier flop… J’ai passé une petite heure à faire un visage, mais rien que ça, c’est super chaud. Enfin, j’ai réussi à obtenir quelque chose de pas trop mal. Du moins, ça avait l’air pas trop mal sur l’écran du pc, mais quand j’ai cliqué sur "Particularisation dynamique", le PPD s’est mis en route et a projeté devant moi dans les airs une magnifique tête chauve qui est soudain tombée sur le sol dans un bruit sourd.


Plutôt horrifié de voir cette tête rouler un instant par terre, j’ai cherché comment on faisait pour arrêter le processus, et j’ai mis au moins deux minutes avant de trouver la touche d’interruption. Beurk ! Il faudra que je pense à lui mettre un corps, à la prochaine. Et puis des cheveux, aussi, tant qu’à faire…




Samedi 31, 0h33 :


Bon, c’est un peu mieux, cette fois. Je suis parvenu à dynamiser une belle jeune femme. Euh… enfin, disons, une jeune femme. Ou même une femme… C’est vrai que j’ai passé un peu moins de temps sur son visage, alors bon… Mais cette fois-ci, elle a des cheveux et elle a un corps. D’ailleurs, il est pas si mal, son corps, je suis assez fier de moi.


Elle est là, debout à côté de moi, figée, parfaitement immobile, les yeux dans le vide. J’ai essayé de lui parler, mais elle s’en fout. Il se passe rien. J’ai dû oublier quelque chose.


En fait, j’ai même vraiment dû oublier un paquet de choses, parce que je viens d’essayer de la toucher, là, et y a deux trois trucs qui clochent. Elle est dure comme du béton et froide comme de la ferraille. Même ses cheveux sont ultra-rigides. J’ai fabriqué une statue, en somme.


J’ai appuyé un peu sur ses seins, pour voir, mais elle est tombée. Je l’ai ramassée et l’ai remise debout, mais j’ai finalement interrompu le processus.


Ça a l’air quand même bien compliqué, ce truc-là. J’aurais peut-être dû suivre le tutorial…




Samedi 31, 3h10 :


Mais je ne m’avoue jamais vaincu ! J’avance petit à petit. Bon, cette fois-ci, c’est clair : elle est moche et j’ai oublié de lui faire des seins. Mais je m’en fous parce que, ce que je voulais essayer, c’était de faire autre chose qu’une statue. Et, ma foi, il y a du progrès.


Il y a tout un menu, dans l’onglet "Apparence physique", que j’avais complètement négligé. Là, sa peau est chaude et douce au toucher, comme la mienne. (Parce que je le vaux bien…) Et elle peut bouger. Enfin, non, pas vraiment. Pas toute seule, du moins, pas encore. Mais j’ai essayé de lui bouger son bras, et je suis parvenu à le lui plier. Du coup, j’ai testé plein d’articulations, et ça fonctionne.


Je l’ai même allongée par terre et je lui ai écarté les cuisses, pour voir. Tout à l’air normal, sauf qu’y a pas du tout d’odeur. Je lui ai mis un doigt, pour bien tout vérifier, et ça va. Juste un peu dur à rentrer, mais sinon, c’est impec. Bon, allez, je réessaye…




Samedi 31, 5h41 :


Petit à petit, je vais y arriver… Ma dernière tentative est de loin la meilleure. J’ai bien pris soin de la sauvegarder. Elle est pas trop mal et j’ai réussi à lui faire un corps vraiment superbe. Et, grand progrès : elle respire et cligne de temps en temps des paupières. Je crois que c’est parce que j’ai débloqué un truc appelé "Réflexes métaboliques". C’est un premier pas vers le mouvement.


Bon, par contre, elle réagit toujours pas quand je lui caresse les seins. Ni quand je lui mets un doigt, d’ailleurs. Si, tiens… elle vient de faire un pet.


Oh, trop fort ! Ça sent !


Allez, je suis plus très loin. Je vais aller un peu dormir, et je m’y remettrai demain.


Tiens, si j’essayais de l’empêcher de respirer, pour voir. Attends…


Ah, la vache ! Cette salope m’a mordu ! Va mourir, connasse ! Je te débranche !




Dimanche 32, 9h59 :


J’ai pas dormi beaucoup, j’avais trop envie de réessayer. Aujourd’hui, je me lance dans l’onglet "Mental et intellectuel". Je vais recharger la nana d’hier soir et essayer de lui créer des émotions, une mémoire, un langage, etc.




Dimanche 32, 15h22 :


Pfffouh ! C’est hallucinant ce que c’est compliqué ! Quand je pense qu’hier, je trouvais pas ça évident de faire un visage. Ben franchement, c’est de la rigolade à côté de tout ça. Mais bon, allez, je fais un test. C’est parti !


Bon, à première vue, il se passe rien. Elle est pas plus évoluée qu’hier soir. Ah, si ! Excellent ! Elle vient de passer une main dans ses cheveux ! Elle fait quelques pas et regarde partout autour d’elle ! C’est super ! Ça marche !


Je vais essayer de discuter un peu avec elle…




Dimanche 32, 15h41 :


Bon, ça, par contre, ça marche pas. Je sais pas trop, je pense qu’elle m’entend, mais en tout cas, elle dit rien.




Dimanche 32, 15h50 :


Ce qui est bon signe, toutefois, c’est qu’elle a souri quand je lui ai mis un doigt.




Dimanche 32, 16h15 :


Je lui ai présenté ma bite, mais elle a pas eu bien l’air de savoir quoi en faire. Et puis, c’est marrant, mais j’ai eu comme un scrupule à me la faire, comme ça, sans rien lui demander.




Dimanche 32, 16h47 :


Je viens de me rendre compte qu’il y a un sous-onglet "Psychologie et personnalité". C’est sans doute la clé. Je vais aller manger un peu et je m’y remets ensuite.




Dimanche 32, 18h19 :


J’ai passé presque une heure à lui définir une personnalité. C’est incroyable, y a une quantité phénoménale de variables. J’ai essayé de la rendre plus ou moins équilibrée, en n’exagérant aucun des paramètres.




Dimanche 32, 18h37 :


Pas mal, pas mal… elle comprend ce que je lui dis, et elle répond, même. Bon, parfois, c’est un peu simplet, mais j’ai presque l’impression d’être en face d’une vraie nana.


Ce qu’il lui manque, maintenant, c’est des souvenirs. Mais je ferai ça une autre fois. Je m’en fous, en fait. Je vais simplement lui ajouter le pack "Comportement sexuel" qui va avec cette personnalité et puis on pourra enfin passer aux choses sérieuses.




Dimanche 32, 18h58 :


J’hallucine ! Quelle pouffiasse !!! Tout s’est bien passé jusqu’à ce que je lui propose de me faire une pipe. Et d’un seul coup, elle m’a envoyé chier : « Mais vous me prenez pour qui ! » s’est-elle écriée, avant de me tourner le dos en croisant les bras.


Du coup, je l’ai débranchée ! Salope, va !


En fait, j’aurais peut-être pas dû lui faire une personnalité aussi équilibrée… Je vais essayer de changer deux ou trois paramètres. Tiens, je vais commencer par lui ajouter un peu de passivité…




Dimanche 32, 19h23 :


C’est pas beaucoup mieux… un peu échaudé par mon dernier échec, j’ai d’abord commencé à la draguer un peu. C’est vrai que j’ai peut-être été lourd, mais bon. Tout se passait bien, alors je me suis mis à lui caresser un peu la poitrine. Et cette grognasse m’a soudain répondu qu’elle avait mal au crâne… Il faut que je trouve autre chose.




Dimanche 32, 20h16 :


Bon, j’ai essayé de lui mettre tous ses paramètres de personnalité à zéro, sauf "Satisfaction des pulsions" que j’ai mis au maximum. Mais ça a pas marché, elle est partie direct chercher un truc à bouffer…




Dimanche 32, 20h45 :


J’avais pas vu, mais y a des profils "types" de personnalités qu’on peut lui filer par défaut. Et dire que je me suis fait chier tout ce temps pour rien. Y en a même une intitulée "Pornstar" ! Je crois que celle-ci va me plaire…




Dimanche 32, 21h33 :


Ça a pas trop mal marché. Je lui ai fait croire qu’il y avait des caméras et elle a accepté de me sucer. Et super bien, en plus. Une pipe de rêve ! C’était formidable, mais au bout d’un moment, ça a planté. Mon ordi s’est foutu en veille et la nana a disparu instantanément. J’étais un peu vert ! Je suis resté comme un couillon la queue tendue en l’air. Et puis évidemment, je l’avais pas sauvegardée, celle-là, alors le temps de lui refoutre sa personnalité de pornstar, et de relancer la particularisation dynamique, et j’avais nettement moins la gaule… Enfin, j’en ai profité pour virer la mise en veille.




Dimanche 32, 22h17 :


Là, on a un vrai problème. Je pense que cette fois, c’est un véritable bug. Je l’ai fait réapparaître avec son mental de star du X, je lui ai refait le coup des caméras, elle s’est ragenouillée devant moi, elle s’est remise à me sucer de toutes ses forces, et comme elle avait l’air contente, je lui ai giclé au fond de la bouche… et elle s’est soudain liquéfiée instantanément !


Je vous assure que ça fait bizarre ! J’étais en train de finir d’éjaculer en beuglant et j’ai hurlé de stupeur en même temps en la voyant couler soudain en une grosse flaque rougeâtre qui s’est répandue à mes pieds. Et « floc, floc ! », mes derniers jets de sperme tombaient avec indifférence sur la vaste mare…


Bon, ce qui est beau, c’est que quand j’ai interrompu le processus, la mare s’est volatilisée, et il reste plus par terre que quelques gouttes de sperme. Je vais aller nettoyer…




Lundi 01, 00h14 :


J’ai fait quelques recherches sur internet… ça m’a coûté quelques crédits supplémentaires, mais tant pis. Je crois que j’ai bien fait, j’y ai trouvé deux ou trois choses intéressantes. Plusieurs utilisateurs racontent qu’ils ont déjà rencontré des problèmes similaires au mien : des créations instables. Quelques gars signalent même une intolérance répétée au sperme humain (je sais pas s’ils se sont amusés à faire s’accoupler leurs nanas avec d’autres espèces…), qui semblerait perturber la cohésion particulaire.

Mais apparemment, Edenware a publié un patch correctif à télécharger. Allez, je suis plus à quelques crédits près…




Lundi 01, 03h55 :


Cette putain de merde de patch à la con a mis plus de deux heures à s’installer correctement ! Bon, enfin, pendant ce temps-là, j’ai essayé de nouveaux réglages de personnalité. Parce que bon, les pipes, c’est bien, mais si en plus la nana peut me tenir un peu compagnie sans être trop conne, c’est encore mieux.


En fait, c’est assez beau, je suis parvenu à lui mélanger plusieurs des personnalités proposées par défaut. Alors on va voir… si tout va bien, je devrais avoir créé une fille non seulement physiquement quasi parfaite, mais en plus intelligente, ouverte, exubérante et rieuse tout autant que câline et avide de sexe.




Lundi 01, 4h37 :


N’importe quoi ! Ce logiciel est une sale daube ! Il est même pas protégé contre ses propres interactions !


Pourtant j’ai réussi ! J’ai créé la nana parfaite ! Une splendeur absolue doublée d’un tempérament de feu et d’une personnalité hallucinante ! Et j’ai discuté un peu avec elle ; j’ai voulu qu’elle m’aime pour ce que j’étais ; j’ai voulu l’impressionner un peu avant de la foutre au pieu.


Mais cette connasse, après m’avoir longuement écouté parler, s’est approchée de l’ordi et l’a brutalement débranché ! Disparaissant aussi sec ! Elle a mis fin à ses jours ! N’importe quoi ! Je vais me coucher !




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n° 12688Hidden Side29/06/08
Métamorphose
critères:   nonéro humour sf -sf
13894 caractères
Auteur : Hidden Side      Série : Dans la peau d'un autre - 01

Francis Pichon était dans sa baignoire, ne pensant à rien, bercé par l’écoulement de l’eau chaude qui atteignait à présent le niveau de ses épaules. Quand on se plonge dans un liquide à la température adéquate, le corps ne fait plus la distinction entre le soi et « l’extérieur ». Pichon avait décidé de s’immerger totalement pour ne plus « être », ne plus « ressentir », tentative futile et désespérée pour se fuir lui-même en niant son ancienne personnalité.


Dans les lentes volutes de vapeur qui montaient depuis la surface paisible de l’eau, il se posait la question ultime :



Capable d’aller jusqu’au bout, de se laisser volontairement suffoquer par le fluide tiède dans lequel il baignait - comme un fœtus dans le ventre maternel - une fois que celui-ci aurait atteint, puis dépassé, le niveau de sa bouche, de son nez ?


Il toucha son crâne nu, regrettant le contact des bouclettes blondes qu’il avait appris à apprécier ces derniers mois. Avant tout cela, Pichon était un autre homme, heureux, somme toute, de son sort moyen, de ses petits bonheurs, de sa vie tranquille et sans histoire. Et puis c’était arrivé, comme une malédiction… En tout cas, il l’avait vécu comme ça, au début. Il lui avait fallu accepter ce changement en lui, pour l’apprivoiser, l’intégrer. Et aujourd’hui… voilà que tout lui était arraché.


Il ferma les yeux, laissant monter les souvenirs, tandis qu’autour de lui l’eau tiède et inexorable partait à l’assaut de son cou…


Tout avait débuté l’an dernier, le premier samedi du mois de mars.



oooOOOooo



Samedi trois mars 2007, dix heures cinquante-huit.


Francis Pichon se réveilla avec un sentiment de bien-être presque euphorique, en ce début de week-end. Qu’y a-t-il de plus agréable que d’émerger d’une bonne nuit de sommeil, sans qu’un buzzer sans pitié ne vous tire par la manche pour vous jeter hors de votre lit, grelottant et totalement vulnérable face au lot d’emmerdes déjà toutes prêtes à vous tomber dessus d’une nouvelle journée de travail ?


Cette vision pessimiste de la vie qu’entretenait Pichon, il l’avait héritée de son existence dénuée de reliefs. Pichon était un « sans grade », comptable anonyme travaillant au siège social parisien d’une grande société de distribution alimentaire, tout aussi alimentaire que son job.


Où était passée l’existence dont il avait rêvé étant gosse ? À l’époque, il se voyait chasseur de trésors en Amazonie. Dans ses songes éveillés, c’était à coups de machette rageurs que Francis l’aventurier défrichait sa route, sans craindre les inévitables mauvaises rencontres : jaguars affamés, mygales grosses comme des frisbees, cannibales réducteurs de têtes… Et puis les rêves s’étaient dissipés, la réalité nauséeuse et bétonnée avait remplacé le charivari des toucans multicolores dans les frondaisons équatoriales de son imaginaire intrépide.


Quand devient-on adulte ? Quand on arrête de croire que tout est possible, ouvert et sans limites. Il avait fallu arrêter de musarder pour se mettre aux choses sérieuses : gagner sa croûte. De fil en aiguille, et d’aiguilles en bottes de foin, il en était arrivé à « ça » : traquer les erreurs de centimes, afin que les comptes tombent « juste ». Il était devenu « accordeur de factures », activité bien moins poétique que celle d’accordeur de piano…


Or donc, Francis Pichon se réveilla, anticipant avec volupté les joies de ce week-end encore plein de promesses.


Il l’avait d’ailleurs dignement attaqué, ce congé de fin de semaine, passant sa soirée et une partie de sa nuit à taper le carton. Le déroulement de ses vendredis soirs procédait d’un véritable rituel, organisé autour d’un événement aussi central qu’immuable : le tournoi de poker avec ses collègues de service. Mais attention : que des gens de bonne compagnie, hein, des comptables… La seule fois où ils avaient invité les gars du marketing, ils s’étaient fait plumer (c’est quand même un peu leur métier, le bluff). Il n’y aurait pas de seconde fois.


Hier soir, leur tournoi habituel s’était tenu chez lui et avait été des plus animés : Paulo, débarqué depuis peu dans leur bande de joyeux drilles (enfin, joyeux…), avait tenu à fêter dignement son anniversaire. Ils avaient donc bu sans compter – un comble ! – au point que Pichon ne se rappelait plus clairement la façon dont s’étaient terminées leurs bacchanales. Aussi ne fut-il qu’à moitié surpris quand, en plein milieu d’un bâillement à s’en désarticuler les mâchoires, ses doigts rencontrèrent une épaisse tignasse bouclée, à la place de sa coupe en brosse millimétrique.



Il commença par se marrer, jusqu’à ce qu’il se rende compte que ladite moumoute n’était pas simplement posée, mais carrément « fixée » sur son crâne. Là, c’était moins drôle ! Il tira d’un coup sec, mais ne réussit qu’à s’infliger une vive douleur, arrachant au passage une poignée de cheveux blonds. Bon Dieu, ça fait un mal de chien ! pensa-t-il, en accompagnant cette constatation alarmante d’une bordée de jurons.


Afin de mieux évaluer la situation, il sauta de son lit et se précipita vers la salle de bain - son seul luxe dans ce deux-pièces spartiate. Au moment de se regarder dans la petite glace au-dessus du lavabo, Pichon vécut comme une sorte de dédoublement. Une sorte d’étranger avait inexplicablement pris sa place dans le miroir ! Il pensa tout d’abord qu’il était mal réveillé ; cet air extravagant devait venir de la perruque…



Il porta la main à son visage. Dans le miroir, l’inconnu copia son mouvement à la perfection. Le picotement désagréable qui parcourait sa nuque se transforma soudain en un véritable frisson d’horreur quand ses doigts rencontrèrent des reliefs inconnus, à la place de la rassurante banalité de sa trogne de tous les jours ! Pichon sentit la folie le gagner, tandis que dans son esprit se répétait en boucle une phrase de dénégation survoltée :



Puis ce fut le noir.



oooOOOooo



Quand il reprit connaissance, la première chose que Pichon éprouva fut un élancement brutal au niveau de l’arcade sourcilière gauche. Il porta une main à sa tête endolorie et tâta, en grimaçant de douleur, l’œuf de pigeon venant d’y éclore. Se relevant tant bien que mal, il jeta un coup d’œil inquiet à son front. Dans une symétrie parfaite, le drôle de type dans le miroir se pencha pour lui faire admirer un coquard magnifique…


Brusquement, une pensée tarabiscotée frappa son intellect en déroute : se pouvait-il qu’il soit victime d’une amnésie fulgurante concernant son passé récent, durant lequel il aurait décidé de se faire refaire le portrait ? Pichon rejeta très vite cette hypothèse : cela ne tenait pas. Non pas tant à l’improbabilité d’une telle situation, mais surtout au fait que s’il s’était fait opérer, il n’aurait sûrement pas choisi cette tronche.


C’était presque une blague, ce que reflétait son miroir irréfléchi : sous ce front d’intellectuel, encadré par une masse de cheveux blonds frisottés, prenait naissance un nez assez marqué, sorte de contrepoids ironique à un menton fuyant ; des yeux plissés, aux pattes d’oies rieuses achevaient le tableau… Francis Pichon avait à présent la même tête que cet acteur comique un peu décalé – comment s’appelait-il, déjà ? - Pierre Richard ! Oui, Pierre Richard, dans la version années quatre-vingts, c’était tout à fait ça !


Imaginez que vous entriez à l’hôpital pour une opération de chirurgie esthétique et qu’au moment précis de défaire les bandages, vous aperceviez l’image d’un visage parfaitement invraisemblable ! Le choc que Francis Pichon vivait était encore bien plus grand ; il n’avait jamais mis les pieds de sa vie dans une clinique, et encore moins pour une opération de ce genre…


Pendant presque une minute, Pichon ne put rien faire d’autre que de regarder blanchir la jointure de ses doigts, soudés au rebord faïencé du lavabo aussi fortement que s’il se cramponnait à une arête rocheuse au-dessus d’un gouffre insondable. Du cœur de l’abîme s’élevait une voix tentatrice et insidieuse, l’incitant à lâcher prise sur le réel ; la voix de la folie elle-même. Est-ce qu’il devenait tout simplement dingue ?


Après ces quelques instants à battre la campagne, Pichon releva avec précaution la tête, en espérant que l’hallucination – c’en était forcément une – avait cessé. Peine perdue ! Dans le miroir de son armoire à pharmacie, c’était encore Pierre Richard qui le dévisageait. Cette vision persistait à envahir son espace mental, ne donnant aucun signe d’affaiblissement.


Il se rappelait avoir lu quelque part que ce genre de phénomènes pouvait être le symptôme d’une tumeur au cerveau. Cette pensée le terrifia. Il lui fallait une explication au plus vite, n’importe laquelle ferait l’affaire. Quelqu’un devait lui dire ce qui lui arrivait, sinon il allait péter les plombs pour de bon ! Pichon se rua sur le téléphone, composant d’un doigt tremblant le premier numéro pour les renseignements téléphoniques qui lui vint à l’esprit. Au bout d’une longue attente, la voix douceâtre d’une opératrice lui demanda ce qu’il voulait.



Sa phrase s’interrompit sur un hurlement strident, qui dut certainement percuter de façon fort douloureuse le tympan de la téléopératrice. Sa voix ! Sa voix, elle aussi, avait changé ! C’était une hallucination multisensorielle… Il poursuivit néanmoins, avec l’impression que Pierre Richard himself exécutait une sorte de doublage de la bande-son en simultané :



C’était venu tout seul, comme la réplique comique d’un script appris par cœur. Il entendit bougonner à l’autre bout du fil, et soudain un automate lui dicta le numéro de téléphone des urgences de l’hôpital Sainte-Anne.



oooOOOooo



Après un bref coup de fil à la secrétaire chargée du dispatching des cas désespérés, on lui indiqua que le psychiatre de garde le recevrait, mais seulement s’il pouvait être là dans la demi-heure. Un peu soulagé à la perspective d’être pris en charge par le susdit spécialiste, Francis Pichon enfila son trench-coat et sortit de son deux-pièces du troisième – porte de gauche - en croisant les doigts pour ne croiser personne, justement.


Maldita ! Comme à son habitude, Madame Gonzales, la gardienne de l’immeuble, papotait à la porte de sa loge – avec la discrète voisine du dessus, pour une fois. Il attendit plusieurs minutes sur le palier du second, immobile et silencieux, que la commère épuise sa salive ou bien la patience de la jolie blonde. Peine perdue, ces deux denrées semblaient ne pas devoir faire défaut rapidement ! Décidant de tenter un « discret » passage en force, il releva le col de son manteau, baissa la tête et avala les marches par paquets de quatre, levant bien haut les genoux afin de ne pas s’étaler.


Pichon arrivait à leur hauteur, confiant dans la subtilité de sa manœuvre d’évitement, quand Maria Gonzales l’apostropha :



La concierge avait eu l’étrange idée d’épouser en secondes noces un plombier portugais, tout en hispanisant, de surcroît, son prénom ; Pichon la suspectait d’avoir cherché ainsi à optimiser son employabilité dans le gardiennage d’immeuble, secteur trusté par les Ibères à moustache de plus de cinquante ans.


Il stoppa net à quelques pas des deux femmes et, toujours masqué par le col de son manteau, s’enquit à voix basse de ce que la gardienne lui voulait. Une question lui taraudait l’esprit : qu’allait-elle penser de sa nouvelle voix ? Bizarrement, elle ne sembla rien remarquer.


Au contraire, madame Gonzales poursuivit avec rancœur sa péroraison. Cela donnait approximativement ceci, une fois filtrées les amusantes saillies lexicales et phonétiques de son discours :



Toujours planqué derrière sa parka, Pichon opina humblement du bonnet, signifiant à madame Gonzales qu’il avait ouï correctement ses consignes, consignes qu’il s’appliquerait dorénavant à respecter de son mieux.



Avant que la jolie ingénue ne s’approche de trop près, Francis Pichon coupa court à la conversation, courant ventre à terre et, conséquemment, tête baissée vers la sortie de l’immeuble. Cette manœuvre héroïque occasionna par malheur une collision frontale entre son crâne et le container des poubelles, qui traînait sans raison valable au milieu de la courette, l’envoyant valdinguer les quatre fers en l’air sur le pavé humide. Eglantine vint immédiatement voir s’il n’avait rien, lui prêtant une main secourable.


Pichon, conscient du ridicule de la situation, se releva à une vitesse fulgurante, assurant à sa voisine que « ça allait très bien ». Ce n’était pas tout à fait exact… Il fit cependant son possible pour faire bonne figure, malgré une vive douleur au niveau des cervicales. Puis il s’éclipsa vers la station de métro la plus proche, d’une démarche aussi raide que sa nuque.




[A suivre… ]



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n° 13094Olaf05/01/09
Origami
critères:   hagé ascendant mélo nostalgie portrait
34371 caractères
Auteur : Olaf

En japonais, le mot « origami » désigne aussi bien un papier plié que l’art de plier le papier et de faire naître par ce moyen élémentaire les formes les plus accomplies, et les plus éphémères.




À l’instant où je vois le bout de papier sur la table basse, à côté du fauteuil dans lequel dort mon père, un douloureux souvenir s’impose à moi. Aussi brutal qu’un coup de poignard.


En une fraction de seconde, je suis projetée près de vingt-cinq ans en arrière. Impuissante, je pressens l’inéluctable retour du cortège de non dits et de larmes qui avaient accompagné les événements de l’époque. Et de tout ce que cela avait impliqué de culpabilité. Sourde, consumante, comme peut l’être la culpabilité d’un enfant qui vient de commettre l’irréparable.


À l’instant où je reconnais le bout de papier, je redeviens la fillette qui a trouvé par hasard le porte-monnaie de son père dans un recoin de la maison, heureuse de pouvoir se rapprocher de lui par ce moyen. Je me revois en train de répartir le contenu de ma trouvaille en piles bien ordonnées : d’un côté les cartes en plastique, de l’autre la monnaie, à l’écart ce qui ne me sert à rien, tel ce morceau de papier défraîchi sur lequel mon père a griffonné quelques mots. Une liste de prénoms, ou quelque chose du genre.


Je revois ma mère passer par hasard derrière moi, puis, poussée par je ne sais quelle mystérieuse intuition, déchiffrer par-dessus mon épaule la liste ainsi dévoilée. Je sens aujourd’hui encore le raidissement de son corps, qui me fit inconsciemment réaliser la gravité de la situation.


À l’instant où je reconnais le bout de papier, je ne peux m’empêcher de tendre à nouveau la main vers elle, dans un vain espoir de lui offrir une caresse consolante, d’obtenir son pardon. Mais aujourd’hui comme hier, j’en suis incapable. Et je souffre à nouveau de la voir s’éloigner sans mot dire, les épaules basses, la démarche incertaine. Je me revois désemparée, devant quelque chose de trop grand pour moi. Ses larmes me dévastent une seconde fois.


Et pourtant, je ne l’avais même pas abîmé ce bout de papier. Que pouvait-il contenir de si dramatique ? Qu’est-ce qui pouvait justifier une telle tristesse chez ma mère, une telle gêne chez mon père, puis la mésentente croissante qui s’installa entre eux ? Je n’ai jamais osé le demander. Seul le temps a apaisé les choses. J’ai peu à peu enfoui ce mauvais souvenir tout au fond de ma mémoire. Ils se sont efforcés de vivre comme si de rien n’était. Sans toutefois m’empêcher de percevoir que quelque chose avait irrémédiablement changé entre eux.


J’étais nettement plus âgée le jour où ils m’ont annoncé leur prochaine séparation. Je pouvais comprendre. C’est souvent ce qu’on dit à ce moment. Peut-être ferait-on mieux de se taire à ce moment. Je savais bien que tout était de ma faute. J’ai souffert à en perdre le sommeil, à ne plus arriver à me confier à ma mère, à ne plus être rassurée par la présence de mon père. Je n’en ai pas cessé de les aimer pour autant. Mais au fond de moi, une lumière s’était éteinte.


Ils se sont efforcés de garder de bons contacts entre eux, de conserver un semblant d’unité familiale, pour que cette déchirure ne me détruise pas. Ils y sont assez bien arrivés. Jusqu’à ce que je puisse me débrouiller seule dans la vie et que je parte, en portant le poids de leur mésentente sur mes épaules. Sur les épaules de l’enfant que je ne suis pas arrivée à laisser derrière moi au moment de refermer la porte de la maison où j’étais née.



oooOOOooo



Ce satané bout de papier ne m’était plus revenu à l’esprit jusqu’à aujourd’hui. Je ne savais même pas que mon père l’avait gardé après la débâcle qui avait suivi sa découverte. Je me demande ce qui a pu le pousser à le ressortir aujourd’hui. Depuis que la maladie lui fait perdre son autonomie, il passe plus de temps devant sa télévision qu’à mettre de l’ordre dans ses affaires. Il savait pourtant que j’allais passer le voir cet après-midi. Le sommeil l’a-t-il surpris avant qu’il ait le temps de ranger ses secrets ? Voulait-il se servir de cette coïncidence pour me parler de cette vieille histoire ?


Je reste médusée au centre de la pièce, flairant le piège. Tout ce que je n’ai pas compris, toutes les larmes de mon enfance et de mon adolescence ont peut-être une explication dans cette liste de prénoms. Dois-je attendre que mon père se réveille, ou l’heure est-elle venue de déchiffrer seule ce rébus ? Tel que je connais mon géniteur, si je lui pose la question, il va l’éluder par une boutade, sans faire grand cas de mes sentiments. C’est sa manière de me forcer à m’ouvrir à lui. Tant que je ne parle pas, il fait semblant de ne rien savoir. Nous sommes du même bois, alors je me tais, nous nous taisons.


En fait, chaque fois que je viens le voir, maintenant que la maladie le diminue et que je le sais souffrir, nous ne parlons pas vraiment de choses importantes. Nous passons simplement un moment ensemble, effleurant quelques souvenirs du bout du cœur. C’est sa manière de dire qu’il m’aime. Je me suis accommodée de cette pudeur des sentiments. J’ai appris à savoir qu’il m’aimait, plutôt qu’à le ressentir entre ses bras ou sous son regard.


Un frisson me parcourt et me fait sortir de mes pensées. Je réalise qu’il ne dort pas vraiment. Il me regarde les yeux mi-clos, immobile. Il sait que j’ai vu le papier. Il faudrait qu’il m’aide, qu’il accepte d’avancer un de ses pions. Il ne le fera pas. Il m’a éduquée par le biais de cette solitude qu’il installe par son absence de réaction. Il est là, mais cela n’aide en rien. Je dois fuir ou faire face. Dans les deux cas, je dois me débrouiller seule. C’est la règle depuis toujours avec lui.


Sauf qu’aujourd’hui, je ne reculerai pas. Je pose mon regard sur le papier froissé. Il est divisé en cinq lignes entrecoupées de quatre colonnes. Le prénom de ma mère se trouve dans la case tout à droite de l’avant-dernière ligne. Plusieurs prénoms de femmes sont inscrits dans les autres cases. Trente-six exactement. Deux prénoms sont mentionnés à deux ou trois reprises, chaque fois décalés d’une colonne vers la droite et d’une ligne vers le bas. Un prénom trône dans la case en dessous de celle où se trouve ma mère. Un seul sur cette dernière ligne, un seul pour cette dernière tranche de vie.


C’est quoi ce bazar ? Là, je sens que ma compréhension pour mon père m’abandonne, et que la colère prend le dessus. Se pourrait-il vraiment que pendant toutes ces années, ce sot ait porté sur lui une liste de ses conquêtes ? Et qu’il ait même été assez stupide pour y mentionner l’une ou l’autre des pétasses avec lesquelles il a couché après avoir connu ma mère ? Est-ce cela qu’elle avait compris en découvrant le papier ? Et moi qui porte la culpabilité de cette fatuité machiste sur les épaules depuis tout ce temps. Juste à cause d’une putain de liste de créatures, sautées de-ci de-là par cet homme immature !


Mais bon Dieu, à quoi bon en faire la liste ? Il faut vraiment avoir un esprit tordu de mec pour vouloir mettre par écrit ce qu’une mémoire défaillante ferait naturellement disparaître. Pour garder des traces de hauts faits sexuels qui s’évanouiraient à tout jamais s’ils n’étaient pas consignés sur un bout de papier plié. Elles doivent avoir fière allure aujourd’hui, les arrogantes beautés du passé, les salopes qui ont cocufié ma mère…


Lamentable, c’est tout simplement lamentable. Ou alors quelque chose m’échappe. Je n’ai aucune envie de découvrir le détail de ses exploits, et encore moins de ses préférences amoureuses, mais là, il va falloir qu’il m’explique. Si ces femmes ont joué un tel rôle dans sa vie, et dans sa relation avec ma mère, je suis impliquée jusqu’au cou. J’ai trop souffert, ça donne des droits. Même sur mon père.



oooOOOooo



C’est à ce moment que j’appréhende le piège dans sa cruelle réalité. Par cette saleté de liste, et tout ce qu’elle représente de désirs inavoués, de coucheries et de tromperies, mon père me force à appréhender son côté viril, sexué. D’un seul coup, il fait de moi une adulte. Je ne suis plus une petite fille admirative face au géniteur intangible et tout puissant. Il me force à m’affirmer en tant que femme, assez expérimentée pour découvrir une de ses faces inconnues, celle d’un homme de chair, de sang et de plaisir. Il place ses fautes, et tout ce que je pourrais lui reprocher, en regard de ce que j’ai moi-même fait dans ma vie. D’égal à égal.


Inversement, tel que je le connais, s’il a choisi ce face-à-face, c’est qu’il ne me cachera pas non plus ce qu’il peut avoir vécu de beau entre les bras de ces femmes. Et ça, je ne doute pas que cela puisse être inestimable. À cause de sa sensibilité et du regard qu’il porte sur les gens. Deux qualités dont j’ai, paraît-il, hérité, mais dont je me passerais bien lorsqu’elles font fuir les hommes dont je voudrais pouvoir m’approcher. Ou qu’elles font apparaître avec une douloureuse acuité la distance qui me sépare du corps que je découvre dans mon lit, en me réveillant après une nuit d’errance.


Mon cœur bat la chamade. Dans un premier mouvement, j’ai envie de renoncer. Mais je sais que nous n’aurons plus d’autre occasion de nous parler ainsi. Je m’avance alors vers lui, en observant son visage. Jamais je ne l’ai regardé aussi intensément. Toujours cette pudeur entre nous. Il est encore beau, mon père. Ses yeux surtout, mélancoliques et pourtant encore si vivants. Même si nous savons tous deux que cela ne durera plus.


Il plonge son regard dans le mien, en murmurant, comme je ne l’ai jamais entendu faire, « je t’aime tant, ma fille ! Merci d’être là ». Je prends sa main entre les miennes, la caresse, l’embrasse. Un flot de larmes inonde mes yeux. Ce que j’éprouve pour lui est immense. Et douloureux. Je suis sûre qu’il a préparé cet instant comme un adieu. Si je la veux, il va m’offrir sa vérité. Il va m’offrir tout ce dont j’ai besoin pour vivre sans lui, en emportant à jamais ce qui pourrait empêtrer ma vie de femme.


Nous sommes face à face pour une ultime initiation. Au moment de partir, il est prêt à se résumer pour moi, à s’ouvrir comme un grand livre de vie. Il sait qu’à l’heure de le perdre, je suis prête à l’entendre. En réalité, le père n’est déjà plus là. C’est l’homme par lequel je suis venue au monde que je découvre. Pour une unique fois, sans doute.



oooOOOooo



Submergée par l’émotion, je me demande fugitivement comment je vais bien pouvoir me comporter à l’avenir avec les hommes qui croiseront mon chemin. Mais je ne laisse pas cette pensée mûrir dans mon esprit. Je saisis enfin le papier et le regarde en détail. Tel que je crois connaître mon père, j’imagine qu’il a réparti les prénoms féminins comme les cartes d’un tarot amoureux, chaque case correspondant à un arcane majeur. Ce n’est pas une liste d’exploits, c’est un hommage à chacune de celles qui ont façonné son âme, qui ont influencé ses choix de vie. Peu importe ce qu’ils ont fait de leurs corps au moment de se découvrir, c’est l’émotion, l’échange, le partage, l’étincelle de vie dont il a voulu garder le souvenir.


A-t-il essayé de le faire comprendre à ma mère au moment de la crise que j’avais déclenchée, ou se sont-ils cantonnés à la liste des actes, des mensonges et des multiples concessions qui accompagnent les histoires parallèles ? S’était-il dévoilé au-delà de ces instants volés, dans un vain espoir de lui montrer ce qu’il était en profondeur, de lui offrir ses doutes, ses hésitations et ses désirs les plus secrets ? La douleur de la tromperie l’a-t-elle empêchée d’écouter, ou a-t-elle au contraire su le suivre dans les sombres méandres de sa virilité, et peut-être lui pardonner ?


En fait, je ne veux pas le savoir, c’est leur histoire. Seul m’importe aujourd’hui ce qu’il veut me dire de sa manière d’aimer, de désirer, et peut-être de s’abandonner. Parce que je suis du même sang, et qu’en moi coule un peu du même désir.


Si les lignes de la liste correspondent à des phases de sa vie, une dizaine d’années à chaque fois apparemment, à quoi peuvent bien correspondre les colonnes ? À l’intensité de l’échange ? Ce serait assez une manière de mec de garder ainsi le souvenir d’une femme. Dans le genre guide Michelin du cul : à découvrir en passant, vaut la peine de s’arrêter, vaut le détour, prévoir plusieurs visites.


Je sens la déception monter en moi. S’il s’agit vraiment de cela, autant mettre fin tout de suite à cette mascarade. Qu’il garde pour lui ses cotations de potache. Cela me semble pourtant trop simple. Pas de sa part. Pas aujourd’hui. Pas de cette manière. Pourquoi suis-je incapable de lui demander simplement ce qu’il veut me dire ? J’ai l’impression d’être face au Sphinx, de n’avoir droit qu’à une seule réponse. Sauf qu’en l’occurrence, ce n’est probablement pas la réponse qui est cruciale, mais la question. C’est cela qu’il attend de moi, la bonne question. Celle que je n’ose même pas me poser à moi-même. Celle qui s’impose au moment de fermer les yeux sur sa vie.


Sur quel souvenir, quelle jouissance, sur le regard de quel homme souhaiterais-je fermer mes yeux à tout jamais ? Si je voulais tenir un décompte de mes hommes, selon quels critères le ferais-je ? Qu’est-ce qui rend un mec digne de figurer à mon palmarès ? Petite jouissance, grands frissons, belle endurance, tendre prévenance ?


Instantanément, quelques prénoms me viennent à l’esprit, associés à un souvenir, à une image, à un petit film amoureux. Si je voulais tenir un décompte de mes hommes…


Je prends une feuille de papier vierge sur le bureau de mon père, et y trace une grille semblable à la sienne. Étrangement, ce n’est pas mon premier homme qui s’impose en premier, mais un amant particulièrement troublant, caressant. Celui dont les mains m’avaient enveloppée dans un halo de chaleur. Dont le seul contact m’embrasait. Un homme découvert comme une évidence au cours d’une soirée où je m’étais rendue à contrecœur. Un homme que j’avais dû consommer debout, dans l’équilibre instable des corps et des sens. Une rencontre d’une violence désespérée, conclue par un orgasme à la démesure de ma rage de ne pas pouvoir le garder après les douze coups de minuit. Dans quelle case met-on ce genre d’aventure ? Aujourd’hui encore le souvenir de ses caresses me fait frissonner d’envie.


Puis c’est un regard qui me revient en mémoire. Un fabuleux regard, qui me donnait envie de m’offrir complètement, de me montrer dans la plus impudique nudité. Un regard auquel je n’ai rien caché de la plus intime parcelle de mon corps. Après lui, je ne me suis plus jamais sentie aussi belle sous les yeux d’un homme. Dans quelle case, ce regard, et le sourire admiratif qui l’accompagnait lorsque je m’offrais à lui ?


Soudain mon esprit s’emballe, mes rencontres, mes amours, mes désirs passagers se bousculent au portillon. À leur tête mon premier amant, vigoureusement armé de son impétueuse maladresse. En même temps que le trouble de la découverte, je sens réapparaître ma déception face à son incapacité à sublimer cet instant. Histoire d’exorciser cette émotion trop incomplète, je le couche tout en haut et à gauche de ma liste, dans la colonne des émois fugitifs. Très fugitifs.


Juste après lui vient le magicien des orgasmes multiples, le musicien de la volupté, le premier à me faire demander grâce sous la violence du plaisir sans cesse répété. En le mettant tout à droite, je fermerais la porte à des jouissances encore plus accomplies. Si elles existent ? Mon côté fleur bleue me pousse à le mettre dans l’avant-dernière colonne. Un jour le prince viendra, qui prendra place tout à droite. Ou le satyre lubrique. Qu’importe pourvu que j’aie à nouveau l’ivresse.


Halte ! Stop ! Je délire. Ce n’est pas ainsi que je les vois, mes amants. Pas ainsi qu’ils me reviennent en mémoire, ni même au fond du ventre. Les souvenirs indélébiles qu’ils ont gravés sous ma peau sont d’une tout autre nature. En vérité, l’idée même de ces scores me répugne, comment mon père a-t-il pu tomber si bas ? S’est-il un jour mis à mépriser ses anciennes maîtresses pour en arriver à les parquer dans des cases impersonnelles, à la manière d’une étude statistique ?



Allons bon, la kabbale maintenant ! Si je m’attendais à cela. Je savais mon père intéressé par tout ce qui touche à l’ésotérisme, mais de là à ce que cela influence sa vie amoureuse, il y a un pas que je ne l’imaginais pas avoir franchi. Sauf s’il considère ses relations amoureuses comme des étapes sur le chemin de la connaissance ? Bel hommage à celles dont il perpétuerait ainsi la mémoire.



Le rythme intime, l’équilibre de l’échange, ça c’est pour le sublime. À l’origine du terrifiant, il y a certainement cette peur viscérale du mec confronté à un abandon trop évident, trop complet. Mais qu’est-ce qui peut bien les déstabiliser à ce point dans le fait qu’une femme puisse avoir simplement envie de baiser, sans fioritures, alors que c’est exactement ce dont ils rêvent la plupart du temps ? Est-ce si difficile à comprendre qu’on puisse avoir envie d’être traitée comme une reine avant, comme une garce pendant, puis comme une précieuse copine juste après ? Quelles funestes conséquences peuvent-ils bien redouter d’une simple aventure ? Quel piège fatal voient-ils dans une offrande intime un peu débridée ?


Quelques images remontent du fond de ma mémoire. Des souvenirs de nudité, de béance, de désir irrépressible, puis d’élan brisé contre une soudaine passivité. C’est vrai qu’un tel naufrage peut avoir quelque chose de terrifiant, juste après avoir frôlé le sublime. Une fois, une seule, je suis arrivée à transformer le silence terrifiant en sublime enlacement. J’avais eu envie de lui dès le premier regard. Plus précisément en découvrant ses fesses et sa démarche féline. Profondément troublée, j’ai provoqué la rencontre, et j’ai remporté mon trophée de haute lutte contre trois autres femelles déchaînées. J’avais juste envie d’un long et intense câlin. Envie de pur plaisir.


Après de courtes présentations, et l’expression appuyée de mon désir pour lui, je l’ai emmené chez moi. À aucun moment je n’ai caché mon intention de profiter de lui pour découvrir des plaisirs inédits. Je le lui ai murmuré dans le creux de l’oreille, pour mieux le convaincre de me suivre. Je l’ai confirmé preuves à l’appui dans le taxi. Je l’ai souligné du balancement de mes hanches en montant l’escalier de ma maison et je n’ai laissé aucun doute sur mes mauvaises intentions, en balisant le chemin de la porte de mon appartement jusqu’à ma chambre à coucher avec mes habits retirés à la hâte.


Au moment où je me suis retournée, entièrement nue, avide de déballer mon cadeau viril, les premières fissures sont apparues dans l’assurance de mon amant d’un soir. Il restait là, immobile, soudain contemplatif. J’ai dû le prendre par la main, puis par tout ce qui dépassait timidement de son superbe corps, pour arriver à mes fins. Docile, il s’est laissé aller entre mes bras. Après quelques préliminaires fort conventionnels, il m’a pénétrée, avec délicatesse à défaut de fantaisie. Je me sentais chienne jusqu’au bout des seins, prête aux plus sauvages assauts. C’en était apparemment trop pour lui. Face à une telle passivité, j’ai dû me démener pour arriver à m’offrir une acceptable volupté malgré son évidente inhibition. Je lui ai ensuite laissé contempler le meilleur de moi-même, sans pudeur, sans limite, avant de le faire jouir entre mes lèvres.


Au moment où j’ai relevé la tête, la bouche remplie de son sperme épicé, il avait les yeux encore fermés, les traits crispés, la mine presque angoissée. Le reste de son corps était en revanche si beau, si attendrissant de fragilité. Et moi, j’avais encore si faim. Je me suis levée, j’ai allumé toutes les lumières de l’appartement, et suis revenue vers lui un verre de quelque chose de très fort à la main. Il a bu sans discuter, presque d’une traite. Je me suis assise à côté de lui en tailleur, nue, et j’ai attendu qu’il parle. Il m’a raconté ses peurs, ses envies de me rendre heureuse, ses réticences à me faire du mal, sa vision de l’harmonie entre un homme et une femme, sa perception du désir pur, du désir impur, du désir non partagé…


Lorsque ses silences ont commencé à durer, j’ai reprécisé patiemment qu’il n’était là que pour me faire du bien, sans que le contrat cul contienne de clause cachée. J’ai ajouté pour le rassurer que la porte n’était pas fermée, que je le trouvais beau, qu’il m’avait d’emblée fait envie tant il était craquant, que sa jolie bite avait une taille idéale à mon goût, que je ne souhaitais pas d’enfant de lui, enfin pas pour le moment. J’ai ajouté que mon chat ne supportait aucun colocataire, ce qui lui laissait donc au bas mot une dizaine d’années avant que j’envisage de lui demander d’emménager chez moi.


Rassuré sur son avenir immédiat, il s’est mis à bander très fort. Ses bras se sont ouverts. Assez pour me serrer contre les puissants muscles de son torse. D’un souple mouvement des hanches, il a enfin repris place au fond de moi et m’a délicieusement fait l’amour. Bonheur suprême, il n’a pas prononcé un mot entre notre ultime orgasme et l’irrésistible approche du sommeil. Il m’a juste couverte de baisers très doux.


Je n’ai pas retenu sa main au petit matin. Il a eu l’élégance de prolonger le sublime silence en fermant doucement la porte au moment de sortir. Une telle expérience me vaut sans doute de me trouver tout à droite de sa liste, couronnée des attributs de séphiroth.



Je suis soulagée du ton plus léger que prend notre échange. Je crois que nous sommes prêts à entrer dans le vif du sujet.



Avec elle, je peux imaginer ce qu’il a vécu. Comme j’ai pu retrouver de toute mon âme celui que j’avais laissé glisser entre mes doigts quelques années plus tôt, suite à une querelle sans réel objet. Celui qui m’avait appris à accepter l’altérité de l’homme, ses voies impénétrables. Je nous revois marchant à nouveau tendrement côte à côte pendant quelques semaines, retrouvant avec délice notre routine amoureuse, sans autre exigence que d’être enfin pleinement dans chacun de nos gestes d’amour. Quelle étape ai-je franchie avec lui, et lui avec moi ? Je n’avais jamais envisagé nos retrouvailles sous cet aspect.



Binah, l’intelligence, la conscience de ce qui met des obstacles, la compréhension de ce dont il faut se libérer pour atteindre le geste pur, puis la dernière étape, l’essence pure. Comme si les premières amours avaient pour principal objet de soigner les plus douloureuses cicatrices de la vie et du cœur. Au risque d’empêcher un partage plus élaboré, d’étouffer la découverte d’une plus complète harmonie amoureuse, dans tous les aspects de la vie. Pour cela il faut passer le troisième voile, traverser Daath, la connaissance.


Je n’en suis de loin pas à ce stade. Je n’ai vécu aucune relation assez profonde pour avancer si loin dans la découverte de moi. Il n’y aurait actuellement qu’un seul homme dans mon entourage, capable de m’accompagner dans cette performance. Marié, bien entendu… Au point qu’à chaque fois que je risque de le rencontrer, j’évite de me trouver trop près de lui. Les quelques nuits que nous avons passées ensemble nous ont menés trop loin. Quel est le prix d’une telle illumination, d’un tel abandon ? Comme le vertige vécu entre les bras de cet homme avait été doux. À la mesure de la peur ressentie à l’instant de choisir de poursuivre notre découverte ou non. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir peur de l’intensité d’une relation, et à anticiper des conséquences qui n’ont probablement aucune réalité. Leur en vouloir de leurs angoisses est finalement bien injuste.


Daath, l’étape qui n’existe pas. Et pourtant… Laquelle des femmes de la vie de mon père était présente à ce moment ? Cela pourrait correspondre à l’époque de la rupture avec ma mère.



Voilà, c’est fait. Comme par jeu, en évoquant les étapes initiatiques, la question est tombée. Je suis moi-même surprise par la facilité avec laquelle les mots ont passé mes lèvres. Mais maintenant, s’il reste silencieux, je ne résisterai pas. Je me sens tendue comme un arc, prête à l’écouter, mais suis-je aussi prête à l’entendre qu’il y paraît ? Il ne me laisse pas le temps de me poser plus de questions.



Pan dans l’œil ! Tromper, c’est quoi ? Avec les premiers amants, les limites étaient claires, à la mesure de leurs prérogatives. Ne pas montrer, ne pas laisser toucher, ne pas regarder. À me laisser déposséder des territoires les plus intimes de mon corps et de mon âme. Les transgressions n’en étaient que plus troublantes. Jusqu’à ce que progressivement tout s’estompe. Au point qu’aujourd’hui, je ne suis plus sûre de rien. Dans tout le vocabulaire amoureux, quel est le mot de trop, le geste de trop, celui qui fait basculer de la tendresse au désir, de la complicité amicale aux jeux de séduction ? À l’inverse, que faire de l’intention, du désir sournois que les hasards de la vie empêchent de concrétiser, bien ou mal à propos ?


Était-ce tromper, ce que j’ai vécu une nuit avec un inconnu dans un train, un inconnu à qui j’ai eu spontanément envie de confier mon désarroi face à l’absence d’avenir de ma relation du moment ? Un inconnu au parfum si léger, si bien assorti à la douceur de ses gestes, qui m’a prise entre ses bras, exactement comme j’en avais besoin. Était-ce tromper, au moment où la fatigue commençait à rendre notre discussion plus imprécise, que de le laisser poser sa main entre mes cuisses à travers le tissu de ma robe, en murmurant tout contre mon oreille « Lâche-toi, on prendra le temps après pour recoller les morceaux ! ». Était-ce tromper que de jouir de cette parfaite pression contre mon intimité délaissée, après quelques balancements des hanches, puis de lui offrir un semblable plaisir du bout des doigts ? Ou était-ce plutôt de m’offrir quelques heures plus tard à mon homme encore ensommeillé, sans rien avouer, en le laissant profiter de mon désir exacerbé par le trouble qu’avait causé cette gâterie sans suite ?



La colère remonte en moi. Je trouve très belle cette vision des rencontres et de l’évolution de la vie amoureuse en référence à l’arbre de vie. Mais je n’aime pas sa manière de jouer sur les mots. Libre à lui de ne pas me décrire comment Gabrielle l’a ensorcelé. De là à prétendre qu’il n’avait pas trompé ma mère, il y a des limites. C’est quand même à cause de cette femme que notre monde s’est écroulé.



Je reste abasourdie. Tout ce que j’ai vécu n’était que le fruit de mon imagination. Je ne serais donc pour rien dans leur désunion ? Sans l’avoir rédigée de semblable manière, ma mère avait elle aussi allongé sa liste de prénoms, après ma naissance. Compte tenu de ce que j’avais imaginé, il ne m’était jamais venu à l’esprit d’aborder le sujet avec elle.


Il faut que j’arrive à me reprendre, à remettre de l’ordre en moi. Après tant de temps, je ne sais plus s’il faut en rire ou en pleurer. Mon père me tend la main dans un geste plein de tendresse. Il semble profondément désolé de ce qu’il vient d’apprendre. Je me sens épuisée, vidée de toute énergie, de tout désir. Pourtant, du fond de moi surgit peu à peu un sentiment plus positif. Une forme de soulagement. Comme si quelque chose était enfin accompli.


Je regarde une nouvelle fois la liste. Le symbole de l’arbre de vie rend bien compte de la complexité des rapports entre hommes et femmes. Mon père a-t-il atteint la maîtrise presque parfaite du partage amoureux ? Les nombreuses étapes franchies entre les bras de femmes aimées lui ont-elles donné la connaissance ultime, celle qui permet l’abandon et l’absolu don de soi ?


Pourtant, à quoi bon tout cela ? S’il se trouve réellement aux portes de Chokmah ou de Kether, il est trop tard maintenant, la vie ne lui permettra pas d’en profiter. En s’ouvrant de la sorte, qu’a-t-il voulu me faire comprendre ? A-t-il voulu me permettre de progresser plus vite ? Il est vrai qu’au cours de cette inestimable rencontre, j’en ai plus appris sur moi que sur lui. En quelques mots, il a su évoquer l’essentiel, et faire vivre en moi des souvenirs d’une incroyable intensité. Je ne doute pas que les pensées et les émotions vivifiées de la sorte vont rester longtemps très présentes dans mon cœur, et m’influencer dans mes découvertes amoureuses.


Je commence à réaliser à quel point mon propre arbre de vie est encore incomplet. En quelques phrases, mon diable de père est arrivé à m’inspirer le désir de le structurer plus harmonieusement. Quelle élégance, si telle était son intention.


Je lis toutefois dans son regard qu’il attend encore quelque chose de moi. Il n’a pas touché sa liste depuis que je suis là. Il ne l’a même pas regardée. Comme si elle ne faisait déjà plus partie de sa vie. Se prépare-t-il à franchir le quatrième voile ? Suis-je là pour lui donner un peu de ma force, pour l’accompagner ? De même qu’il m’a libérée du poids de ma culpabilité, suis-je prête à le libérer de tout ce que ces prénoms représentent pour lui ?


Le chagrin me submerge. Je l’embrasse tendrement, en lui murmurant à quel point il m’est précieux. Il prend ma main et la serre entre les siennes, comme j’aimais qu’il fasse lorsque j’étais désemparée, au temps de mon enfance.


Soudain, une idée étrange surgit dans mon esprit. Nous sommes seuls, mais depuis mon arrivée, tout rappelle l’existence des femmes de la liste. Maintenant que tout est dit, que nous avons partagé l’essence même de la vie, qui mieux que moi peut mettre un point final à son initiation terrestre ?


Sans hâte, je me mets alors à prononcer les prénoms à haute voix, à inviter l’une après l’autre ces femmes aimées à nous rejoindre, dans l’ordre dans lequel elles sont apparues dans la vie de mon père. Et c’est ce qui se passe. Imperceptiblement, la chambre se remplit du souvenir de ces êtres, de leur douceur, de leur amour, de leur désir sans doute, et de tous les plaisirs partagés, que je ne peux imaginer que par le filtre de mes propres souvenirs.


Mon père garde les yeux fermés, mais son visage s’apaise au fur et à mesure que nous parcourons les sentiers de sa vie. Au moment de prononcer le prénom de ma mère, je ne peux retenir un sanglot d’émotion. Il me demande de le répéter. Puis de le dire une fois encore, comme une invocation, un ultime cri de son amour pour elle.


Il s’endort avant que j’égrène le dernier prénom. Je quitte l’appartement soulagée, mais avec un étrange pressentiment. J’appelle ma mère pour lui raconter l’essentiel de ce qui s’est passé. Je la supplie d’aller le voir. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose.


Quelques heures plus tard, c’est elle qui m’appelle. Mon intuition était juste. Il ne s’est plus réveillé et a quitté ce monde peu après, entre les bras de ma mère. Dans mon cœur, il a repris sa place de toujours, là où plongent les racines de mon arbre de vie.







(1) On trouve un bon résumé du principe de l’arbre de vie et des séphiroth sous : http : //users. Swing. Be/nombre/Kabbale/arbre-de-vie-kabbale. Htm







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n° 13453Zébulon10/09/09
Science-affliction
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Auteur : Zébulon

Le professeur Raymond Picard écarquilla les yeux de stupeur. Il crut d’abord à un dysfonctionnement de son Connecteur, mais il savait bien que ce ne pouvait pas être le cas. Les informations qui s’affichaient étaient nécessairement exactes.


  • — Impossible, c’est impossible, se dit-il en secouant la tête. Ça ne PEUT pas être possible, je refuse d’y croire !

Il regarda l’immense machine de test qui occupait le laboratoire. L’analyse des 1024 nouveaux échantillons venait de se terminer. L’anomalie était présente, strictement identique, sur la totalité des éprouvettes. C’était incroyable mais le professeur savait bien que c’était la réalité. Les résultats étaient conformes à ce qu’il avait pressenti, à cette intuition qu’il avait eue et qui l’avait conduit à réaliser précisément ce test-là et pas un autre. Il savait ce qu’il cherchait et il venait de le trouver.


Les locaux de l’INSERM retentirent d’un tonitruant :


  • — Putain de nom de Dieu de bordel de merde !

La secrétaire se précipita dans le laboratoire.


  • — Professeur, que se passe-t-il ? Vous avez besoin d’aide ?
  • — Non ! Sortez ! Et que personne n’entre ici ! Ce labo est condamné jusqu’à nouvel ordre.

Raymond Picard réfléchissait à grande vitesse. Tout d’abord il fallait protéger cette découverte. Personne ne devait savoir pour l’instant. Ensuite il fallait la faire confirmer dans le plus grand secret par d’autres laboratoires dans le monde, 3072 échantillons ne pouvaient pas être considérés comme représentatifs au niveau de la population mondiale. Or, quand il rendrait publique cette… catastrophe, il aurait besoin d’une assise scientifique indiscutable.


Mais avant tout, il lui fallait comprendre pourquoi. Comment était-ce possible, quel phénomène avait conduit à cette incroyable altération ? Vers qui se tourner pour l’aider dans sa recherche ?


Bredoux, Georges Bredoux ! Le directeur de l’Institut Pasteur ! À eux deux ils rassembleraient suffisamment de connaissances, de moyens et de crédibilité pour aller au bout de ce cauchemar.


Picard se concentra sur son nom et au bout de quelques secondes l’image de Bredoux lui apparut.


  • — Georges, il faut qu’on se voie. Toute affaire cessante ! Rejoins-moi à l’INSERM.


oooOOOooo



Léa laissa échapper un juron. Encore raté ! Elle voulait imprimer une lettre mais c’est la machine à laver qui s’était mise en route. Elle se concentra à nouveau, essaya d’allumer la télé pour regarder la saison 96 des Feux de l’amour mais cette fois c’est la porte d’entrée qui s’ouvrit.


  • — Vous verrez c’est facile, qu’ils disaient ! Avec un peu d’entraînement vous y arriverez rapidement…

Mon cul, oui ! pesta-t-elle intérieurement.

Elle s’était fait poser le Connecteur la veille. On lui avait bien recommandé de ne pas essayer de l’activer pendant vingt-quatre heures, de le laisser s’adapter à son cerveau, faire sa place dans la matière grise. Elle avait bien respecté toutes les consignes, d’ailleurs elle ne le sentait plus, preuve que l’intégration s’était bien déroulée. Mais elle n’arrivait pas à le maîtriser.


Elle l’avait pourtant attendu, espéré, désiré, ce sésame du monde électronique. Depuis sa découverte et sa mise au point, il s’était écoulé cinq années, cinq longues années de liste d’attente qui lui avaient semblé interminables. Comme tous les jeunes gens, elle voulait être à la mode, à la pointe de la technologie, pouvoir épater ses copains en leur démontrant les capacités presque infinies de cette découverte majeure du XXIe siècle.


Le Connecteur permettait de remplacer tous les objets électroniques existants. Les avancées fulgurantes de la science dans le domaine à la fois de la compréhension des mécanismes du cerveau et des micro-nano technologies avaient permis son avènement. Pratiquement invisible à l’œil nu, cette puce d’un nouveau genre s’implantait directement dans le cervelet. Le Connecteur devenait alors l’interface entre son propriétaire et le monde extérieur, pour tout ce qui relevait de l’électronique ou des télécommunications.


Les influx électriques du cerveau étaient interprétés par le Connecteur qui exécutait alors l’action demandée. Par exemple, il suffisait de penser à téléphoner à une personne pour que le Connecteur compose son numéro, qu’il trouvait dans le fichier central Édith. Mais l’avancée majeure de cette découverte était la communication entrante. Le Connecteur générait des influx électriques qui permettaient de créer directement dans le cerveau des sons et des images. On pouvait désormais « voir » et « entendre » sans utiliser ses yeux et ses oreilles.


Le téléphone, la télévision, l’écran d’ordinateur, le clavier, la souris étaient désormais des objets qui étaient progressivement relégués au rang d’antiquités au fur et à mesure du déploiement du Connecteur. Les images et le son de la télévision étaient directement projetés dans le cerveau, les conversations téléphoniques étaient silencieuses pour un observateur extérieur. Une véritable révolution qui avait réduit le bruit ambiant de plusieurs dizaines de décibels.


Léa « entendit » la sonnerie du téléphone. Elle se concentra et réussit à « voir » l’image de Maxime. Elle était si contente d’avoir réussi cet exploit qu’elle en oublia presque de « décrocher ».


  • — Coucou ma Puce ! Eh bien je vois que tu as réussi à prendre mon appel, félicitations !
  • — Merci ! C’est la première chose que j’arrive à faire, je suis trop contente !
  • — C’est bien. Mais je crois que tu le seras encore plus ce soir, j’ai une surprise pour toi !
  • — C’est vrai ? Qu’est-ce que c’est ?
  • — Si je te le dis, ce n’est plus une surprise. Habille-toi sexy, je te promets une chaude soirée !


oooOOOooo



Lucas Eveno prit son courage à deux mains. Il « appela » Pierre Le Laid, le directeur de la chaîne. Celui-ci daigna répondre.


  • — Ouais, qu’est-ce que c’est ? Z’êtes qui, vous ?
  • — Bonjour Patron. Je suis Lucas Eveno, je travaille à la rédaction.
  • — Eveno… non je vois pas.
  • — Mais si, je m’occupe d’écrire les transitions entre deux reportages.
  • — …
  • — Vous m’avez embauché il y a un an, je suis un ami du fils de votre sœur.
  • — Ah ouais, ça y est, j’vous remets ! Vous voulez quoi ?
  • — Vous présenter un sujet. Mais pas n’importe lequel, c’est une vraie bombe ! À côté, le Watergate, au siècle dernier, c’est de la gnognotte !
  • — Tout le monde a oublié le Watergate, Ev…
  • — Eveno, monsieur.
  • — Ouais, Eveno.
  • — Oui, mais je vous garantis que personne n’oubliera mon sujet ! Une bombe atomique, un Hiroshima de l’information, le plus grand séisme de l’histoire des médias !
  • — Bon, vous avez cinq minutes, pas une de plus. Montez !

L’image de Le Laid disparut du cerveau de Lucas. Celui-ci poussa un grand soupir de soulagement. Le plus dur était fait, convaincre le grand patron de lui accorder une entrevue. Quand il lui aurait exposé ses découvertes, il deviendrait le plus grand journaliste télé de tous les temps. La chance lui avait souri, il comptait bien ne pas laisser passer l’occasion. À trente ans, devenir le journaliste le plus en vue du monde, ça ne se refusait pas !


Il se concentra sur l’imprimante et lui envoya tous les documents stockés dans son Connecteur. Il prit la pile de papiers et grimpa au dernier étage.



oooOOOooo



  • — Bonjour Raymond, je suis venu aussi vite que j’ai pu, mais des oiseaux ont encore pénétré dans le champ magnétique, j’ai perdu quelques minutes. Qu’y a-t-il donc de si important ?
  • — Georges, ce que je vais te montrer va te glacer le sang. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais c’est arrivé. Je t’ai demandé de venir pour m’aider à comprendre.

Picard fit apparaître dans le cerveau de Bredoux les résultats d’analyse. Celui-ci en comprit immédiatement les conséquences.


  • — Mais c’est impossible ! Tu es sûr de tes résultats ?
  • — Malheureusement oui. C’est la troisième fois que je fais le test, avec trois séries d’échantillons différentes.
  • — Mais… tu te rends compte de ce que ça veut dire ?
  • — J’ai l’air de ne pas m’en rendre compte ?
  • — Non, pardon. Excuse-moi, c’est le choc. Mais pourquoi, comment, comment est-ce possible ?
  • — C’est justement ce qu’il nous reste à découvrir.

Les idées se bousculaient dans la tête du directeur de l’Institut Pasteur.


  • — Il faut prévenir le Président !
  • — Oui, mais pas tout de suite. Pas avant d’avoir compris.
  • — Oui, tu as raison…
  • — Préviens ta femme que tu ne rentres pas ce soir.


oooOOOooo



  • — Alors Maxou, c’est assez sexy pour toi ?
  • — Waouh, oui ! J’en ai l’eau à la bouche ! Et ailleurs, bientôt…

Maxime dévorait des yeux sa compagne. Léa était simplement recouverte d’une nuisette, très courte et légèrement transparente, qui ne laissait aucun doute sur le fait qu’elle était entièrement nue dessous. Elle resplendissait de la beauté insolente de ses vingt-cinq ans.


  • — Alors, c’est quoi ma surprise ? demanda-t-elle impatiente.
  • — Ah, c’est un peu particulier. C’est un cadeau qu’il vaut mieux déballer dans un lit.

Il lui prit la main et l’entraîna dans la chambre. Ils s’allongèrent sur le lit. Maxime se tourna vers elle et plongea son regard dans le sien.


  • — Tu te souviens de la question que tu m’as posée il y a deux ans ?
  • — Oh oui, bien sûr, tu m’avais demandé de ne jamais t’en parler à nouveau, que c’est toi qui viendrais vers moi quand tu serais prêt.
  • — Eh bien, voilà, je suis prêt !
  • — C’est vrai ? Oh merci mon amour, c’est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire !

Son émotion fit s’allumer toutes les lumières de l’appartement. Elle ne s’en aperçut pas, elle déjà occupée à autre chose.



oooOOOooo



  • — Putain Eveno, c’est de la bombe ! On va tout péter avec ça ! Je sais pas comment vous avez dégoté ces documents…
  • — Je ne peux pas révéler mes sources, monsieur.
  • — Ouais ça va, je connais la chanson, je l’ai chantée bien avant vous. Mais je m’en fous, vous les avez ! Bordel, on va exploser les Connecteurs avant un sujet pareil ! On va devenir la plus grande chaîne d’information du monde moderne !
  • — Vous voyez, je ne vous avais pas menti.
  • — Vous avez carte blanche, Eveno ! Tous les moyens de la chaîne sont à votre disposition ! On ne va pas en faire un sujet dans le journal, on va carrément faire une soirée spéciale. On diffuse le docu en première partie et puis on fait un débat ensuite. Je veux un reportage d’une heure et demie, je veux des images, plein d’images, des documents, des preuves irréfutables, des témoignages. Combien de temps il vous faut pour nous pondre ça ?
  • — Euh… Avec tous les moyens disponibles, ça va bien prendre au moins un mois…
  • — Vous avez quinze jours ! On diffuse dans un mois ! On va faire un teasing d’enfer, le monde entier va savoir qu’une bombe va exploser, on va faire cracher les annonceurs comme jamais, il va falloir qu’ils se battent pour avoir de l’espace ! Dans un mois, le 21 avril 2028, je serai consacré comme le plus grand patron de l’information de tous les temps ! Nos actionnai…

Le grand patron s’arrêta subitement.


  • — Dites, Eveno, rien dans votre sujet ne concerne nos actionnaires, n’est-ce pas ?
  • — Pas que je sache, non. Je n’ai rien trouvé pour l’instant qui les mette en cause.
  • — Je vous préviens, Eveno, si je découvre dans votre truc la moindre ombre d’un soupçon à leur égard, j’arrête tout ! Ils ne rigolent pas avec ça.
  • — Compris, patron.
  • — Bon, allez, déguerpissez, vous avez du boulot ! Quinze jours !

Lucas sortit du bureau directorial fou de joie et d’émotion. La réaction de Pierre Le Laid avait été encore plus enthousiaste qu’il n’avait osé l’espérer. Sa carrière venait de faire un grand bond, les rédactions du monde entier allaient s’arracher sa collaboration après la diffusion de son documentaire.


Il pensa qu’il avait acheté quelques années auparavant, à prix d’or, des petites douceurs qu’il se réservait pour une grande occasion. Le moment était venu d’en profiter. Son Connecteur lui indiqua qu’il avait largement le temps de faire un saut chez lui, de s’adonner à son plaisir et de revenir travailler sans que personne ne s’aperçoive de son absence. Il descendit au parking récupérer son véhicule.



oooOOOooo



Léa faisait l’amour à Maxime, passionnément, intensément, follement, avec tout l’abandon physique et émotionnel dont était capable une femme éperdument amoureuse.


Il avait accepté, il lui avait dit oui pour le bébé. Depuis qu’elle l’avait rencontré, depuis qu’elle avait compris qu’il était l’homme de sa vie, elle désirait avoir un enfant de lui. Même si elle ne se l’avouait pas, ce désir si fort de maternité était pour combler un manque en elle, pour donner à sa progéniture l’amour d’une mère, cet amour qu’elle n’avait pu recevoir.


Au début, quand la pandémie de grippe A s’était abattue sur le monde, et sur la France en particulier, elle avait trouvé ça amusant. Elle avait sept ans pendant l’hiver 2010, quand son école avait fermé pour limiter la progression du virus. C’était comme des vacances inespérées, une période de Noël qui se prolongeait. Le médecin était passé à la maison pour la vacciner. Il était rigolo avec son masque ridicule.


Et puis le temps avait commencé à lui paraître long. Elle n’avait pas le droit de sortir, elle ne pouvait pas aller voir ses copines, ni même aller jouer au square. Les semaines se passèrent ainsi ; Léa enfermée, cloîtrée, séquestrée même, entre les quatre murs de l’appartement. Ses parents continuaient à aller travailler, il fallait bien gagner sa vie malgré tout. Et puis un jour, sa mère avait commencé à tousser. Rien d’inquiétant en cette saison hivernale, un gros rhume ou une petite bronchite. Elle n’était pas allée consulter le médecin, elle n’en voyait pas l’utilité. Et puis un matin, c’était début avril, cela ferait dix-huit ans dans quelques jours, Léa l’avait retrouvée morte, allongée dans la cuisine.


Plus tard, en grandissant auprès de son père, elle apprit que la pandémie avait fait cette année-là sept cent cinquante mille morts en France. Les victimes furent moins nombreuses l’année suivante car il y avait plus de vaccins disponibles, les laboratoires pharmaceutiques avaient eu le temps de rattraper leur retard de production et la campagne de vaccination avait été élargie.


Aujourd’hui elle voulait cet enfant pour l’inonder de cet amour dont on l’avait privé. Elle voulait une petite fille, pour lui donner l’enfance heureuse qu’elle-même n’avait pas vécue. Elle la prénommerait Marie, comme sa mère, pour lui offrir une seconde vie.


Elle poussa un peu plus son bassin en avant pour aller à la rencontre de ce sexe dur qui l’emplissait, pour encore mieux sentir cet amour chaud et palpitant, pour lui arracher son liquide de vie.



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Lucas Eveno habitait en banlieue, à quinze kilomètres du siège parisien de la chaîne. Il estima que le trajet lui prendrait environ cinq minutes, si les vents n’étaient pas contraires. Il se glissa dans sa nacelle et en ouvrit les récepteurs. Lentement il s’éleva dans les airs. Il choisit une altitude qui semblait dégagée et enclencha le propulseur. Il pensa fugacement aux déplacements de son enfance, aux embouteillages sur le périphérique, à l’odeur nauséabonde des gaz d’échappement, à son père qui insultait les autres automobilistes.


Si l’automobile avait été l’invention du XXe siècle, le propulseur solaire était incontestablement celle du XXIe. Avec le Connecteur, bien sûr. L’idée était simple et il avait suffi que les moyens industriels soient débloqués, pénurie de pétrole oblige, pour qu’elle voie le jour.


La nacelle utilisait le rayonnement magnétique solaire, supérieur à son rayonnement lumineux car présent même la nuit, pour créer autour de la nacelle un champ magnétique de même polarisation que le champ magnétique terrestre. L’opposition des champs magnétiques faisait s’élever le véhicule. On réglait l’altitude en réglant l’intensité du champ, une intensité très faible ne faisait décoller l’engin que de quelques centimètres. L’énergie résiduelle, non consommée par la création du champ magnétique, était utilisée pour la propulsion. Il en résultait que plus on était proche du sol, plus on pouvait aller vite. Le Code du Ciel stipulait que les altitudes basses étaient réservées aux longues distances à parcourir, les hautes aux petits trajets.


Le rayonnement magnétique solaire n’étant pas très puissant, l’énergie récupérée ne suffisait pas à faire décoller des nacelles contenant plus d’une personne. Tous les transports collectifs ou de marchandises continuaient à s’effectuer de la manière traditionnelle, sur la route. Mais comme en semaine l’immense majorité des déplacements étaient individuels, cette invention avait permis de reléguer aux oubliettes les embouteillages biquotidiens autour des grandes villes. Ce n’était pas encore le cas des départs en vacances.


Au bout de quatre minutes trente, Lucas se posa sur le parking de son immeuble. Il fila à la cave. Il prit soin de vérifier que personne ne l’avait vu y entrer et referma la porte à double tour. Il essaya de se remémorer l’endroit exact où il avait enterré la boîte. Après quelques essais infructueux, il sentit enfin au bout de ses doigts le contact du plastique. Il exhuma triomphalement la boîte hermétique. Il l’avait cachée là trois ans auparavant et malgré deux passages de l’immeuble au peigne fin par les chiens renifleurs, elle n’avait pas été découverte, heureusement pour lui.


Il ouvrit précautionneusement la boite et en contempla le contenu avec tendresse. Un paquet de cigarettes, un briquet et vingt doses auto-injectables. Il avait pris des risques fous pour se procurer ces objets, les faisant venir en contrebande depuis l’Inde, où la production et la consommation de tabac n’étaient pas encore illégales. C’est que depuis que la Constitution avait été modifiée pour y inscrire l’interdiction formelle de fumer, les autorités ne plaisantaient pas. Il savait très bien ce qu’il risquait s’il était pris à fumer : la prison à perpétuité. Et ce n’est pas l’avocat qu’on lui commettrait d’office qui pourrait quoi que ce soit pour le sauver face à un crime aussi odieux.


Il alluma lentement une cigarette, profitant de chaque seconde, faisant durer chaque geste pour mieux la savourer. La première bouffée le laissa étourdi, la tête tournant comme dans une centrifugeuse. Puis la nicotine emplit ses poumons et se diffusa lentement dans son sang. Quelques dizaines de battements de cœur plus tard, la substance parvint à son cerveau. Il se sentit flotter, son stress diminua, son rythme cardiaque se ralentit. Il fuma le cylindre de tabac jusqu’au filtre, jusqu’à la dernière molécule d’herbe à Nicot.


Il était temps maintenant de s’administrer l’antidote. Il décapsula une dose et se l’administra. Puis il rangea soigneusement la boîte dans son trou et la recouvrit d’une épaisse couche de terre.


Il regagna le parking, remonta dans sa nacelle et fit la route en sens inverse. En traversant l’esplanade devant la tour de la chaîne, son cœur faillit s’arrêter de battre. Il se trouva nez à nez avec une patrouille !


  • — Bonjour, Brigade des Stups, voulez-vous vous soumettre à un contrôle ?
  • — Je peux refuser ?
  • — Si vous refusez, vous serez considéré comme suspect, et le contrôle aura lieu au poste.
  • — Euh… oui alors.
  • — Soufflez dans le ballon.

Lucas pensa que sa carrière si prometteuse pourrait bien s’arrêter là, au pied de son bureau, devant l’immeuble qui devrait voir sa consécration dans un mois. Il souffla. Il allait savoir si les quelques milliers d’euros qu’il avait dépensés pour acheter les doses avaient été bien utilisés, ou s’il s’était fait avoir comme un bleu. Le réactif du tabacotest vira.


  • — Vous avez fumé ! Vous êtes suspecté de crime contre la Constitution !
  • — Non, je n’ai pas fumé ! C’est faux ! Faites-moi la prise de sang, vous verrez.

Lucas faisait semblant d’être plein d’assurance, citoyen injustement accusé drapé dans sa dignité, mais il n’en menait pas large.


  • — Comme vous voulez. Si vous êtes joueur ! Mettez le doigt là-dedans.

Lucas glissa son doigt dans l’appareil portatif d’analyse. Il sentit la piqure de l’aiguille.


  • — Dans deux minutes, nous serons fixés. Bonnet, préparez les menottes.

Le journaliste n’était pas croyant, mais durant ces deux minutes il invoqua toutes les divinités qu’il connaissait.


  • — Alors, verdict… Non, pas de présence de nicotine dans le sang… Excusez-nous monsieur… Eveno, ces ballons ne sont pas très fiables. Vous êtes libre.

Lucas poussa intérieurement un grand soupir de soulagement. Il avait frôlé la catastrophe, mais la substance qu’il s’était injectée avait bien fait disparaître toute trace de nicotine. C’était cher, certes, mais il ne finirait pas sa vie en prison.


Il rejoignit son bureau sans demander son reste.



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  • — Raymond, écoute, on est le 21, cela fait presque un mois que l’on cherche, et on n’a toujours rien trouvé. On n’a même pas l’ombre d’une piste sur l’origine du problème. On ne peut plus attendre, il faut l’annoncer au Président.
  • — Oui, tu as raison… Mais je suis toujours réticent à lui dire cela sans lui expliquer comment c’est arrivé. Et ma crédibilité de scientifique ?
  • — Tu es la plus grande sommité en recherche médicale que ce pays a connue depuis Pasteur ! Tu es le père du vaccin contre la grippe A. Dois-je te rappeler que trois milliards de vaccins ont été fabriqués grâce à toi ? Tu as sauvé trois milliards de vies humaines, Raymond, plus que tous les hôpitaux, les pompiers et les superhéros réunis depuis la création du monde ! Si toi tu n’es pas un scientifique crédible, qui le sera !
  • — Oui… tu as sans doute raison.

Raymond Picard était tiraillé entre l’urgente nécessité de prévenir et l’absence d’explication rationnelle à ce phénomène incroyable. Mais son confrère avait raison, ils n’avaient déjà que trop attendu. La mort dans l’âme, il appela l’Élysée. Après quelques minutes de discussion avec différents filtres, il fut enfin mis en relation avec le Président.


  • — Professeur Picard, bonjour ! Que me vaut le plaisir ?
  • — J’ai bien peur que ce ne soit pas un plaisir, Monsieur le Président.
  • — Ah ? Expliquez-moi cela, professeur.
  • — Je ne peux pas vous en parler par Connecteur. J’ai besoin de vous voir, de toute urgence !
  • — Professeur, mon agenda est très chargé en ce moment. Il ne vous aura pas échappé que 10% du territoire des Pays-Bas sont désormais recouverts par la Mer du Nord, du fait du réchauffement climatique. Ce pays étant celui qui a la plus forte densité de population de l’Union, le reste de leur pays ne leur permet pas de reloger ces malheureux qui ont tout perdu. L’Allemagne, la Belgique et la France ont été appelées à l’aide pour accueillir ces deux millions de réfugiés. Vous comprendrez que cela occupe mes journées ! De plus, nous avons nos propres problèmes en Charente-Maritime.
  • — Monsieur le Président, j’insiste, la découverte que j’ai à vous exposer est d’une importance capitale.
  • — Une découverte scientifique peut bien attendre quelques jours, non ?
  • — Pas celle-là, Monsieur le Président, pas celle-là.
  • — Bon, Professeur Picard, je veux bien vous croire, vous n’êtes pas réputé pour être un farfelu. Venez me voir demain à 16 heures.
  • — Merci Monsieur le Président. À demain.

Raymond Picard soupira profondément. De toute sa longue carrière, il n’avait jamais eu un tel poids sur les épaules.


  • — Alors ?
  • — Demain à 16 heures.
  • — C’est bien. Repose-toi ce soir, essaye de ne plus y penser, tu auras besoin de toutes tes forces demain.
  • — Oui… je crois que ce soir je vais regarder la télé, je voudrais bien voir quelle est cette fameuse émission dont ils nous rebattent les oreilles depuis un moment. Ça me fera du bien d’oublier pendant quelques heures.


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Léa retint sa respiration. Dans deux minutes elle saurait. Après plusieurs essais infructueux, elle avait réussi à activer le mode « analyse de sang » de son Connecteur. Ses concepteurs l’avaient initialement prévu pour permettre aux diabétiques de surveiller en temps réel leur glycémie puis progressivement des demandes complémentaires avaient été intégrées dans le protocole. On pouvait désormais demander à son Connecteur toutes les analyses simples, en premier lieu desquelles figurait le taux d’hormones HCG.


Le résultat s’afficha en clair dans le cerveau de Léa. Vous êtes enceinte. Elle ne put retenir des larmes de joie. Elle se mit à danser, seule dans l’appartement, les bras resserrés contre son corps comme si elle portait un bébé.


  • — Marie, ma petite Marie, Maman t’aime, chuchota-t-elle tendrement.

Elle se mit à penser à l’avenir, à sa fille qui grandirait, qui jouerait avec les fils que venaient d’avoir ses deux meilleures amies. Elle sourit en imaginant que peut-être elle se marierait avec l’un d’entre eux.



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Raymond Picard se servit un whisky et s’installa dans son canapé pour regarder la télévision. L’écran avait beau avoir disparu de son salon, il n’arrivait pas à se défaire de cette habitude remontant à l’époque pré-Connecteur.


L’émission commença.


  • — Mesdames et Messieurs, bonsoir. Bienvenue sur notre grande soirée d’information, qui fera date dans l’histoire de notre siècle ! Quand vos petits-enfants vous en parleront, vous pourrez dire « j’y étais, je l’ai vu, je m’en souviens comme si c’était hier » !

Le professeur détestait le baratin de ce présentateur, qu’on retrouvait immanquablement à chaque grand évènement de cette chaîne. Il maugréa contre la télévision-spectacle, mais continua à « regarder » malgré tout.


  • — Bien, nous vous avons fait assez attendre, chers téléspectateurs. Il est temps maintenant d’entrer dans le vif du sujet, tout de suite après une courte pause.

Le cher téléspectateur coupa le son pour épargner à son cerveau l’agression des messages publicitaires, et pesta de plus belle.


  • — Nous voici de retour pour la suite de notre grande soirée. Sans plus attendre, je vais vous révéler ce qui va devenir le plus grand scandale de l’histoire du monde moderne.

Un jingle du plus mauvais goût, qu’on pouvait assimiler à un roulement de tambour, retentit.


  • — Mesdames et Messieurs, vous avez tous entendu parler de la Shoah, de l’Holocauste, des camps d’extermination qui ont existé pendant la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1940. Cet inacceptable génocide a fait selon les estimations les plus sérieuses environ six millions de morts.

Quelques images des camps défilèrent rapidement sur une musique funèbre.


  • — Six millions de morts… C’était au vingtième siècle. Eh bien ce soir, nous allons vous révéler l’existence d’un holocauste bien plus terrible encore ! Un génocide organisé, méconnu, qui a eu lieu il y a moins de vingt ans !

Le présentateur se tut quelques instants pour ménager ses effets.


  • — Oui, vous avez bien entendu, il y a moins de vingt ans, au XXIe siècle ! Mais cette fois ce n’est pas l’œuvre d’un fou, ou d’une population fanatisée, dirigée contre un groupe religieux particulier. Non, mesdames et messieurs, la vérité est bien plus terrible, bien plus accablante ! Nous parlons d’une œuvre de destruction commanditée par plusieurs gouvernements à travers le monde, d’une politique sciemment menée pour se débarrasser des éléments jugés indésirables par certains des dirigeants de l’époque ! Et le nombre des victimes de ce qu’il faut bien appeler massacre est sans commune mesure avec celui que nous évoquions il y a quelques instants. Mesdames et messieurs, chers téléspectateurs qui nous regardez en ce moment même, les victimes de ce nouvel holocauste sont au nombre de…

L’animateur laissa ses paroles en suspens quelques secondes.


  • — Trois cent cinquante millions ! Oui, trois cent cinquante millions de morts au XXIe siècle !

Le nombre s’afficha en gros caractères en fond d’écran.


  • — Je vous entends d’ici, chers téléspectateurs, dire « mais c’est impossible, nous le saurions si un tel génocide avait eu lieu, nous l’avons vécue cette période ! ». Vous avez raison, vous l’avez vécue, et vous êtes tous au courant ! Dans quelques instants, je vous révélerai ce que vous n’avez pas vu. Observons d’abord une courte pause publicitaire.

Pierre Le Laid se frotta les mains. Il avait branché son Connecteur sur Édith, rubrique Audience. Le taux d’écoute était passé de 52 % au début de l’émission à 87 % lors de l’annonce. Tout laissait à penser que l’écran publicitaire laisserait le temps aux retardataires de se brancher sur le programme, pour battre le record historique d’audience.


  • — Bienvenue à ceux qui ne nous rejoignent que maintenant. Vous avez raison de nous regarder, vous auriez manqué le plus formidable évènement médiatique de ce siècle. Comment est-ce possible, me disiez-vous, comment y a-t-il pu avoir trois cent cinquante millions de morts à travers le monde sans que nous en soyons informés ? Et je vous disais que vous en étiez informés. En effet, ce génocide porte un nom que vous connaissez tous ! Et ce nom c’est… pandémie de grippe A !

Raymond Picard bougonna. N’importe quoi, un virus n’est pas une arme élaborée par qui que ce soit, il était bien placé pour le savoir. Ces journalistes sont vraiment prêts à dire toutes les contre-vérités pour faire de l’audience.


  • — Mais je vous arrête, chers téléspectateurs, car je vous entends vous récrier. Dans cette pandémie, ce n’est pas le virus qui est en cause. Ce n’est pas lui l’instrument du massacre. Non, mesdames et messieurs, la vérité est bien plus terrible, bien plus accablante !

Le présentateur fixa la caméra droit dans les yeux.


  • — L’arme, c’est le vaccin ! Chers téléspectateurs, ce soir, nous allons diffuser un reportage, nous allons vous montrer des documents, nous allons vous faire écouter des témoignages, nous allons vous apporter des preuves irréfutables que le vaccin n’a sciemment pas été administré à différents groupes de population que les gouvernements de l’époque jugeaient indésirables. En France, n’ont pas été vaccinés les immigrés clandestins, les gens du voyage, les marginaux et toutes les personnes ne bénéficiant pas de la couverture maladie. Aux États-Unis, le taux de vaccination parmi la population afro-américaine ou d’origine hispanique a été très largement inférieur à celui de la population « blanche ». En Russie, aucun vaccin n’a franchi la frontière tchétchène. En Turquie c’est la minorité kurde qui n’a pas été vaccinée. Quant à l’Afrique subsaharienne, ce sont 95 % de la population qui n’ont pas été protégés. Les résultats de cette politique d’exclusion, je le répète délibérée, tout le monde les connaît : vingt millions de morts en Europe, cinquante millions en Amérique du Nord, soixante-dix millions en Amérique Centrale et du Sud, cent dix millions en Asie et cent millions en Afrique ! Au total trois cent cinquante millions de victimes ! Ce soir, nous vous révélons un scandale passé inaperçu, un génocide d’une ampleur inégalée, pour que les générations présentes et futures en tirent les enseignements qui s’imposent.

Le professeur Picard, comme tous les téléspectateurs de l’émission, encaissa le choc. Son esprit tournait à plein régime pour se remémorer les évènements de cette période dont il fut un acteur essentiel. Il passait en revue les décisions prises sur la politique de vaccination à la lumière de ce nouveau jour. Soudain son sang se glaça. Son verre lui échappa des mains et se brisa sur le sol. Le déclic venait de se produire, il venait de comprendre.


Il prit sa décision en quelques secondes. Il n’aurait pas la force d’affronter la réalité. Mais il devait prévenir Georges Bredoux, lui laisser les clés du mystère avant de partir. Il composa un message retardé à l’intention de son confrère qu’il envoya par Connecteur.



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Toute la rédaction était présente au débriefing, le lendemain de l’émission. Pierre Le Laid trônait en bout de table, triomphant. À sa droite Lucas Eveno affichait un sourire qu’il ne parvenait pas à réprimer.


  • — On a tout pété hier soir, les gars ! 96 % de parts d’audience ! On a pulvérisé le record de ces enfoirés de l’autre chaîne !

Il projeta sur l’écran géant les taux d’audience transmis en temps réel par Édith au cours de la soirée.


  • — Avec notre nouveau système de coût de la pub par % d’audience, on a fait hier soir plus de recettes que toute l’année dernière ! Félicitations ! Lucas, je vous nomme directeur de l’information. J’attends de vous que vous nous pondiez plein de sujets comme celui-ci.
  • — Merci Patron, j’essaierai de me monter digne de votre confiance.

Lucas ajouta pour lui-même.


  • — Et bientôt je serai à ta place, vieux con !


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Le ministre de l’Intérieur enrageait. Le Président lui avait passé une sacrée soufflante la veille au soir, pendant la diffusion de l’émission, parce qu’il n’avait rien vu venir. Il allait falloir revoir tous les programmes de veille d’Édith.


L’avènement du Connecteur avait grandement simplifié la vie de ses utilisateurs. Beaucoup d’objets de la vie courante d’avant avaient disparu grâce à lui. Plus besoin de s’encombrer d’un téléphone, d’une télévision, d’un écran d’ordinateur, car tout ce qui était interface homme-machine était désormais assuré par le Connecteur. Chacun louait cet immense pas en avant dans l’amélioration de la vie quotidienne.


Mais les citoyens, qui faisaient la queue pour se faire implanter ce sésame du monde virtuel, n’étaient pas informés de toutes les applications de cette puce d’un genre nouveau. Ils ne savaient pas, par exemple, que toutes les informations qui transitaient par leur Connecteur étaient enregistrées, stockées ad vitam æternam, dans le fichier central Édith. En consultant Édith on pouvait tout savoir de la vie de son possesseur : les programmes qu’il regardait à la télévision, les coups de téléphone qu’il avait passés et leurs contenus, le nombre de fois qu’il avait mis en marche sa machine à laver, les sites qu’il avait consultés sur internet, sa localisation seconde par seconde grâce au GPS intégré, etc. Absolument tout était consigné dans le gigantesque fichier central, dont on ne finissait pas d’augmenter la capacité de stockage.


Les ministères de l’Intérieur, de la Défense, des Finances avaient développé des programmes qui scannaient Édith à la recherche de mots-clés, de chiffres ou d’informations. La sûreté du territoire, la lutte contre le terrorisme ou contre la fraude fiscale avaient été grandement améliorées par ce système.


Mais la fonction la plus tue du Connecteur, son secret le mieux gardé, était son pouvoir de tuer son possesseur. Sur ordre du Président de la République, et de lui seul, l’onde mortelle pouvait être émise, provoquant la combustion de la puce, grillant instantanément le cervelet. Quand le déploiement des Connecteurs serait terminé, quand toute la population serait équipée, cette onde deviendrait l’arme absolue, la plus puissante, la plus précise jamais inventée. La bombe atomique pourrait alors orner les musées militaires.


Une petite partie de la population, considérée comme éléments clés du système, dirigeants, scientifiques de haut niveau, avait toutefois été informée d’une application possible du Connecteur. En cas de danger, sécurité de l’Etat compromise, menace de vol d’un secret scientifique, capture par une puissance ennemie, on pouvait par le biais d’une succession bien précise de pensées envoyer à sa puce un ordre de suicide.



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Georges Bredoux se réveilla les idées confuses. Les révélations de l’émission de la veille l’avaient bouleversé. Il sentait sa responsabilité de scientifique médical engagée dans la gestion de la crise pandémique, dix-huit ans plus tôt. La politique de vaccination avait été définie par un comité regroupant les autorités politiques et médicales. Le comité l’avait consulté, bien qu’à l’époque il ne fût pas encore directeur de l’Institut Pasteur mais « simple » chercheur en épidémiologie. Il n’avait rien trouvé à redire aux décisions prises alors par ces sages.


Son Connecteur lui signala l’arrivée d’un message retardé du professeur Picard. Il en prit connaissance.



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  • — Maman a été tuée par ces salauds !
  • — Mais non Léa, calme-toi, on ne pouvait pas vacciner tout le monde à l’époque. Tout a été trop vite, l’épidémie a submergé le monde d’un coup, il était impossible de sauver tout le monde. Tu devrais plutôt t’estimer heureuse d’avoir été vaccinée, toi. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui tu es en vie et que tu portes notre petite Marie.


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  • — Je ne peux pas vous recevoir, monsieur Bredoux, j’attends le professeur Picard d’une minute à l’autre.
  • — Je sais. Le professeur Picard ne viendra pas, monsieur le Président. Il s’est grillé le cervelet hier soir. Je suis venu vous délivrer le message qu’il comptait vous donner lui-même.
  • — Que s’est-il passé ? Pourquoi a-t-il mis fin à ses jours ?
  • — Je vais vous le dire. Je vais tout vous expliquer, depuis le début.


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Le directeur des Renseignements généraux prit en tremblant l’appel du ministre de l’Intérieur. Ce genre d’appel ne présageait rien de bon.


  • — Blandin, vous me foutez ce salopard de Lucas Eveno sous surveillance permanente. Je veux un rapport d’Édith toutes les heures, je veux tout savoir sur ce que cet enfoiré fait. Vous me passez sa vie au peigne fin, accointances politiques, maîtresses, traficotages en tous genres. Il faut me démolir ce salaud, le discréditer, prouver qu’il a tout inventé, tout fabriquer de toutes pièces !
  • — Monsieur le Ministre, je me suis permis de prendre les devants. J’ai peut-être trouvé quelque chose d’intéressant. Il y a un mois il a passé un contrôle au tabacotest. Positif, mais l’analyse de sang a été négative. Mais vous savez comme moi quelles substances circulent sous le manteau pour effacer les traces. Voulez-vous que je creuse dans cette direction ?
  • — Foncez Blandin, foncez ! Si on peut prouver que ce petit morveux est un toxicomane de la pire espèce, mettant en péril les fondements même de notre société, la crédibilité de son reportage s’effondrera d’elle-même. Et une fois derrière les barreaux, on pourra s’occuper de lui comme il faut !


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  • — Asseyez-vous. Je vous écoute, monsieur Bredoux.
  • — Monsieur le Président, je suis venu vous annoncer la fin de l’humanité.
  • — Je vous demande pardon ?
  • — La fin de l’humanité. Du moins, telle que nous la connaissons aujourd’hui.
  • — Vous plaisantez, je suppose ?
  • — Pas le moins du monde, monsieur le Président.

Le Président resta interdit. Il fixa son interlocuteur dans les yeux, et n’y trouva que le poids de cette révélation. Il lui fit signe de s’expliquer.


  • — Tout a commencé il y a cinq ans, par un rapport de l’INSEE qui constatait une baisse du taux de natalité. Rien d’alarmant a priori, ce taux est sujet à variation d’année en année. L’année suivante, le phénomène s’est confirmé et amplifié. Il en a été de même la troisième année. L’INSEE a alors diligenté une étude plus profonde. Il est apparu que cette baisse des naissances ne concernait que les bébés de sexe féminin. Il naissait moins de filles que de garçons, dans une proportion grandissante.

Le chef de l’État suivait attentivement les explications.


  • — L’année dernière, l’INSEE a saisi l’INSERM pour trouver la cause de ce changement. Le professeur Picard a mené les études. Il ne m’en a révélé les résultats que très récemment.

Georges Bredoux marqua une pause, conscient de la gravité de ce qu’il s’apprêtait à dire.


  • — Ce que je vais vous expliquer maintenant est un peu technique.
  • — J’ai fait Polytechnique !
  • — Certes, mais je vais vous parler de génétique. Je vais essayer d’être le plus clair possible.
  • — Faites donc.
  • — Vous savez que le génome humain est composé de vingt-deux paires de chromosomes plus une paire de chromosomes dits sexuels.

Le Président acquiesça.


  • — Les chromosomes sexuels sont appelés XX chez la femme et XY chez l’homme. Lors de la génération des cellules reproductives, ovules ou spermatozoïdes, la paire de chromosomes se scinde, chaque cellule recevant la moitié du patrimoine génétique de l’individu. Ainsi, nous avons les ovules qui contiennent obligatoirement un chromosome X, et les spermatozoïdes qui contiennent soit un X, soit un Y.
  • — Je sais tout cela, monsieur Bredoux.
  • — Je n’en doute pas, mais il était nécessaire de le rappeler pour la compréhension de ce qui va suivre. Ainsi donc, ce qu’a découvert le professeur Picard, c’est que, pour une raison qui nous était inconnue jusqu’à hier soir, une altération des chromosomes X s’est produite. Cette altération, cette mutation, appelez-la comme vous voulez, n’intervient que lors de la fusion du bagage génétique de l’ovule et du spermatozoïde, c’est-à-dire à la fécondation. Quelque chose vient s’ajouter au chromosome X à ce moment précis, rendant impossible la formation d’une paire de chromosomes XX. En revanche, cet ajout sur le X n’est pas gênant s’il s’agglomère à un Y. L’enfant mâle issu de cette fécondation sera simplement porteur de cette anomalie, sans que cela gêne en quoi que ce soit sa vie future. Il ne pourra simplement plus enfanter de fille.
  • — Attendez monsieur Bredoux, vous êtes en train de me dire qu’il ne peut plus y avoir de naissance de filles ?
  • — Oui, monsieur, c’est exactement cela. La gent féminine est une espèce en voie de disparition.
  • — Mais… comment ? Pourquoi ?
  • — C’est ce que nous avons cherché, le professeur Picard et moi-même, pendant de très longues heures, sans rien trouver. Jusqu’à ce que, brutalement, hier soir, il comprenne. La raison de cette mutation est aussi celle de son suicide.
  • — Je suis curieux de savoir.
  • — Le vaccin contre la grippe A. Le professeur Picard est celui qui l’a découvert, dès le début de ce qui n’était encore qu’une épidémie, pas une pandémie. Les laboratoires pharmaceutiques ont commencé à en produire fin 2008 – début 2009.
  • — Oui, et alors ?
  • — Rappelez-vous cette période, monsieur le Président. Vous n’étiez pas au gouvernement à cette époque, mais vous avez vécu la pandémie. En octobre 2009, la pandémie redoutée a commencé. Timidement d’abord, quelques cas isolés partout dans le monde. Puis soudainement, en février 2010, la contagion s’est accélérée. La demande de vaccins a explosé. Les laboratoires n’arrivaient pas à produire suffisamment de doses. Ils ont augmenté leur capacité de production, mais alors un deuxième problème est apparu.
  • — Lequel ?
  • — Le manque de matière première. L’excipient utilisé est tombé en rupture mondiale. On savait produire la molécule active, mais on n’avait plus rien pour la diluer. Alors, tous les laboratoires, par cas de force majeure, se sont mis à utiliser un nouvel excipient.
  • — Je ne savais pas.
  • — Non, cela était apparu comme un détail à l’époque. Seulement, face à l’urgence de la situation mondiale, ce nouveau mélange n’a pas pu être testé cliniquement avant sa mise sur le marché, ce qui est le protocole normal pour n’importe quel médicament. Le professeur Picard a été consulté, et il a validé cette nouvelle formule. Les laboratoires ont alors fait tourner leurs chaînes de production à plein régime pour satisfaire la demande. L’objectif premier a été atteint puisqu’au total, ce sont trois milliards de vaccins qui ont été fabriqués et injectés. Trois milliards de vies sauvées.
  • — Et c’est ce nouveau mélange qui est responsable de l’altération du chromosome X ?
  • — C’est la seule explication possible. Je n’ai pas eu le temps de faire les analyses, mais je suis persuadé qu’elles confirmeront cette hypothèse.
  • — Mais si vous dites vrai, on aurait dû constater la baisse des naissances très rapidement.
  • — Non, car tout le monde n’a pas été vacciné. Comme à chaque menace de ce type, la politique a été de vacciner d’abord les populations à risque, c’est-à-dire les personnages âgés, les femmes enceintes et les enfants de moins de dix ans. Sur les grossesses en cours la mutation n’a pas eu lieu puisqu’elle intervient au moment de la fécondation. Et les enfants qui avaient moins de dix ans en 2010 ne commencent que maintenant à avoir des enfants. Nous sommes en face de la plus gigantesque bombe à retardement de l’histoire de l’humanité.
  • — Cette mutation est-elle réparable, ou peut-on en contourner les effets ?
  • — Théoriquement, oui. Mais en pratique, c’est impossible. Cela suppose que toutes les fécondations aient lieu in vitro et que l’on manipule les chromosomes X. C’est faisable au cas par cas, mais pas à l’échelle d’une population.

Le Président resta songeur un long moment.


  • — Si je vous ai bien suivi, tous les individus qui ont été vaccinés contre la grippe A ne peuvent plus engendrer de filles.
  • — C’est exact.
  • — Le corollaire de cette situation, c’est que les individus qui n’ont pas été vaccinés le peuvent toujours.
  • — Vous avez bien compris.
  • — Donc, en schématisant à l’extrême la situation, ce sont les populations qu’un journaliste arriviste nous accuse d’avoir voulu exterminer qui sont l’avenir de l’humanité…
  • — En effet, monsieur le Président, les générations futures ne seront pas de type caucasien, mais d’origine africaine, asiatique ou sud-américaine. La race « blanche » est appelée à disparaître.

Le Chef de l’État réfléchit encore un instant.


  • — Vous m’avez bien dit que le phénomène était réversible au cas par cas ?
  • — Oui, en théorie.
  • — Alors, je vais vous confier une mission, monsieur Bredoux.


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Pierre Le Laid apparut en personne sur l’écran.


  • — Mesdames et messieurs, je tiens à vous présenter personnellement les excuses de toute la chaîne, de nos actionnaires et de notre rédaction pour le reportage inepte que nous avons diffusé hier soir. Nous avons appris aujourd’hui que Lucas Eveno était un fumeur. Vous aurez compris que son documentaire était une mascarade destinée à saper les piliers de notre société. Tout était faux, inventé, truqué par cet esprit malade.

La voix du ministre de l’Intérieur retentit dans son Connecteur.


  • — C’est bien. Maintenant, disparaissez !


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Georges Bredoux donna les ordres nécessaires pour transformer l’Institut Pasteur en centre de fécondation in vitro. Le Président de la République l’avait nommé responsable du Projet Noé.


Désormais, toutes les fécondations d’enfants de ministres, de chercheurs, de militaires, de dignitaires, en un mot de ce que le gouvernement appelait l’élite, auraient lieu dans ses laboratoires.



oooOOOooo



Huit mois plus tard, Léa accoucha d’un fils, qu’elle prénomma Raymond en hommage à celui qui l’avait sauvée, dix-huit ans plus tôt.






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Erotisme torride

Tendre Amour

Bon Scénario

Belle Ecriture

Plein d'Humour

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n° 13456Zébulon12/09/09
In sexo veritas
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32314 caractères      
Auteur : Zébulon

Le jet stratosphérique Boston-Paris se posa à l’aéroport Charles de Gaulle une heure après avoir quitté la Nouvelle-Angleterre. Lizzie McCormick posa enfin le pied sur le sol français. Francophile convaincue, elle rêvait de ce voyage depuis des années. Il lui avait fallu attendre Harvard et son sujet de thèse pour que son espérance devienne réalité. Son séjour était payé par le gouvernement américain, auquel elle avait réussi à vendre les futures conclusions de son travail de recherche. Elle était bien décidée à profiter du mieux possible du temps qu’elle passerait sur cette terre de romantisme, et notamment de mener à bien son étude très personnelle sur les mérites comparés des amants français et américains. Elle pénétra dans la salle des arrivées et scruta les personnes présentes à la recherche de son hôte.


Thomas Dubois regardait la file interminable des mille deux cent quarante passagers que n’en finissait pas de déverser le couloir des arrivées. À chaque fois qu’il voyait une femme seule franchir la porte, il brandissait la pancarte mentionnant le nom de son invitée, espérant que l’Américaine ne soit pas le laideron en jupe orange ou l’obèse en survêtement. Son cœur fit un bond quand il vit une belle jeune femme brune aux cheveux longs, habillée d’un pantalon moulant et d’un chemisier très échancré, lancer un regard interrogateur sur l’assemblée. Pourrait-elle être celle qu’il attend ? Il agita le panneau dans sa direction. La jeune femme se dirigea vers lui.


  • — Miss McCormick ?
  • — Oui.
  • — Thomas Dubois, je suis l’envoyé du ministère. Bienvenue en France.
  • — Merci. Je suis très heureuse de fouler enfin le sol de votre pays.
  • — Vous parlez très bien le français.
  • — Je l’ai étudié très longtemps. J’aime beaucoup la France.
  • — Eh bien, j’espère que la France sera digne de l’amour que vous lui portez.

Je vais tout faire pour, ajouta-t-il intérieurement.


  • — Mon administration n’a pas été très explicite sur la nature de votre mission, et par conséquent de la mienne. Je sais juste que je dois vous montrer tout ce que vous demanderez à voir, et vous expliquer tout ce que vous demanderez à comprendre. Pouvez-vous m’en dire un peu plus, Miss McCormick ?
  • — Bien sur, c’est très simple. Mais peut-être pouvons-nous nous asseoir pour en discuter ?
  • — Oui évidemment. Suivez-moi, nous disposons d’un petit salon privé où nous serons à l’aise.

Le jeune fonctionnaire se fraya un passage parmi la foule des arrivants et des personnes venues les accueillir, ouvrant la voie pour sa charmante invitée. Une fois dans le couloir, ils purent marcher côte à côte. Ses yeux ne purent s’empêcher de plonger régulièrement dans le décolleté qui cheminait à sa gauche. Ils parvinrent enfin au lounge réservé aux personnalités, où ils s’installèrent confortablement l’un en face de l’autre.


  • — Je vous écoute, Miss McCormick.
  • — Tout d’abord, appelez-moi Lizzie. Nous allons passer quelque temps ensemble, nos relations seront moins formelles de la sorte.
  • — Soit. Vous pouvez m’appeler Thomas.
  • — Merci. Eh bien, Thomas, je suis étudiante en économie. Je prépare actuellement mon doctorat à l’université de Harvard, Massachusetts.
  • — Félicitations.
  • — Mon sujet de thèse est celui qui me passionne depuis des années : la France. La France est en passe de devenir la locomotive économique du monde occidental. D’un petit pays frappé de lourds handicaps, sclérosé par tant de rigidités socio-économiques, vous vous transformez année après année en puissance incontournable, alors que les États-Unis s’enfoncent de plus en plus dans la récession. Je veux comprendre les raisons de cette success-story .
  • — Ah, c’est donc ça. Eh bien, je vais vous expliquer. Mais je vous préviens, vous risquez d’être surprise !
  • — Surprenez-moi, Thomas, surprenez-moi !

En disant cela, elle croisa les jambes. Thomas eut soudain un flash, l’image d’une scène d’un très vieux film où l’actrice principale, assise face à plusieurs hommes en salle d’interrogatoire, dévoile fugacement son intimité en faisant ce même mouvement. Il regretta que Lizzie ne soit pas vêtue d’une jupe plutôt que d’un pantalon. Il chassa bien vite cette pensée de son esprit, il était en mission pour le ministère, pas en séance de séduction.


  • — Bien, commençons par le commencement. Replaçons-nous au début des années 2010. Le monde occidental connaissait sa plus grave crise économique depuis celle de 1929, qui avait particulièrement touché votre pays, Lizzie. Je me souviens avoir lu à ce sujet dans ma jeunesse un très vieux, mais néanmoins excellent, livre The grapes of wrath de votre compatriote John Steinbeck.
  • — C’est devenu un classique chez nous, encore plus depuis quelques années.
  • — La crise de 2010 était bien plus grave que celle de 1929, en ce sens qu’elle annonçait la fin du modèle économique dont 1929 marquait le début. L’économie occidentale était basée sur une richesse que l’on a longtemps cru inépuisable, le pétrole. Dans les années 2000, on a commencé à prendre conscience de sa raréfaction. Ou plutôt du renchérissement de son prix. Car du pétrole, il y en a toujours aujourd’hui, votre pays est bien placé pour le savoir. C’est simplement son coût d’extraction qui a explosé, car il ne jaillit plus, il faut le pomper à des profondeurs de plus en plus grandes.

Lizzie McCormick écoutait attentivement son interlocuteur. Thomas Dubois ne put s’empêcher d’être troublé par la beauté des yeux verts qui le fixaient. Il se concentra du mieux qu’il put, et continua son exposé.


  • — Nous avons senti alors que nous étions à la croisée des chemins. Soit nous continuions dans la même voie, nous condamnant à alourdir toujours plus la facture énergétique, soit nous développions d’autres solutions, pour défricher une nouvelle route. Votre pays a choisi la première solution, s’assurant à coups de dollars la continuité de son approvisionnement en or noir. La France n’avait pas les moyens de cette surenchère, nous avons donc commencé à réfléchir autrement.
  • — Ah, c’est là que cela devient intéressant ! s’exclama l’Américaine avec l’air d’un enfant à qui l’on a promis un bonbon.
  • — Par ailleurs, notre pays était confronté à d’autres problèmes d’ordre économique ou social. L’agriculture souffrait de surproduction que l’on essayait d’étouffer à coup de subvention, les banlieues s’enflammaient au gré des voitures que l’on incendiait, la menace du chômage rendait nos concitoyens moroses et timorés, les dépenses de santé explosaient un peu plus chaque année, le financement des retraites devenait un problème insoluble. Tous ces problèmes aboutissaient au même résultat : les Français avaient le moral au plus bas. Nous étions devenus un pays triste, paralysé par la peur de l’avenir.

Si elle continue à me regarder comme ça, je vais lui sauter dessus ! pensa Thomas.


  • — Alors nous avons décidé de chercher une solution globale à tous ces problèmes. Nous avons tout mis sur la table et joué aux candides. Nous avons avancé des scénarii, nous nous sommes autorisés à dire « Et si… ». Rapidement nous avons compris quel axe de travail nous devions suivre : le bien-être de nos concitoyens, remonter le moral des troupes. Quand le moral va, tout va ! Quand on veut, on peut !
  • — Et ça a marché, vous avez trouvé des solutions ?

Le fonctionnaire abandonna l’air sérieux et professionnel qu’il s’imposait depuis le début de l’entretien, et afficha un large sourire.


  • — Oui. Mais je pense que maintenant, le mieux est que je vous montre.
  • — Avec plaisir, je suis là pour ça !
  • — Alors, allons-y ! Je vous expliquerai au fur et à mesure.

Il se leva prestement et tendit la main à son invitée pour l’aider à faire de même. Celle-ci s’en saisit. Le bref contact de sa peau provoqua un frisson d’excitation chez Thomas.


  • — Nous allons rejoindre Paris. Le moyen le plus pratique est de prendre le MGV.
  • — Le MGV ? Qu’est-ce que c’est ?
  • — Le Métro à Grande Vitesse. C’est l’ancien réseau R.E.R que nous avons adapté pour y transférer la technologie du TGV, que vous connaissez, bien que vous vous obstiniez à ne pas vouloir l’acheter.
  • — Oui… Vous voulez dire que votre métro roule à 300 km/h ?
  • — En effet. 27 kilomètres nous séparent de la station Châtelet-Les Halles. Nous allons les parcourir en cinq minutes.
  • — C’est impressionnant. Mais… ça sert à quoi ?

Thomas regarda Lizzie d’un air étonné. Elle n’était vraiment pas dans l’état d’esprit qui convenait. Il faudrait qu’elle adopte un mode de pensée moins conformiste si elle voulait venir à bout de sa thèse. Sans cela, elle n’était pas au bout de ses surprises.


  • — Mais à beaucoup de choses, ma chère Lizzie. Cette décision relativement simple et facile à prendre a résolu beaucoup de problèmes.
  • — Ah ?
  • — Oui. Où habitez-vous, Lizzie ?
  • — Dans la banlieue de Boston, pourquoi ?
  • — Combien de temps mettez-vous pour aller à l’Université ?
  • — Ça dépend de la circulation, ça oscille entre trois-quarts d’heure et une heure et quart.
  • — Environ une heure, donc. Matin et soir, c’est-à-dire deux heures par jour. Deux heures par jour que vous ne passez ni chez vous, ni à travailler. Et quand vous partez le matin, vous êtes heureuse de passer une heure dans les bouchons ?
  • — Non, bien sûr. Je préférerais habiter à côté de la fac, mais je n’en ai pas les moyens.
  • — Bien, vous avez tout compris. La diminution importante du temps de trajet a eu plusieurs effets. En premier lieu, les gens ont récupéré du temps pour eux. On estime en moyenne à une heure et demie par jour le temps économisé. Ce temps gagné a été réparti entre travail et famille. Le temps de travail a été augmenté d’une demi-heure par jour, sans travail supplémentaire à effectuer. La conséquence immédiate a été une diminution du stress au travail, car les salariés disposent de plus de temps pour réaliser leurs tâches. L’heure restante a été accordée aux familles. Les parents passent ainsi plus de temps avec leurs enfants et sont moins pressés le matin pour les emmener à l’école ou chez la nounou.
  • — C’est intéressant !
  • — Je ne vous le fais pas dire ! Deuxièmement, les banlieusards ont pu quitter la banlieue, s’éloigner de Paris. La population est désormais mieux répartie sur le territoire autour de la capitale, jusqu’à cent cinquante kilomètres. Le prix de l’immobilier étant moins élevé dans ces régions, les familles ont pu mieux se loger. Le gouvernement a entrepris depuis quelques années une politique de démolition systématique des immeubles en banlieue. C’est la fin des cités, et donc des problèmes qui y étaient liés. Le ministère des Transports travaille actuellement sur l’augmentation de la vitesse du MGV pour autoriser une couverture encore plus large du réseau.
  • — Impressionnant !
  • — Troisièmement, l’augmentation de la vitesse du métro a permis d’accélérer la fréquence des rotations. Avec plus de trains, nous avons des rames moins chargées. La cohue des heures de pointe est un mauvais souvenir désormais. Chaque passager a une place assise.
  • Well done !
  • — Désormais la grande majorité des personnes vivant dans cette région dispose d’une maison avec jardin, ce qui a un autre avantage que je vous expliquerai ultérieurement. Le résultat de cette politique est l’amélioration phénoménale du bien-être des personnes. Fini le « métro-boulot-dodo », le stress des transports, les cadences inhumaines au travail, le blues du dimanche soir. Le moral de la population est remonté en flèche !

Le regard de Lizzie sur le Français changea. Elle était arrivée emplie malgré elle du sentiment de la supériorité américaine, regardant avec condescendance un petit pays folklorique. Elle était en train de s’apercevoir que ce pays n’était pas seulement une attraction touristique, mais qu’il y avait peut-être réellement des idées à piocher, des exemples à suivre.


Leurs pas les avaient conduits jusqu’à la station de MGV. Thomas invita Lizzie à monter dans la rame. Ils s’assirent face à face, à côté d’une fenêtre. Le train démarra. Les deux premières minutes du trajet se déroulèrent en surface avant que le métro ne plonge dans un tunnel. L’Américaine regardait le paysage avec curiosité.


  • — Dites-moi Thomas, quelles sont ces grandes cheminées que l’on voit sur chaque maison ?
  • — Ah, c’est notre solution antipétrole !
  • — C’est ça votre solution pour vous passer du pétrole, vous vous chauffez au bois ?

Thomas éclata de rire.


  • — Non, ce ne sont pas des cheminées ! Ce sont des tubes à effet Venturi.

Un regard d’incompréhension interrogative se lut dans les beaux yeux verts.


  • — Vous ne savez pas ce qu’est l’effet Venturi ?
  • — Non, je n’en ai pas la moindre idée !
  • — C’est très simple. Vous savez que l’air chaud monte, n’est-ce pas ?
  • — Oui, bien sûr.
  • — Si vous avez une cheminée chez vous, vous avez pu remarquer qu’il y a du tirage dans le conduit même quand vous ne faites pas de feu.
  • — Oui, je suis obligée de fermer la trappe pour éviter le courant d’air.
  • — Plus le conduit de cheminée est haut, plus il y a de différence de température entre le haut et le bas, plus le courant d’air est important. L’air est naturellement aspiré vers le haut. L’effet Venturi, c’est l’accélération de la vitesse d’écoulement de l’air quand la section du tuyau diminue.
  • — Oui, et…
  • — Et nous avons profité de ce phénomène naturel, connu depuis des siècles, pour placer dans ce tube des turbines électriques. Pour les maisons individuelles la hauteur du toit n’est pas suffisante, nous sommes obligés d’y accoler un tube plus haut. Mais pour les immeubles c’est directement intégré dans la structure lors de la construction. Nous équipons le ou les tubes d’autant de générateurs que nécessaire pour que le bâtiment puisse produire l’électricité dont il a besoin. Aujourd’hui chaque maison, chaque immeuble est énergétiquement autonome. Nous n’avons plus besoin de construire des centrales de production électrique, nucléaires ou à énergie fossile, puisque les besoins centraux ont considérablement diminué.

Le train s’immobilisa.


  • — Ah, nous sommes arrivés. Bienvenue à Paris, Lizzie !
  • — La capitale du romantisme… J’espère que j’aurai le temps de jouer un peu les touristes pendant mon séjour !
  • — Je vous servirai de guide, si vous voulez.

Lizzie regarda Thomas. Tout compte fait, sous des abords de fonctionnaire méticuleux, il avait un petit côté séduisant. Il pourrait bien être d’agréable compagnie pour des moments de loisir.


  • — Pourquoi pas ? Si cela ne vous dérange pas. Il ne faudrait pas que votre femme me reproche de vous voler à elle…
  • — Je ne suis pas marié ! Je vis seul, s’empressa-t-il de répondre, content de voir qu’elle s’intéressait à sa disponibilité.

Un silence un peu gêné s’installa entre eux. Au bout de quelques secondes, Thomas s’éclaircit la voix et reprit.


  • — Mais en attendant, nous avons encore beaucoup de choses à voir.
  • — Oui, sûrement…
  • — Je vous propose d’illustrer mes propos par une visite à l’hôpital, nous y trouverons tout ce que je veux vous montrer. L’Hôtel-Dieu est à deux pas, allons-y. De plus, nous pourrons joindre l’utile à l’agréable, il est situé sur l’ile de la Cité, devant la Cathédrale Notre-Dame. Et nous passerons par l’Hôtel de Ville pour y aller. Ce sera un peu une balade touristique.

Ils sortirent de la station de métro et se dirigèrent vers la Cité. Lizzie ouvrait de grands yeux pour ne rien perdre du paysage, de l’architecture, des monuments qui s’offraient à elle. Elle oublia complètement pendant la durée du trajet la raison de sa venue. Thomas se garda bien de la lui rappeler et s’employa à faire le guide. Les yeux de la jeune femme brillaient d’excitation. Elle était à Paris, enfin. Son émoi fut à son comble quand ils furent arrivés sur le parvis de Notre-Dame.


  • — C’est ici qu’a vécu Quasimodo, n’est-ce pas ?
  • — Oui, dans ces tours. Et ce sont les pavés que vous foulez actuellement qu’a arpentés Esmeralda. D’ailleurs, je pense qu’elle vous ressemblait, belle à faire tourner la tête de tous les hommes !

Lizzie rougit sous le compliment, et ne sut que répondre. L’émotion d’être dans ce lieu mythique, les avances d’un homme, la ville des amoureux, tout cela lui tournait la tête. Thomas constata son trouble et décida d’en profiter. La visite qu’il s’apprêtait à lui faire faire lui en donnerait l’occasion.


  • — Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos vaches.
  • — Pardon ? Je ne connais pas cette expression.
  • — Je vous rassure, ce n’en est pas une. Entrons à l’hôpital.

Ils franchirent les quelques mètres qui les séparaient de l’entrée du centre de soins. Thomas exhiba sa carte du ministère devant le cerbère de service, qui immédiatement s’effaça pour les laisser passer.


  • — J’ai évoqué au début de notre entretien les problèmes que rencontrait l’agriculture des années 2010. Nous étions confrontés à des surproductions dans tous les domaines, les céréales, les oléagineux et surtout le lait. La politique agricole de l’époque coutait des milliards aux finances publiques, car nous payions les agriculteurs pour qu’ils réduisent leur production. Le comble de l’absurde, vous en conviendrez !
  • — Oui, quand l’État se substitue au marché, c’est toujours absurde !
  • — C’est votre façon de voir les choses, très… américaine. Nous avons pour notre part essayé de trouver une solution globale à ces problèmes. Et le résultat a dépassé nos espérances ! Venez voir par ici.

Le fonctionnaire entraina l’étudiante vers un escalier qui descendait aux niveaux inférieurs. Ils le descendirent et se trouvèrent face à une lourde porte que Thomas ouvrit. D’un geste il invita son hôte à entrer, savourant par avance sa surprise. La jeune femme pénétra dans le sous-sol et s’arrêta brusquement, interloquée.


  • — Des vaches ! Qu’est-ce que des vaches font ici ?
  • — De la chaleur, Lizzie ! Vous avez devant vous la nouvelle génération de chaudière basse température !

L’Américaine se retourna vers lui, et plongea son regard dans celui du jeune homme.


  • — Quand je vous ai demandé de me surprendre, je ne pensais pas que vous y arriveriez aussi bien ! Vous pouvez m’expliquer ?
  • — Bien sûr, je suis là pour ça, non ? Le lait sort des pis de la vache à 39 degrés. Il passe dans un circuit de récupération sur lequel il y a un échangeur thermique. Les calories sont transférées par cet appareil vers le fluide caloriporteur qui circule dans les radiateurs de l’hôpital. Tous les bâtiments collectifs, et beaucoup de maisons individuelles, celles qui disposent d’un jardin notamment, sont équipés de la sorte. Plus besoin de pétrole pour se chauffer !
  • — C’est très ingénieux ! Mais ça ne résout pas le problème des céréales et des oléagineux.
  • — Si. Ces surfaces de culture ont été reconverties en prairie. Il faut bien alimenter en foin toutes ces vaches !
  • — Vous m’impressionnez, Thomas !
  • — Et ce n’est pas fini ! Les vaches produisent des bouses, des quantités énormes de bouse. Nous les récupérons, les mélangeons au lait et laissons fermenter l’ensemble. La fermentation produit de l’éthanol que nous utilisons comme carburant. Nos voitures roulent à la bouse de vache ! Le rendement de ce carburant un peu spécial est très faible en comparaison de celui de l’essence, mais cela n’a aucune importance puisque ce mélange est produit en quantité phénoménale. Aujourd’hui, chacun fabrique son propre carburant à volonté, avec ce que lui donnent sa ou ses vaches. Peu importe que la consommation soit le triple de celle du gasoil ! Là encore, plus besoin de pétrole !

Lizzie McCormick était désormais admirative. Elle n’imaginait pas que ces petits Français avaient pu être aussi ingénieux et imaginatifs. En même temps elle mesurait le chemin qu’il restait à parcourir à son pays pour appliquer le même type de mesures. Sa thèse n’allait pas être si facile à rédiger, et sa crédibilité de chercheuse risquait d’être mise à mal. Mais elle repoussa ces considérations à plus tard, il serait bien temps de s’en préoccuper à son retour.


Thomas affichait un sourire radieux. Il avait pu constater le changement dans l’attitude de Lizzie depuis son arrivée, les différents stades par lesquels elle était passée pour arriver à ce qui ressemblait maintenant à une admiration sans bornes. Le regard qu’elle portait sur lui, le messager, le professeur, avait suivi une évolution similaire. Le fruit avait mûri, il allait bientôt être bon à cueillir. Il fallait maintenant passer à la dernière étape.


  • — Bien Lizzie, il nous reste un grand sujet à aborder, le principal, la véritable clé de la réussite française.
  • — Qu’est-ce que c’est ?
  • — Je vais vous montrer. Montons dans un service de soins.

Thomas invita Lizzie à le précéder dans l’escalier. Il put tout à loisir apprécier la rondeur ferme du fessier de l’Américaine qui se balançait voluptueusement devant ses yeux. L’excitation commença à le gagner.


  • — Tenez Lizzie, prenez à droite, le service d’oncologie.

Lizzie s’exécuta. Ils pénétrèrent dans un long couloir de part et d’autre duquel s’ouvraient les chambres des malades du cancer. En passant devant une porte ouverte, elle écarquilla les yeux. Elle s’arrêta pour mieux voir, et instinctivement se recula un peu pour ne pas être vue.


La scène qui se déroulait devant ses yeux était tout simplement incroyable dans un tel lieu. Une femme nue debout à côté d’un lit était en train de pratiquer une fellation à un patient allongé. En regardant plus attentivement, Lizzie aperçut aux pieds de la femme une blouse. C’était une infirmière ou un médecin. Le patient gémissait de plaisir sous la caresse buccale. La femme s’arrêta de sucer et prit le membre dressé en main. Elle commença une vigoureuse masturbation, et s’adressa au patient.


  • — Ça va mieux, monsieur ?

Celui-ci lui répondit par un signe de tête qui l’encourageait à continuer. L’infirmière varia la vitesse et l’intensité de son mouvement. Le patient hocha la tête en guise d’encouragement. Elle continua encore quelques instants, suivant les indications gestuelles de l’homme allongé. Enfin, une longue coulée de sperme jaillit, que le patient accompagna d’un borborygme.


Lizzie s’empressa de quitter son poste d’observation pour ne pas être découverte, et rattrapa Thomas qui ne s’était pas aperçu de son arrêt. Elle était très gênée d’avoir aperçu cette scène, et d’avoir violé l’intimité du couple en l’épiant. Elle n’osa pas en parler à son guide.


  • — Bien, Lizzie, avant d’entrer dans cette salle, dit Thomas en désignant la porte devant eux, il faut que je vous explique deux ou trois choses.
  • — Je vous écoute, répondit Lizzie, toujours troublée par ce qu’elle venait de voir.
  • — Nous sommes dans le service d’oncologie. Même si le cancer est une maladie bénigne, il peut générer quelques douleurs persistantes. C’est un bon exemple de notre nouvelle politique en matière de santé. Cette politique tient en deux mots.
  • — Qui sont ?
  • — Sexe et placebo !

Les joues déjà rosies de Lizzie virèrent d’un coup au rouge.


  • — Je… je demande votre pardon ? bégaya-t-elle, perdant un instant sa maîtrise de la langue.
  • — Sexe et placebo. Vous savez ce qu’est l’effet placebo, n’est-ce pas ?
  • — Oui… oui.
  • — Le pouvoir de l’esprit sur le corps. Quand on pense que l’on va guérir, on guérit, même sans médicament. N’importe quel médecin vous dira, à l’inverse, que quand un malade a cessé de se battre, il est impossible de le soigner.
  • — D’accord. Mais… pourquoi le… sexe ?
  • — Connaissez-vous l’endorphine, Lizzie ?
  • — Non.
  • — C’est l’hormone du plaisir, sécrétée par l’hypophyse lors de l’effort physique, de l’excitation sexuelle et de l’orgasme. Elle est également produite naturellement en réaction à la douleur. Et savez-vous quelle est sa propriété la plus remarquable ?
  • — Je n’en ai pas la moindre idée…
  • — C’est un analgésique opiacé ! Exactement comme la morphine. Cela veut dire que le corps est capable de s’administrer lui-même un antidouleur comparable à la morphine.
  • — Attendez, vous êtes en train de me dire…
  • — Que nous avons érigé l’orgasme comme remède universel ! Et ça marche !

Lizzie comprit tout à coup la nature de la scène qu’elle avait surprise quelques instants plus tôt.


  • — Tout à l’heure, j’ai vu dans une chambre une femme nue faire une… un… enfin, faire du bien à un malade.
  • — C’était une infirmière qui administrait son traitement à un patient. Avait-il l’air de souffrir ?
  • — Non, pas du tout, au contraire !
  • — Eh bien vous voyez, c’est efficace. Aujourd’hui le paracétamol, l’ibuprofène et la morphine ont pratiquement disparu des rayons des pharmacies. Les patients se soignent eux-mêmes en se faisant un petit plaisir. La formation des médecins et infirmières a été légèrement modifiée pour intégrer cette nouvelle forme de prise en charge de la douleur. L’effet secondaire de tout cela, c’est que comme nos concitoyens sont désormais épanouis sexuellement, ils ont le moral au beau fixe et ils sont moins malades, ils ont moins d’arrêts de travail et l’économie se porte mieux. Le cercle vertueux, en quelque sorte. Nous avons économisé des milliards d’euros de dépenses de santé, dont nous avons pu réaffecter une partie au financement des retraites.
  • — Donc, plus on fait l’amour, mieux le pays se porte ! Je sens que j’aime de plus en plus la France !
  • — Je ne peux que vous y encourager, chère Lizzie ! Je pense que vous êtes prête maintenant à entrer aux « Soins intensifs ».

Il poussa la porte devant laquelle ils s’étaient arrêtés, et fit signe à Lizzie d’entrer. Cette dernière, déjà émue par sa vision précédente, était désormais excitée à l’idée de ce qu’elle pourrait découvrir dans cette salle. Thomas l’avait très bien ressenti, il espérait avec cette ultime étape porter le coup de grâce à ses défenses. Elle entra.


Huit lits étaient disposés dans la grande salle. Tous étaient occupés, par cinq femmes et trois hommes. À côté ou sur chacun des lits se tenaient une ou deux infirmières qui s’occupaient d’apporter intensivement des soins à leur patient. Des râles de plaisir se faisaient entendre de tous côtés.


  • — Avancez, Lizzie. Tenez, venez par ici, venez voir ce cas intéressant.

Thomas posa sa main sur les reins de la jeune femme et la dirigea vers le deuxième lit. Une patiente était allongée, nue, dans une position très indécente. Une infirmière, nue également, avait la tête enfouie entre les jambes largement écartées. Une autre, dans la même tenue, caressait les seins. Thomas entreprit d’expliquer, sans retirer sa main.


  • — L’intensité des soins dépend de l’intensité de la douleur. Il est parfois nécessaire d’être à deux professionnels pour apporter le réconfort nécessaire. Cela dépend aussi de la sensibilité et des préférences sexuelles du patient. Cette femme, par exemple, doit aimer par-dessus tout le cunnilingus. Mais c’est le cas de beaucoup de femmes, je crois…
  • — En effet, Thomas, cette pratique est particulièrement agréable, répondit Lizzie dont le bas-ventre commençait à sérieusement chauffer.
  • — D’autres préfèrent la stimulation des doigts, comme cette femme là-bas.

En disant cela, il fit glisser sa main sur les fesses de l’Américaine, qui presque aussitôt se cambra pour mieux profiter du contact. Thomas avait maintenant une érection qui commençait à devenir douloureuse, comprimée comme elle l’était dans son pantalon de costume.


  • — Vous sentez, Lizzie, l’effet de l’endorphine commencer à se faire sentir ?
  • — Un peu… Vous parliez de formation médicale pour la libérer plus facilement…
  • — En effet, j’ai moi-même suivi un cours de secourisme élémentaire où j’ai appris les techniques de bases. La première chose est d’identifier les zones déclencheuses chez le sujet atteint.
  • — Et comment faites-vous cela ? dit-elle en se penchant en avant et en écartant les jambes.
  • — Soit par tâtonnement, soit sur indication du patient, répondit-il en glissant sa main dans l’entrejambe de la jeune femme.
  • — Et quand vous procédez par tâtonnement, comment savez-vous que vous avez trouvé le bon endroit ?
  • — Par les réactions du patient, Lizzie. Mais très souvent les vêtements sont un obstacle à cette identification.
  • — Il est donc préférable de les ôter, pour le bien du malade, déduisit-elle en déboutonnant son pantalon.
  • — Certes, la réponse aux stimuli est bien meilleure de la sorte, confirma-t-il en faisant de même.

L’infirmière qui léchait avec application le sexe de sa patiente releva la tête. En bonne professionnelle de l’aide aux personnes, elle identifia tout de suite que le couple à côté d’elle avait besoin de ses services. Elle se releva et aida ses voisins à se débarrasser de leur pantalon et sous-vêtements respectifs. Elle fut immédiatement remplacée par sa consœur qui vint prendre place entre les jambes abandonnées.


La queue enfin libérée de Thomas se dressa fièrement sous les yeux de l’infirmière. Celle-ci, n’écoutant que son devoir, la prit goulûment en bouche. Thomas insinua ses doigts dans la fente abondamment lubrifiée de Lizzie.


  • — Certaines femmes n’aiment que la stimulation du clitoris, continua-t-il en joignant le geste à la parole.
  • — Ouiii, beaucoup sont très sensibles à ce niveau-là.
  • — D’autres préfèrent la pénétration d’un ou plusieurs doigts, dit-il en en enfonçant vigoureusement deux dans le vagin largement ouvert.
  • — Et certaines aiment les deux en même temps…

Lizzie se rapprocha doucement du lit voisin où une infirmière embrassait l’homme qui y était allongé. Le sexe de celui-ci était insolemment tendu vers le visage de l’Américaine. Cela lui fit l’effet d’une glace qui ne demande qu’à être léchée, ce qu’elle fit sans plus attendre. Le patient poussa un gémissement qu’on ne pouvait pas prendre pour de la douleur.


L’infirmière suçait toujours la queue bien raide de Thomas, qui se félicita de l’excellence de la formation du corps médical français. Cette petite pompait divinement bien. À ce rythme-là il ne tiendrait pas longtemps. Le cul de Lizzie devant ses yeux lui faisait terriblement envie. L’étudiante américaine mouillait comme une fontaine et il avait une furieuse envie de la pénétrer. D’un geste de la main, il intima l’ordre à l’infirmière d’arrêter la délicieuse fellation qu’elle lui prodiguait avec application. Celle-ci obéit sans dire un mot et s’en alla aider un autre patient.


  • — Attention Lizzie, vous allez bien sentir l’endorphine ! la prévint-il.

Thomas saisit Lizzie par les hanches et s’enfonça brutalement en elle. Elle laissa échapper un petit cri de surprise puis reprit bien vite en bouche le membre avide de succion.


Un long cri masculin, synonyme d’éjaculation, se fit entendre dans la salle. L’infirmière qui avait mené à bien sa distillation d’endorphine se redressa à la recherche de nouvelles douleurs à soulager. Elle vit la femme se faisant prendre en levrette tout en suçant la bite d’un patient. Elle se dit que sa douleur devait être bien grande pour nécessiter autant de soins et résolut de lui apporter un complément de soulagement. D’un mouvement très professionnel, fruit d’une longue pratique en milieu hospitalier, elle vint se placer entre les jambes de Lizzie et entreprit de lui apporter du réconfort à coups de langue sur le clitoris, comme on lui avait enseigné à l’école d’infirmière.


Thomas était surexcité par la vision plongeante qu’il avait derrière lui sur le sexe de la soignante, allongée les jambes écartées entre les siennes. D’une pression des mains sur les hanches de Lizzie, il la fit se baisser un peu, facilitant par là même les soins linguaux, et lui donnant accès à l’entrejambe de la consciencieuse. Tout en continuant à labourer l’Américaine à grands coups de queue, il plongea deux doigts dans le vagin de l’allongée et se mit à la branler frénétiquement.


Lizzie fut contrainte de libérer le sexe du patient de sa prison buccale pour exprimer tout à loisir sa prise de conscience de la montée de son taux d’endorphine. Elle continua néanmoins à prodiguer ses soins à l’aide de sa main droite. La queue de Thomas en elle, la langue de l’infirmière sur son bouton et le sexe vibrant de plaisir dans sa main provoquèrent bientôt un tsunami d’analgésique opiacé que ses neurotransmetteurs, par le biais de ses cordes vocales, accueillirent avec un puissant cri rauque.


La stimulation auditive de l’orgasme de l’Américaine provoqua l’éjaculation simultanée du fonctionnaire et du patient. Les trois corps se retrouvèrent noyés d’endorphine et celui de Lizzie, accessoirement, de sperme.


Satisfaite du résultat obtenu, l’infirmière se releva et demanda doucement à l’oreille de l’étudiante.


  • — Vous vous sentez mieux, Madame ?

Lizzie lui répondit par un soupir. Après avoir repris ses esprits, Thomas remit son caleçon et son pantalon de costume, en digne représentant d’une administration sérieuse. Il s’adressa à Lizzie, toujours affalée tête sur le lit et cul en l’air.


  • — Alors Lizzie, que pensez-vous de la nouvelle France ?

L’Américaine se redressa, sembla réfléchir quelques instants et déclara :


  • — Hmmm… je crois que je vais m’y installer !




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Erotisme torride

Tendre Amour

Bon Scénario

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n° 13471Homme plus du très bon côté de la cinquantaine20/09/09
End of the world ou la fin de la solitude
critères:   fh hplusag inconnu froid pénétratio sf -sf
61691 caractères      
Auteur : Domi Dupon

Septembre 2042, an 26 de l’empire

Quelque part dans le Jura.

Jour 1. Invitée-surprise.



Dans un glissement feutré, la porte/rocher coulisse. Luigi, chaussé de raquettes, sort. À l’approche du crépuscule, la neige tombée durant la journée durcit déjà.


  • — Le réchauffement de la planète ! Qu’est-ce qu’ils nous ont bassinés avec ça ! pense-t-il en avançant péniblement sur le tapis blanc. Ces putains de savants, ils ont juste oublié le bouleversement des courants marins.

En effet, en cet automne 2042, une bonne partie de l’Europe connaît un climat quasi polaire. En été, les températures ne dépassent guère 15°. Dès la fin août, les gelées sont de retour, le sol se recouvre d’une épaisse couche de neige qui perdure jusqu’à la fin mai. À quatre heures de l’après-midi, le thermomètre marque déjà -12°Celsius.


Pourtant, il doit vérifier son antenne parabolique. Depuis plusieurs jours, il ne capte plus rien. La coupure ne vient pas de son installation interne, il l’a vérifiée. Il profite de la première éclaircie depuis une semaine pour tenter d’inspecter sa connexion externe. Cette antenne est le seul lien qu’il s’autorise avec l’extérieur. Quand fuyant le monde, il a fait construire cet ermitage au plus profond des montagnes du Jura, à des heures de marche de toute habitation, il n’avait gardé, pour seul moyen de communication, qu’un téléphone satelliserai. Après deux ans d’isolement quasi total, seulement brisé par deux livraisons de vivres et de matériels, il avait ressenti le besoin d’avoir des nouvelles sur l’évolution de la planète. Bien lui en avait pris, l’heure du chaos approchait. Quand le prince Jean avait succédé à son père à la tête de l’empire, la situation n’était déjà guère brillante. La misère régnait sur toute l’Europe : plus de la moitié de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté. Les émeutes et autres jacqueries se multipliaient sur l’ensemble du territoire. La clique «Un Seul Dieu», alliance entre intégristes chrétiens et musulmans, prenait une influence déterminante depuis que le nouveau souverain avait rejoint ses rangs.


Prévoyant le pire, Luigi avait alors décidé de se protéger. À juste raison, car Jean 1er était loin d’être un aigle. Sous sa direction déficiente, l’empire craqua vite de toute part. Heureusement, il avait fait camoufler et sécuriser son habitation. Grâce aux nouvelles technologies, il bénéficiait d’une autonomie énergétique d’une durée presque illimitée et pouvait si nécessaire subsister plusieurs années en autarcie.


Aujourd’hui, son refuge, totalement fondu dans le paysage, est quasiment indétectable. Seule, sa chaleur corporelle peut le trahir : mais cela demande un équipement très sophistiqué.


Alors qu’à l’aide d’un piolet, il tente de se créer un passage qui lui donnera accès au pied de l’antenne, il sent qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Un bruit ! Un mouvement dans son dos ! Inquiet, il se redresse, se retourne en direction du… c’est alors qu’il l’aperçoit. À quelques dizaines de mètres de son refuge, une silhouette franchit la crête. Immédiatement, l’homme s’accroupit dans le sillon qu’il a creusé, se dissimulant aux possibles regards de l’intrus. Il se demande comment il va pouvoir regagner son abri sans se faire repérer. Une fois à l’intérieur, il serait en sûreté. Sauf s’ils possèdent un détecteur de chaleur. «Ils», car l’autre ne peut être seul.


Avec le manche du piolet, l’homme pratique une ouverture dans la neige fraîche, ouverture qui lui permet de suivre la progression de l’étranger sans se faire voir. Lorsque l’autre, frêle silhouette, entame la descente, Luigi se rend compte qu’il titube, vacille. Manifestement, il n’a pas de raquettes. À chaque pas, il s’enfonce dans la neige jusqu’aux genoux. Pas à pas, pesamment, il s’approche. Alors qu’il n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, il donne l’impression de s’emmêler les pieds. Ralenti cinématographique : il s’écroule dans la neige.


L’homme en profite pour retourner silencieusement vers son abri tout en surveillant le moindre mouvement de la silhouette allongée ; mais elle ne bouge plus. Il débloque la porte/rocher du sas. Encore quelques secondes d’angoisse. Il jette un dernier regard circulaire. Nul mouvement ne vient troubler l’immensité blanche. Apparemment l’intrus serait seul. Si personne ne l’aide, il va mourir de froid. L’homme hésite. Un reliquat d’humanité… Repoussant la porte, il revient sur ses pas. Avec précaution, il s’engage à découvert, s’approche du corps inerte. Un gamin, ce doit être un gamin. Il n’est pas du tout équipé pour survivre dans les montagnes : des chaussures de marche quelconques, un anorak bon marché, une espèce de bonnet fantaisie et des gants de laine. Il n’a vraiment aucune chance. Luigi s’agenouille. Sans aucune peine, il soulève le corps. S’il pèse 50 kg, c’est le bout du monde.



************



Il dépose l’enfant inanimé sur son lit défait. Il se débarrasse prestement de sa combinaison isotherme et la dépose dans le sas. Les vêtements du gosse sont raidis par le froid. Des minis stalactites allongent comiquement les doigts des gants. L’homme monte le thermostat de plusieurs degrés. Il faut que le gamin puisse se réchauffer rapidement. Il ne doit pas être loin de l’hypothermie. Il ne peut pas le laisser dans ses vêtements gelés. Il entreprend de le dévêtir. D’où peut bien venir ce gosse ? Que faisait-il seul loin de tout ? Le village le plus proche est à plusieurs kilomètres. Par les temps qui courent, il ne comprend pas comment un enfant a pu s’aventurer aussi loin.


Maladroitement, il s’attaque aux gants. Le gel les colle aux phalanges. Non sans difficulté, il parvient à les retirer. Il remarque que les doigts du gamin rougis par le froid sont longs et fins. Pourvu que ce ne soit pas une gamine ! Il frotte les mains entre les siennes pour essayer de les réchauffer. Il n’y arrivera pas comme ça. Ne pas paniquer. Faire les choses dans l’ordre.


Il a beaucoup de mal à le déchausser. Il doit couper les lacets car il lui est impossible de défaire les nœuds. Débarrassés des chaussettes, les pieds de l’enfant, menus, cambrés, malgré des attaches quelque peu lourdes, renforcent l’idée que ce peut être une fille. Putain, mais qu’est-ce qu’il va faire ! L’anorak est plus facile à ôter. Les renflements jumeaux qui déforment le haut du pull-over confirment qu’il est bien en présence d’une personne de la gent féminine. Vu le volume, pour le moins une ado. C’est le bouquet.


La vision de cette poitrine se soulevant au rythme de la respiration le stoppe dans son déshabillage. Le cœur bat ; doit-il en être soulagé ou affligé ? Il sait qu’il ne peut la laisser ainsi. Une certaine idée de la décence, un reste d’éducation. Cela le met mal à l’aise.


  • — Merde ! Je ne suis pas en situation d’ergoter ! La morale ! La décence ! C’est pas d’actualité !

Tâchant de faire au plus vite, il la déleste rapidement de son pantalon et de son pull. Pull sous lequel elle n’a qu’un t-shirt blanc tout déformé. Il ne peut s’empêcher de constater l’absence de soutif. Ses tétons de taille plus que respectable pointent sous l’étoffe, sans doute à cause du froid. Par transparence, il devine de larges et sombres aréoles. La culotte, si elle n’a rien de particulièrement sexy, n’est pas une culotte d’enfant. Ça ne le rassure pas plus que ça. Ses sous-vêtements sont légèrement humides. Il sait que ce serait plus sain de les lui ôter, mais il sait aussi que le regard qu’il jetterait sur cette nudité ne serait pas innocent. Il préfère y renoncer.


En la touchant le moins possible, il fait glisser le jeune corps sous les draps. Il la recouvre aussitôt d’une couverture prise dans le tiroir sous le lit. Malgré la froideur cadavérique, il a le temps d’apprécier la délicatesse, le velouté de la peau. Il faudrait l’immerger dans un bain chaud pour que sa température remonte. Malheureusement, son bunker n’est équipé que d’une cabine de douche minimaliste.


Reste le visage ! Le découvrir, c’est donner une réalité, une consistance à la jeune fille. Habité d’une crainte déraisonnable, il a retardé le moment d’y toucher. Devant cette tête qui dépasse de la couverture, coiffée d’un bonnet, chaussée de lunettes de ski, il se sent soudain ridicule. Et quelles lunettes ! Des antiquités ! Il n’en a pas vu de semblables depuis sa lointaine jeunesse. Il les lui enlève. Ses cils noirs, fournis, sont blancs de givre. Les yeux clos lui dissimulent toujours le regard de l’inconnue. Après une dernière hésitation, il s’occupe du bonnet. Le visage lui apparaît dans son intégralité. Un visage de femme, pas d’adolescente. Visage intéressant. Pas vraiment beau. Des traits énergiques. Un nez camus. Des joues rebondies. Coupe de cheveux à la garçonne. Elle respire faiblement, mais régulièrement ; cependant elle ne reprend toujours pas conscience.


  • — Si seulement ma putain d’antenne merdait pas, j’pourrais contacter des secours ou au moins un toubib pour me dire quoi faire ! Et surtout comment me débarrasser de cette emmerdeuse.

Il a fait ce qu’il a pu. Ses mains, ses pieds, voire son visage sont peut-être atteints par des engelures. Il n’y connaît rien. Pas question non plus d’utiliser son «personalmedic» qui est programmé sur son métabolisme et dont il ignore les subtilités de fonctionnement. La température de sa pièce n’excède jamais 19°. Comme il a poussé le thermostat à 22, il crève de chaud. Pas moyen de se promener nu comme il en a l’habitude, il lui faut garder son sweat et son collant ! Si l’autre se réveille…


Si seulement il parvenait à rétablir sa connexion, il pourrait appeler des secours. Il observe la fille. Elle semble calme. Il va pouvoir ressortir et réparer cette maudite d’antenne. Une sourde inquiétude le ronge. Comment est-elle arrivée là ? Même en juillet, août, les deux seuls mois où il ne neige plus, personne ne vient dans ce coin reculé. Les habitants du coin, d’ailleurs, l’ont sans doute oublié. Ils ont bien d’autres soucis. Il pénètre dans le sas, récupère sa combinaison. Mais un seul regard par le hublot extérieur lui suffit : la tempête de neige a repris, c’est foutu pour ce soir, le crépuscule est déjà bien avancé. Il lui faudra attendre demain ; ce qui ne l’enchante guère.



************



Après avoir pris un dîner léger – l’aventure lui a coupé l’appétit - il a branché son ordo. Pour une fois que son abonnement prohibitif à MWT (Microsoft World Trust) lui aurait servi à quelque chose, sa parabole déclare forfait. Il s’applique à se concentrer sur un jeu de patience. Sans grand succès ! Apparemment, la jeune personne est passée de l’inconscience à un sommeil agité. Plusieurs fois, il a dû la recouvrir. Ses gémissements l’empêchent d’oublier sa présence. Il faut dire que son antre composé d’une seule et unique pièce d’habitation manque d’intimité, mais il n’a pas été conçu pour recevoir des invités. De plus, même en collant, il supporte difficilement les trois degrés supplémentaires.


  • — Et merde ! je ne vais pas suer comme un porc parce que cette greluche… Il tombe le collant et le sweat qu’il pose sur le dossier de son fauteuil. Par pudeur, il passe cependant un caleçon léger.

Pour autant, il ne retrouve pas sa sérénité. Ce ne sont pas seulement les plaintes qui le dérangent. Par flash, il revoit des fragments de peau satinée. Cette poitrine de femme qu’il a entrevue à travers le t-shirt le perturbe. Finalement, tout serait plus simple si c’était une gamine. Sa morale lui interdirait tout dérapage même en pensée. Mais une femme ! Des femmes en chair et en os, il n’en a pas côtoyé depuis une décennie. Ses envies de femmes réelles étaient mortes à la seconde où explosait la bombe de Green War, la branche armée de Greenpeace, qui tua Lucy, sa femme, et accessoirement détruisit le réacteur E. P. R. Dernière génération de Bugey IV. Avant qu’il n’abandonne le monde des hommes, il a bien connu quelques rares et décevantes aventures hygiéniques. Mais depuis dix ans qu’il vit dans cet ermitage «bunkerisé» en pleine montagne… Évidemment, il lui arrive de se masturber en matant des filles sur MWT, mais c’est exceptionnel et toujours hygiénique. Or cette fille qui tombe du ciel éveille en lui des pulsions qu’il croyait disparues.


Ce corps entrevu lui pose quelques problèmes. Des images impudiques se superposent aux cartes. Une bandaison molle déforme son caleçon. Inconsciemment, sa main droite se glisse par l’échancrure de la braguette et masse sa queue. Sa réussite n’avance pas. Alors qu’il recommence pour la ixième fois une pile, les gémissements cèdent le pas à des cris.


  • — J’ai froid ! J’ai froid ! Ce putain de chauffage doit encore être en panne ! Putain de pays de merde…

Manque plus que ça, voilà qu’elle se met à délirer. Qu’est-ce qu’il va faire ? Faisant pivoter son fauteuil, il se rend compte qu’elle se cramponne à la couverture, que son corps est agité de frissons. L’expression «trembler de la tête aux pieds» prend tout son sens. Parfois, cela arrivait à Lucy, lorsqu’elle était très fatiguée ou très contrariée. Dans ces moments, il s’allongeait nu contre elle, tout contre elle pour la réchauffer. Sans plus réfléchir, agissant par réflexe, pensant peut-être que c’était Lucy, il se glisse sous la couette.


La fille, couchée en chien de fusil, est secouée de spasmes. Elle respire bruyamment par saccades. Il colle son corps contre le dos, les fesses, les cuisses gelées. Il frotte énergiquement les bras, les jambes tout en lui parlant doucement au creux de l’oreille. Le traitement a l’effet escompté. Au bout de quelques minutes, les tremblements s’espacent puis cessent. La respiration de la fille retrouve une cadence normale.


Jusque-là uniquement préoccupé à lui faire partager sa chaleur, il n’a aucune conscience de l’ambiguïté de leur situation. Maintenant qu’elle ne grelotte plus, il sent les omoplates de la fille pointer contre sa poitrine, les cuisses musclées frémir contre les siennes, leurs pieds accolés s’emmêler. Son pénis, s’échappant par la braguette, appuie contre les fesses relâchées, s’insinue dans le sillon entrouvert, repoussant le léger tissu de la culotte. Pour mieux la maintenir, il a glissé son avant-bras gauche sous sa hanche. La fille ayant bougé, celui-ci se retrouve coincé, la main posée sur un sein. Sein ferme, dense, à la peau souple qui se soulève régulièrement au rythme de la respiration. Son bon cœur le perdra. Il doit quitter le lit au plus vite. Quand il veut retirer son bras, la respiration de la fille s’altère. Un début de tremblement le pousse à l’immobilité.


Bonjour la situation ! Depuis qu’il s’est rendu compte de sa position, de ce corps de femme, il ne peut penser à autre chose. Sa main… le sein… le pétrir. Il lui faut garder le contrôle. Sa verge durcie pénètre plus profondément entre les fesses de la dormeuse. Par diverses gesticulations, il parvient à éloigner sa bite. Cela ne stoppe pas son érection, mais au moins elle ne la sentira pas. Il n’a jamais profité d’une nana ; ce n’est pas aujourd’hui qu’il franchira le pas et il n’a pas envie de se retrouver devant l’inquisiteur de l’empereur et de l’USD. Encore qu’en ces temps d’insécurité, les troupes de l’empereur ont d’autres chats à fouetter et les prêtrimams de l’USD ne traînent pas trop dans les campagnes, y’a trop de balles perdues.


Il s’efforce de dégager son bras, sans succès.

Il n’a qu’à la réveiller.

Pour qu’elle se remette à hurler !

Non merci !

Il utilise la vieille recette du « mantra» se répétant sans cesse une phrase propre à la faire penser à autre chose. Ça marche si bien qu’il finit par s’endormir.



************



Septembre 2042, an 26 de l’empire

Quelque part dans le Jura.

Jour 2. Réveil brutal.



Il est réveillé par des coups de poing brutaux frappés contre sa poitrine ; coups de poing ponctués de hurlements hystériques :


  • — Dégueulasse ! Ordure ! Je vais te crever !

L’homme s’extirpe du lit promptement, mais la fille s’agrippe à lui. Elle continue de le frapper d’une main tandis que l’autre arrache quasiment son sweat. Elle crie au viol sans même s’apercevoir qu’elle lui offre un spectacle très stimulant. Les seins juvéniles qui tressautent au rythme de ses coups malmènent son maillot, dévoilant au passage un ventre plat, lisse. La culotte, enfoncée dans la raie culière, moule son pubis, dessine les lèvres, découvre les fesses plus qu’elle ne les couvre. Les touffes de poils bruns frisés qui s’échappent de part et d’autre du frêle sous-vêtement annoncent une toison drue et broussailleuse. Le visage déformé par la colère n’en perd pas pour autant son charme, au contraire. Une brusque montée de désir animal traverse l’homme. Nouvelle érection. Il a envie de la dompter, de la couvrir, de la baiser sauvagement. Plus raisonnablement, il lui met une paire de baffes. Mais, bien malgré lui, il est imprégné par la sensualité qui se dégage de ce combat. La fille s’écroule sur le lit en sanglotant. Pleurs entrecoupés d’insultes répétitives:


  • — Salaud ! Espèce de salaud ! Pourri ! Obsédé ! Qu’est-ce que tu m’as fait ? Où tu m’as emmenée ! Tu as posé tes sales pattes sur moi ! Je te crèverai…

Sans les insultes, le spectacle serait tout à fait charmant. La demoiselle dévoile des grandes parties de son anatomie. Son t-shirt n’a pas résisté à l’assaut qu’elle vient de mener : le col a craqué, le tissu fatigué s’est déchiré. Son sein gauche s’en est échappé. Sein arrogant à la forme aérodynamique qui n’a aucunement besoin de soutif pour se tenir droit. L’énervement, l’affolement en a agréablement érigé le téton. À l’étage inférieur, la situation est tout aussi réjouissante : en se laissant tomber, elle a découvert un cul que la culotte ne cache plus du tout. Cul orgueilleux qui n’a pas besoin non plus de quoi que ce soit pour retenir les chairs. Cul musclé de sportive. La culotte, plaquée contre son sexe, entre profondément entre ses grandes lèvres.


L’homme se retrouve voyeur. Son entresol commence à réagir. Déjà que cette hystérique l’accuse de viol, inutile qu’elle s’aperçoive qu’il bande. Il récupère sweat et collant sur le fauteuil et les revêt rapidement. D’un air qu’il voudrait décontracté, il s’appuie contre son bureau. Il tire subrepticement sur son sweat, tâchant de camoufler comme il le peut la bosse révélatrice qui a immédiatement déformé son justaucorps.


  • — Bon, ça suffit ! Je ne vous ai pas violée ! Ni quoique ce soit d’autre, d’ailleurs ! Ce n’est pas moi qui suis allé vous chercher. C’est plutôt vous qui êtes venue m’emmerder !

Après un temps qui lui paraît long, le message ayant atteint le cerveau, la donzelle se calme. Ses larmes se tarissent peu à peu. Se rendant compte de l’indécence de son attitude, elle rougit violemment. Elle se rajuste et dissimule son corps sous la couverture.


  • — Vous… Vous n’appartenez pas à la bande à Derba ?
  • — La bande à qui ?
  • — Vous faites pas partie des pillards qui ont attaqué le village ?
  • — Ai-je vraiment l’air d’un pillard ?
  • — Vous êtes pas du village ? Je ne vous ai jamais vu. Où est-ce que je suis ? le questionne-t-elle tout en retrouvant la position assise, la couverture toujours serrée contre sa poitrine.
  • — Je vous…

Tout en écoutant l’homme lui racontant dans quelles conditions il l’a trouvée, la jeune femme parcourt la pièce du regard. Rien à voir avec la chambre misérable qu’elle occupait à Roimans. Ici tout est high-tech, fonctionnel et utilitaire. Le lit sur lequel elle est assise est manifestement un single encastrable. Le bureau, en face d’elle, encombré par un matériel informatique impressionnant est encadré, à gauche par une machine à bouffe et à droite par ce qu’il lui semble être un «personalmedic». Une table de faible dimension et deux chaises complètent le mobilier. Seule touche personnelle : un poster en noir et blanc d’une jeune femme scotché à même le mur au-dessus des ordinateurs. Une chose l’intrigue : elle ne distingue aucune ouverture, pourtant la pièce semble éclairée par la lumière naturelle. Peut-être cela vient-il de cette couleur blanc cassé dont sont uniformément peintes les parois.


Au fur et à mesure des explications de l’homme et de son exploration visuelle, elle se décontracte. L’étreinte sur la couverture se relâche ; celle-ci glisse lentement révélant à chaque seconde un peu plus de sa gorge. Luigi a beaucoup de mal à détacher son regard de cette peau lumineuse. Surtout, depuis que se dévoile de plus en plus nettement la vallée séparant les seins. Ses mains se crispent sur le sweat. De la droite, il a empoigné sa queue et la comprime pour que son érection ne soit pas trop apparente. Il faut qu’il répare son antenne aujourd’hui même. S’il ne peut se débarrasser de cette nana d’ici ce soir, ça va être la galère. Quand il a fini son récit, à son tour, il l’interroge :


  • — Qu’est-ce que c’est ces histoires de pillards ?

Elle lui explique que les troupes d’assaut de l’empereur Jean ont repris St Claude. La bande à Derba qui occupait la ville depuis plusieurs semaines a reflué vers les montagnes. Des gens qui fuyaient, passant par le village, les avaient avertis du danger. On ne les avait pas pris au sérieux, pensant que ces hommes des villes ne s’enfonceraient jamais aussi profond dans la campagne montagneuse surtout au début de l’hiver. Grave erreur. Au matin, les mercenaires remerciés par l’empereur après la mise au pas des derniers démocrates incendiaient le village, pillant, tuant, violant dans la meilleure tradition des routiers du Moyen Âge. Elle avait dû son salut au fait qu’elle habitait à l’autre extrémité du village. Quand elle avait entendu les premiers cris, vu les premiers feux, elle s’était habillée aussi vite qu’elle avait pu et sans réfléchir plus, elle s’était enfuie vers la montagne.


Prise par son discours qu’elle agrémente de grands gestes, la jeune femme a oublié la couverture. Celle-ci est tombée sur ses cuisses. Nouvelle vue imprenable sur poitrine dénudée. Le t-shirt déchiré s’ouvrant de chaque côté, les deux globes laiteux s’exposent à ses regards concupiscents. Seuls les tétons restent dissimulés. Dissimulés pas tout à fait, car l’excitation provoquée par la discussion lui a échauffé les sens. Des tétons, qu’elle a vraiment proéminents, tendent la toile fatiguée de son maillot. Ça le rend fou. D’une oreille distraite, il suit son discours tandis que sa main malaxe sa queue de plus en plus vigoureusement. Il ne va pas tarder de cracher dans son caleçon. N’y tenant plus, il se rue vers un placard encastré, en sort une combinaison de travail en latex blanc qu’il lui jette.


  • — Maintenant vous enfilez ça sinon i’ va se passer des trucs ! éructe-t-il. Et là, vous pourrez crier au viol !
  • — Vous êtes mala…

Un œil sur sa semi-nudité lui suffit pour comprendre l’énervement de l’homme. Elle s’habille rapidement, remontant très haut la fermeture électrostatique.


  • — Je suis désolée. Je me suis pas rendu compte…
  • — Non, c’est moi ! Il y a si longtemps que je n’ai pas vu de femme.

Pour la première fois, l’homme sourit. Pour la première fois, elle ose aussi le regarder. Il n’est plus de première jeunesse. Il pourrait même largement être son père. Il doit approcher la soixantaine. Bien plus grand qu’elle ! Pas difficile avec son mètre cinquante-cinq. Silhouette jeune. Pas beaucoup de place pour la graisse. Corps svelte, musculature impeccable. Teint hâlé, il doit passer quand même pas mal de temps en plein air malgré le froid. Visage d’ascète glabre, joues creuses, cheveux gris coupés en brosse. Regard dur, désabusé, qui s’est transformé, l’espace d’un bref instant, lorsqu’il a souri. Elle lui fait de l’effet si elle en juge à l’érection qu’il ne parvient à dissimuler. Quelque part, elle se sent flattée.


  • — Maintenant que vous êtes décente, revenons à nos moutons. Il faut que je prévienne les secours pour qu’ils viennent vous récupérer.
  • — Vous êtes marrant, vous !
  • — Pourquoi ? Vous ne pouvez pas rester là !
  • — Bonjour, l’hospitalité !
  • — Je ne vous ai pas demandé de venir.
  • — Pas la peine de vous répéter, j’avais compris. Va pourtant falloir que vous me supportiez quelques jours. Les troupes de secours sont pas près d’arriver. Si elles viennent un jour…

La colère lui va bien. Le visage s’anime, retrouve des couleurs. La combinaison en «Livelatex» s’est adaptée au corps qu’elle habille et le moule étroitement. Plus possible de lui reprocher de s’exhiber, mais c’est tout aussi dur pour les nerfs. Pas une bonne idée cette combine ! Cette étoffe synthétique n’écrase pas, mais au contraire épouse, souligne les formes. Encore plus érotique que ces chiffons qui, pourtant, ne l’habillaient pas vraiment. Il bande de plus belle et renonce à le cacher. Et merde, il n’est pas de marbre. L’envie de prendre ce corps dans ses bras devient obsédante. Il tente de se concentrer sur la conversation.


  • — C’est à ce point le chaos ?
  • — Vous avez pas l’air de suivre l’actualité de près, vous ?
  • — Non ! Pas vraiment. Le monde extérieur ne m’intéresse plus guère !

Consciente de l’effet que sa nouvelle tenue produit, elle s’assoit en tailleur. Mont de vénus en avant, en exposition. Sa toison luxuriante distord le latex. Il est si distendu qu’on devine les poils qui recouvrent ce jeune sexe. Se concentrer sur la conversation.


  • — C’est un peu le bordel ! Si vous voyez ce que je veux dire ! J’espère que vous avez de quoi nous protéger parce que s’ils se pointent par ici, i’ vont pas se gêner.
  • — Il suffit que j’enclenche ma centrale de détection et place en alerte maximale mon écran d’invisibilité. Excepté s’ils sont équipés de palpeurs sensitifs détectant les émissions de chaleur, ils ne pourront pas nous repérer. Là n’est pas le problème…

Des abdos finement ciselés soulignent son ventre plat. Surplombant cet à-pic, deux mamelons. Pas de ces mamelles disproportionnées factices qu’il était «tendance» de se faire implanter lorsqu’il avait quitté le monde. Pas non plus de ces œufs sur le plat qui faisaient ses délices d’adolescent. Seulement une poitrine de taille normale qui n’a besoin d’aucun artifice pour se tenir au garde-à-vous. La tension de la combine accentue chaque ligne, chaque courbe marquant nettement l’ovale plongeant de l’attache sous le sein. Comme plus tôt, les tétons se redressent dans la chaleur des échanges. La matière élastique en adopte si étroitement les formes qu’il compterait sans peine les grains qui les composent.


  • — Alors, il est où le problème ? D’abord, arrêtez de mater mes seins !
  • — Justement ! maugréa-t-il en se reprenant. La remarque cinglante l’a provisoirement refroidi… Justement, il est là le problème, Madame. Vous ne pouvez rester ici, seule avec moi.
  • — Pas Madame d’abord, Mademoiselle ! Et puis arrêtez vos simagrées. Arrêtez de me snober en me violant des yeux. Vous êtes même pas drôle. Je m’appelle Claire, j’ai 21 ans et vous ?
  • — Quelle importance !
  • — Vous avez bien un prénom au moins !
  • — Il y a si longtemps qu’il n’a pas servi !
  • — Justement !
  • — OK ! Luigi ! Le pillage de votre village n’a pas l’air de vous perturber plus que ça !
  • — C’est pas mon village ! J’y suis depuis six mois. Réfugiée ! J’étais en fac à Lyon, mais ça devenait trop hard. J’ai trouvé un petit boulot dans ce bled loin de tout. J’pensais pas que la civilisation me rejoindrait si vite.
  • — Il n’empêche qu’il va falloir trouver une solution pour que vous regagniez cette civilisation.
  • — Si je vous emmerde vraiment, foutez-moi dehors tout de suite.
  • — Arrêtez de dire des bêtises. Si je peux réparer ma parabole, je contacterai l’entreprise qui me livre chaque été. Ils viendront vous chercher avec un hélico.

Son regard, malgré l’hostilité des derniers propos, ne peut éviter de «comme elle disait» violer visuellement ce corps. Furieux contre lui-même, il fait volte-face, se plante devant son S. I. C. C. (Sony Individual Compu Cook), lui commande deux barres de Total-Breakfast. Il les lui tend sans la regarder :


  • — Si après avoir mangé cela, vous avez encore faim ou soif, utilisez le clavier, mon S. I. C. C. est programmé à ma voix.
  • — Et pour me laver, demande-t-elle d’une voix agressive, faut aussi que j’utilise le clavier ?
  • — Non ! La cabine de douche est manuelle. Il vous suffit de régler le débit et la température au tableau.
  • — Y’a pas de baignoire ?
  • — Où la mettrais-je et qu’en ferais-je ?
  • — Ça pourrait servir à vos nombreux invités ! lui réplique-t-elle d’un ton sarcastique. Et vous la cachez où cette douche ?
  • — La porte sur votre droite. Désolé, comme j’attendais personne, y’a pas de verrou !

Pendant cet échange, il a passé son intégrale d’extérieur. Après ces derniers mots, il enfile ses gants isothermes, prend sa trousse à outils et sort en claquant furieusement la porte du sas. Malgré sa colère, il ne peut s’empêcher d’apprécier la personnalité, le sens de la répartie de sa visiteuse inattendue. Dans une autre vie, il aurait pu…



************



Septembre 2042, an 26 de l’empire

Quelque part dans le Jura.

Jour 2. Un peu plus tard



À son retour, l’excitation apaisée par la température extérieure, le corps calmé par les efforts, Luigi, à défaut d’être satisfait - il n’a pas pu réparer sa parabole - se sent plus serein. Cette sérénité est de courte durée…


Première contrariété : Claire, sans la moindre gêne, s’est installée à la console. Elle a ouvert son fichier journal et le lit tranquillement. Deuxième couche : avant qu’il ait le temps de prononcer le moindre mot, sans détacher les yeux de l’écran, elle attaque :


  • — Votre foutue parabole est réparée ? Vous allez pouvoir vous débarrasser de moi.
  • — Comme vous êtes sur mon terminal, vous avez bien dû vous rendre compte que la connexion n’est toujours pas établie !
  • — J’suis pas une flèche en informatique. Ma spécialité, c’est plutôt les manuscrits anciens. Alors, votre machine est trop compliquée pour moi. Ça a déjà été le bordel pour trouver votre bibliothèque. Pi ce que j’ai trouvé c’est pas terrible !
  • — Je vous remercie. C’est mon journal que vous êtes en train lire.
  • — Au temps pour moi ! J’suis désolée !

Elle pivote vers lui. Une rougeur enfantine envahit ses joues. Elle ne fait plus ses 21 ans. Pendant une seconde, elle a l’air coupable d’une gamine qui vient de se faire prendre la main dans… Luigi balance entre l’envie de lui foutre une claque et celle de la prendre dans ses bras. Pas seulement la prendre dans ses bras : la combine ouverte jusqu’au nombril, les seins toujours moulés dans le latex, la disparition du t-shirt provoque sa troisième érection de la journée. Les montants de la fermeture électrostatique délimitent une vallée d’une blancheur soyeuse. Sa peau n’a pas souvent affronté les rayons du soleil. Dans ce milieu du XXIe siècle, exposer sa peau au regard, ne serait-ce que d’un soleil anonyme, est rare tant pour d’évidentes raisons climatiques que pour des raisons socioreligieuses. Les principes intégristes sont devenus la loi.


Claire, manifestement, ne semble pas une adepte fervente de ce mouvement. Quand elle voit le regard brûlant de l’homme se régaler du spectacle de son corps, elle n’a pas de réaction pudibonde. Pas un geste pour dissimuler, au contraire prenant un petit air roué, jouant de sa féminité :


  • — Bon ben c’est mal parti pour moi ! Soit vous me foutez dehors et je meurs gelée, soit nous cohabitons. Si j’en juge à vos yeux pervers et à la grosse bosse que fait votre fut, ça va pas être simple.

Il a du mal à résister à sa gouaille. Cette fille a sacrément du charme, même si elle est loin d’être canon. Lui répondant sur un ton tout aussi ironique :


  • — Et quelle solution préférez-vous ?
  • — Dehors, j’ai aucune chance. Le froid sera sans pitié.
  • — Qui vous dit que j’aurais une quelconque pitié… si j’accepte que vous restiez.
  • — J’ai au moins une chance. Si vous essayez de me violer, vous savez ce qui vous arrivera le jour où vous tomberez entre les mains des Gardiens de la Norme.
  • — Je peux vous jeter dehors… après.
  • — J’vous sens pas en assassin.
  • — Moi non plus… mais si on ne vous trouve pas des habits un peu moins valorisants, je me sens bien en violeur.
  • — Je vous signale, mon cher, que votre collant est au moins aussi valorisant, ricane-t-elle. Sans vouloir paraître vulgaire, votre sexe qui bande est bien plus cochon que ce que je peux montrer.
  • — Pour quelqu’un qui veut me livrer aux Gardiens de la Norme, vous avez un drôle de langage.
  • — J’suis pas spécialement copine avec eux. C’est aussi un peu pour ça que je suis venue dans ce bled. Dans la cambrousse, les frères sont moins influents.
  • — Vous êtes une dangereuse cryptodémocrate.
  • — Stoppe l’imagination ! Je suis vierge, mais je trouve qu’ils exagèrent sur plein de trucs.

Encore vierge, donc forcément pas mariée ! Elle n’était peut-être pas une cryptodémocrate. Cependant ne pas être mariée à 21 ans, ce n’était pas commun. Il comprend mieux pourquoi elle s’est réfugiée dans le Haut-Jura. À moins qu’elle ne lui ait menti sur son âge.


  • — Si vous continuez comme ça, vous n’allez pas rester vierge longtemps !
  • — J’ai failli passer à la casserole hier… et en plus si vous m’aviez pas trouvé, je serais morte. Alors ma virginité ! Pi peut-être que…

Et elle le provoque !


  • — Et si vous branchiez votre alerte. Vous avez intérêt que ça marche. On est dans la même galère ! Enfin presque, vous, i’ vous violeront peut-être pas.

Pour la première fois, il sent une fêlure dans sa voix. Aussi d’un ton qu’il veut rassurant, il lui répond :


  • — Nous ne risquons absolument rien ! Mon système est très performant ! Et puis ils ne se risqueront pas dans l’arrière-pays dans de telles conditions météo.
  • — Ouais, c’est c’qu’ils disaient à Roimans…

Il valait mieux qu’il ait raison ! En fait, il ne s’est jamais servi de son générateur d’invisibilité. Il se penche au-dessus d’elle pour prendre le carnet où est noté le code qu’il doit taper pour activer la bulle d’invisibilité. Dans le mouvement, le frôlement de leurs vêtements génère un faible courant d’électricité statique : quelques étincelles jaillissent. Cela lui rappelle un film vu à la télé dans sa prime enfance. La signification qui était donnée de ces étincelles l’agace. Heureusement, Claire ne doit même pas savoir qui était Louis de Funès. Elle sursaute puis éclatant de rire :


  • — Et moi qui pensais que le courant passait pas entre nous.

D’un ton brusque, il réplique :


  • — Poussez-vous donc que je puisse taper ce putain de code.
  • — C’est vrai que vous êtes tellement aimable ! J’dirai même malpoli en plus.

Pour montrer sa désapprobation, elle fait pivoter le fauteuil et lui tourne le dos.


  • — Je vous rends votre fauteuil ! Comme ça vous pourrez être «confortable» pour taper.

Elle se lève et se dirige vers le lit pour s’y asseoir, boudeuse. Pendant un instant trop court, il profite pleinement de sa croupe. Il ne sait pas ce qu’elle a manigancé pendant sa sortie, mais la culotte a également disparu. La combinaison pénétrant entre ses fesses les sculpte admirablement. Naïvement provocante, elle se déhanche outrageusement, dessinant des huit avec son postérieur rebondi. Se rend-elle compte de ce qu’elle peut déclencher ? Lui a compris qu’ils vont devoir passer quelques jours ensemble. L’exiguïté des lieux va rendre cette cohabitation pénible. Et si elle continue de l’aguicher !


Ayant trouvé le code, il ouvre le programme de surveillance et l’active. À son tour, il fait pivoter le fauteuil pour se retrouver face à la jeune fille. Elle est à demi allongée sur le côté, menton en appui sur son poing fermé, poitrine en avant, une jambe allongée sur le lit, l’autre pendant à l’extérieur, le bout de la langue se promenant sur les lèvres. Cette position qu’elle aurait voulue lascive manque tellement de naturel qu’elle en devient risible.


  • — Demoiselle… Claire… Nous allons devoir partager ce refuge sans doute un certain temps. Alors, s’il vous plaît, ne rendez pas cette corvée encore plus pénible.
  • — J’dois être bête, mais j’avais l’impression que vous trouviez très agréable de me mater.

Elle ponctue ses propos d’un balancement maladroit de la jambe gauche. Luigi apprécie modérément cette démonstration, mais son regard est irrésistiblement attiré par un lieu bien plus excitant. Dans sa gymnastique, ses grandes lèvres se sont disjointes. Le «Livelatex«, toujours aussi efficace, profitant de l’aubaine, a forcé le passage. L’obscénité de cette fente blanche entrouverte, sexe synthétique lisse, bordée par les lèvres, ailes de papillon déployées, l’électrise. Son pénis, de plus en plus dur, bat la chamade contre son ventre. Elle ne peut ignorer son état. D’autant que quelques gouttes de sa liqueur souillent le collant.


  • — Je ne nie pas que vous soyez agréable à regarder…
  • — Vu comme vous bandez, sûr que vous pouvez pas.
  • — Par contre je n’ai aucune envie d’être obligé de vous épouser ou pire d’être exécuté pour avoir abusé de vous.
  • — Nous serons peut-être morts demain alors…

Comme pour confirmer ses paroles, l’ordo annonce :


  • Présence signalée à 1 km 254, nord nord-est. Douze humains de sexe masculin. Armes légères. Pas de détecteur de chaleur. Écran d’invisibilité activé ! Centrale d’énergie mise en session minimum. Passage en mode écran.

Claire bondit sur ses pieds et se jette dans les bras de l’homme qui, dans un geste instinctif, la serre contre lui.


  • — Vous voyez, murmure-t-elle comme si les hommes dehors pouvaient l’entendre. Ils sont là. Ils vont nous trouver.
  • — Arrêtez de faire l’enfant ! Ils n’ont pas de détecteur, ils ne peuvent pas nous trouver, martèle-t-il autant pour la rassurer que pour se convaincre.

La tenant par la taille, il l’entraîne à sa suite. Il tente de la faire asseoir dans le fauteuil, mais elle se cramponne à lui.


  • — J’ai peur. Je ne veux pas mourir. Pas tout de suite !

Le lieu, maintenant chichement éclairé par une seule lumière froide, type «sortie de secours«, devient franchement sinistre.


  • — Nous ne mourrons pas ! Rassurez-vous.

La fille blottie dans ses bras, Luigi l’enlace. Il lui parle doucement en la berçant comme il l’aurait fait avec l’enfant qu’il n’a jamais eu. Debout au milieu de cette pièce qui deviendra peut-être leur caveau, ils tanguent accrochés l’un à l’autre. Progressivement, la perception qu’a Luigi de la situation évolue. Ces sentiments, s’ils étaient paternels, seraient incestueux. Ce jeune corps collé au sien, ces bras qui l’étreignent, cette poitrine juvénile contre son estomac, sa main droite sur une épaule, sa main gauche au creux d’une hanche éveillent sa libido. Son sexe qui, mort de frousse, s’était rétracté entre ses cuisses au moment de l’alerte retrouve son énergie.


Presque à son insu, ses doigts entrent en action. Ses mains effleurent la seconde peau synthétique, du bas des reins jusqu’aux épaules, d’abord dans un geste tendrement apaisant. Le corps contre le sien s’amollit, s’alanguit, donne son accord. Claire qui s’en veut pour son comportement infantile s’abandonne à ces câlins rassurants. Elle sent contre son abdomen gonfler le désir de son vis-à-vis. Ce désir appelle le sien. Une chaleur inhabituelle envahit son ventre. Une humidité imprévue humecte son vagin.


Imperceptiblement, la caresse se sensualise : les mains se font plus insistantes en certaines contrées plus attrayantes. Leur trajectoire se modifie. Une main atteint la fesse, une autre se perd sous les aisselles et frôle un sein. Loin de s’offusquer de ces privautés, la jeune fille passe les bras autour de son cou. Elle attire son visage et, se hissant sur la pointe des pieds, pose ses lèvres sur celles de l’homme. Baiser timide, lèvres closes, de la jeune pucelle et du vieil homme désenchanté. Oubliés les mercenaires sanguinaires qui risquent d’envahir leur havre d’une seconde à l’autre, seuls comptent leurs corps soudés dans ce baiser désespéré.


Une petite langue curieuse pointe, se fraye un passage entre les lèvres serrées de l’homme. Petite étincelle qui allume un brasier. Leurs bouches se décèlent. Baiser passion. Duel de langues agiles. Leurs corps s’en mêlent, s’emmêlent. La houle se déchaîne. Leurs sexes se parlent, se frottent, se massent. Humidité contre rigidité. Jusqu’à ce que…


  • — Non ! Non ! Non ! hurle Luigi en la repoussant violemment et la tenant à bout de bras.
  • — Gueulez pas comme ça ! Ils vont nous entendre ! Pi qu’est-ce qui vous prend ?

Elle tente de se soustraire à l’étreinte de ses mains, de rompre la tentative d’éloignement de l’homme par des gigotements désordonnés. Gigotements qui ont pour principales conséquences d’insuffler à ses seins un mouvement de balancier si perforant que les attaches électrostatiques de la combinaison se détachent, que les deux globes laiteux s’en échappent. Instant de flottement… vision extraordinaire… des aréoles de cette taille, il n’en a jamais vu : plusieurs centimètres de diamètre et presque noires. Claire profite de son ébahissement pour l’attirer contre elle, mais il se reprend.


  • — Nous allions faire une connerie et je ne crois pas que ce soit le moment idéal.
  • — Je vous plais pas ou alors vous allez me sortir le couplet sur le «c’est pas bien, nous ne sommes pas mariés«.
  • — Le mariage est le cadet de mes soucis !
  • — Alors qu’est-ce qui y’ a ? Vous êtes pas homodéviant pourtant ! J’en ai la preuve, dit-elle en tentant d’empoigner ses testicules.

Sursaut de recul qui presse, en l’espace d’une seconde, le jeune corps partiellement dénudé contre lui. Deux tétons durs comme de la pierre viennent frapper sa poitrine. Brusque montée de désir. D’un geste brutal, reflet de sa propre frustration, il la repousse à nouveau.


  • — Vous n’êtes pas… Nous ne sommes pas dans notre état normal. Accomplir l’acte maintenant serait… après vous le regretteriez.

Il la tient à bout de bras, tentant matériellement d’éloigner la tentatrice.


  • — S’il y’ a un après… Vous oubliez les tueurs qui rodent dehors.

Tentative vouée à l’échec ! La tentation a seulement changé de sens : du toucher, il est passé à la vue. En effet, au cours de la dernière échauffourée, d’autres velcros ont craqué. La combine est ouverte plus bas que le nombril. Les mamelons remuent au rythme des vociférations de la demoiselle. Luigi ne s’est pas trompé : elle a bien enlevé sa culotte. L’épaisse touffe de poils qui dépasse le lui prouve.


Il a de plus en plus de mal. Le désir se fait de plus en plus insistant. Pourtant, il doit continuer.


  • — Je n’oublie rien. Mais ils ne nous découvriront pas ! Et vous donner à moi par désespoir serait stupide.
  • — Tu l’as dit Ali ! Tu… pardon, vous parlez comme un livre, mais vous raisonnez comme une cloche fêlée. Ça n’est pas arrivé jusqu’au cerveau surdimensionné de votre grandeur que peut-être tout bêtement vous me plaisez…
  • — Le problème est que, d’un la réciproque n’est pas vraie, affirme-t-il sans vraiment y croire. De deux, vous vous racontez des histoires. Franchement, je pourrais être votre grand-père. En d’autres circonstances, vous ne m’auriez même pas vu.
  • — Vous avez raison. Comment j’pourrais être attiré par un vieux poseur, donneur de leçon, goujat et par-dessus le marché menteur. C’est pas vrai que je vous plais pas, questionne-t-elle en éclatant en sanglots. Dites-moi qu’c’est pas vrai.

Luigi se fait piéger par ces larmes. Ses bras se détendent. La mâtine en profite pour se pelotonner dans ses bras. Ses pleurs l’émeuvent. Il la câline, la cajole. Son envie de lui faire l’amour s’est encore accentuée, mais de la sentir aussi fragile le conforte dans son opinion de résister.


  • — Claire, vous me plaisez énormément. Vous éveillez en moi des désirs oubliés, mais je ne profiterai ni de votre jeunesse, ni de votre…
  • — Pourquoi i clignote votre écran, le coupe-t-elle d’une voix redevenue subitement normale.

Ses pleurs auraient cessé aussi vite ? Luigi se rend compte qu’il s’est fait avoir. Jeune peut-être, mais déjà bonne comédienne. Il verra plus tard, l’important est l’écran qui clignote. En mode alerte, comme il l’a annoncé plus tôt, l’ordinateur n’utilise plus la cellule vocale, les messages ne sont que visuels.


  • — Si vous me lâchiez un peu les baskets, je pourrais peut-être répondre à votre question.

Claire, malgré sa demande, ne s’écarte pas pour autant. Le corps de la fille toujours collé au sien, il effectue un 180° savant. Quand il appuie sur la touche «enter», Claire se déscotche momentanément. Elle se retourne, appuyant, aussitôt, le dos contre son ventre. Son pénis se retrouve comprimé entre deux fesses charnues. Ensemble, ils découvrent le message inquiétant qui s’affiche à l’écran.


«Les 12 humains installent un campement à l’aplomb du rocher dissimulant l’entrée de «Trantor». Probabilité de 98% qu’ils y passent la nuit. Éléments insuffisants pour déterminer durée de leur halte. Psyrépulseurs activés. Probabilité qu’ils découvrent l’entrée est de 0,01%. Mise en route du processus d’autodéfense.«


  • — Merde, merde, merde !
  • — Ils vont nous trouver ? C’est ça ? larmoie-t-elle en se plaquant encore plus fortement contre lui.
  • — Claire, rengainez vos larmes de crocodile ! Elles ne sont que prétexte à vous coller encore plus sûrement contre moi.
  • — J’comprends que vous viviez seul ! Vous êtes vraiment trop désagréable !
  • — Assez, Claire ! On est dans une merde pas possible ! Alors arrêtez vos simagrées !
  • — C’est pas des simagrées ! Ils vont nous trouver. J’voudrais juste pas qu’ils aient mon pucelage ! Je rêvais de l’donner à l’homme que j’aimerais. J’crois qu’c’est un peu compromis ! Vous, j’vous aime pas, mais au moins vous m’plaisez. Et j’suis sûr qu’vous m’f’rez ça avec d’la tendresse.

Pour le convaincre, elle remue lentement les fesses contre son bassin. Un instant, il oublie la situation dans laquelle ils se trouvent. Claire, dans ses lamentations, a posé la nuque au creux de son épaule, levant la tête vers lui. Il n’a qu’à pencher la sienne légèrement pour que leurs lèvres se rencontrent. Baiser protecteur qui se veut rassurant. Sa main s’est glissée sous la combinaison et empaume un sein. Retour à la réalité malgré ses envies, son esprit lutte contre cette attirance purement sexuelle. Il stoppe la caresse à peine esquissée sans pour autant que sa main délaisse sa proie. Il récupère l’usage de sa bouche et détourne la conversation :


  • — Ils ne nous trouveront pas. Par contre, comme l’ordo a déclenché le système d’autodéfense, nous sommes réduits à un inconfort certain jusqu’au départ de vos amis. Toutes les fonctions sont ajustées au minimum vital. Ça va être galère.
  • — D’abord, c’est pas mes amis ! dit-elle en lui faisant face. Ensuite pour la galère ça pourrait être pire, y’ a votre lit. On pourra toujours s’occuper agréablement, continue-t-elle dans un sourire empli de promesses coquines.
  • — Dormir ne sera pas un problème, lui réplique-t-il, ignorant volontairement l’allusion grivoise. Nous aurons de l’eau et de quoi manger, mais nous devrons nous contenter de plats lyophilisés. Le S. I. C. C. est en stand-by jusqu’à la fin de l’alerte. Nous risquons de ne pas avoir très chaud car la clim est réglée au niveau le plus bas.
  • — Pour la clim je compte sur vous !
  • — Le problème, ça va être l’hygiène. On va être obligés d’utiliser un sani broyeur auto recyclable. Déjà c’est pas le top, mais surtout nous allons être limités en eau pour LA toilette. Ça risque de craindre. Enfin, on peut espérer qu’ils soient repartis avant que l’odeur devienne insupportable.

Claire ne l’écoute plus. D’une main pleine d’initiative, elle attrape le sweat et le remonte au-dessus de la poitrine de l’homme. Ses lèvres charnues se posent sur le torse poilu qu’elles couvrent de multiples baisers. Ce pull, décidément, la gêne. Elle décide de s’en débarrasser. Dans une dernière manifestation de lucidité, Luigi résiste à ce déshabillage en tentant de se rajuster. Un baiser-suçon, fort adroitement appliqué sur un téton, déjà bien affolé, a raison de cette ultime velléité défensive. Exit le pull.


  • — Et puis merde ! se dit-il. La petite a raison. Nous serons peut-être morts demain. Alors…

Dans l’instant qui suit, après quelques gesticulations, leurs torses dénudés font connaissance. La juvénile et ferme poitrine, à la peau veloutée, pèse sensuellement contre le poitrail velu à la peau tannée par le grand air. Leurs tétons durcis s’excitent en de mutuels frôlements. Leurs lèvres se trouvent. Plus aucune résistance, baiser d’acceptation de l’inéluctable. Malgré le péril extérieur aucune précipitation. D’ailleurs l’extérieur, ils l’ont oublié. Statufiés face à l’ordo, corps fusionnés, nus jusqu’à la ceinture. La combine de Claire pend comiquement en une espèce de queue-de-pie ridicule, le collant de Luigi est totalement distendu par une vraie érection. Ils n’en ont cure : seules leurs mains, légères, aériennes, se promènent – promenade câline –, découvrent les parties révélées et accessibles de leurs corps. Griserie de sentir la peau de l’autre frissonner sous ses effleurements alors que sa propre peau manifeste les mêmes frémissements sous la main de l’autre.


Étreinte qui se prolonge. Les vêtements qui recouvrent encore le bas de leur corps deviennent une gêne, une entrave. Sans prononcer un mot, sans interrompre leur baiser, sans même que leurs torses ne s’écartent, à la même milliseconde, ils entreprennent de se dégager de ce carcan. Dans une pantomime gymnique, ils y parviennent sans jamais supprimer le contact. Le pénis érigé de Luigi se presse contre le ventre blanc de la jeune fille tandis que la toison luxuriante de celle-ci vient lui démanger les couilles. Cette sensation provoque chez l’homme un regain d’excitation. Agrippant ses fesses vigoureuses, il la soulève sans difficulté. Sa bite raide pointe sa tête de nœud à l’entrée du temple inviolé, mais détrempé. Cette approche de pénétration surprend Claire qui resserre instinctivement les cuisses en contractant le vagin. Réaction qui provoque un glissement, le long des lèvres entrouvertes, du pénis. Quand la bite, ignorant la vulve offerte, s’insinue entre les fesses, Luigi lâche le cul de la donzelle, agrippe ses hanches.


Situation délicieuse : dans la chute du corps, le délicat clitounet de Claire heurte violemment le pubis de l’homme. Elle ne peut retenir un petit cri de douleur vite étouffé par le plaisir qui suit. Non seulement le frottement de son bourgeon contre la chair mâle lui procure de très agréables sensations, mais son vagin chevauche le pénis, ses grandes lèvres le ventousent. Un lent mouvement de va-et-vient sur cette hampe si dure, son clito frappant avec régularité le pubis de l’autre suffisent à la faire partir. Sa bouche, sa langue s’affolent. Ses plaintes se mêlent au baiser. Au plus fort de sa jouissance, sans même s’en rendre compte, elle mord la langue qui la pénètre.


Situation délicieuse : bien qu’elle se tienne sur la pointe des pieds, les jambes de Claire se révèlent trop courtes. Le poids de la jeune fille pèse sur sa bite rigide, la poussant vers le bas. Ce combat inégal entre son pénis qui tend vers le haut et ce vagin qui le repousse vers le bas excite son imagination. Les grandes lèvres trop bien lubrifiées enserrent sa bite sur laquelle elle coulisse lentement. Luigi, qui n’a pas tenu de femme dans ses bras depuis…, sait qu’il ne résistera pas longtemps. Il sent le foutre arriver à toute allure dans son sexe si plaisamment martyrisé. Depuis quelques secondes, Claire accompagne ses va-et-vient de gémissements révélateurs. Aussi quand elle plante les ongles dans ses épaules et qu’elle lui mord la langue, il part en longs jets qui maculent de blanc mousseux l’entre fesses de la jeune fille.

Peu à peu, la tempête déclenchée par leur jouissance simultanée s’apaise. Claire s’alanguit dans les bras de l’homme qui vient de l’amener si haut, si loin. Luigi, étonné d’un tel cataclysme, ne cesse de poser de tendres baisers dans le cou de la jeune fille tandis que ces mains caressent amoureusement son visage.


Mais Claire, à peine les pieds en contact avec le sol, reprend contact avec la réalité. Elle s’écarte de lui et frappe sa poitrine de ses poings fermés en psalmodiant :


  • — Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Luigi n’y comprend plus rien ! Il a eu l’impression que la jeune fille a apprécié autant que lui ce petit aparté amoureux… les femmes… toujours le même mystère. Il ne sait quoi dire. Les coups s’espacent, s’estompent, s’arrêtent. D’une voix troublée par les sanglots :


  • — Pourquoi t’es pas allé au bout ?

Pas allé jusqu’au bout ! Cela le fait sourire ! Il voit sa liqueur couler encore le long des cuisses de Claire, son minou inondé de cyprine ; il se rappelle ses spasmes de jouissance, ses ongles déchirant sa peau…


  • — Pas allé jusqu’au bout ? Je ne sais pas ce qu’il te faut !

À ces mots, les poings de Claire entament un nouveau solo de percussion sur sa poitrine.


  • — Salaud ! Tu devais prendre ma virginité ! Et tu m’as traité comme une ado interdite, tu t’es contenté de te branler entre mes cuisses ! Pourquoi, pourquoi ?
  • — Je pourrais te répondre que je n’ai pas voulu abuser de ta détresse et profiter de la situation, mais…
  • — Arrête de te foutre de ma gueule.
  • — J’peux finir ?
  • — Oui.
  • — Mais ce ne serait pas la vérité ! Elle est moins flatteuse pour ma virilité : simplement je n’ai pas pu faire autrement.
  • — Eh ben, toi, t’aimes bien faire des grandes phrases, dit-elle la voix radoucie, un sourire chassant les dernières larmes.

D’avoir fait perdre le contrôle à cet homme qui pourrait être son père lui procure une satisfaction qui efface la déception de son hymen préservé. Se coulant contre lui, lovant son corps contre le sien, sa poitrine durcie de désir contre la sienne, son pubis détrempé contre sa verge pendante, elle se pend à son cou. Dressée sur la pointe des pieds, sa bouche réinvestit celle de l’homme, sa langue tel un pénis impertinent s’enfonce entre les lèvres obligeantes pour un baiser brûlant.


Luigi n’a plus d’état d’âme. Son corps, déjà, réagit à ce nouvel assaut. Le désir renaît. Si son sexe n’est pas encore à l’unisson, ses mains partent en exploration. Elles jouent une petite musique de nuit sur un clavier imaginaire naissant au creux de la nuque pour mourir à celui des fesses. Claire frissonne sous ses caresses aériennes, frôlantes, musicales. Sa jeunesse, sa vigueur la rend plus réactive : alors que la bite de son vis à «vit» n’a même pas amorcé une nouvelle érection, ses seins gorgés de désir, ses tétons aux pointes démesurément érigées lui font mal, son temple d’amour ne peut contenir cette cyprine qui détrempe sa touffe, déborde de nouveau sur ses cuisses.


  • — Viens, viens…

Reculant en crabe, elle attire Luigi vers la couche. Dans ce déplacement en aveugle, elle en heurte le montant, tombe, entraînant son partenaire dans sa chute, sans pour autant desserrer son étreinte. Ils se retrouvent sur le lit, toujours étroitement enlacés. Sans perdre une seconde, la main de Claire se fraie un chemin entre leurs ventres. Elle agrippe le membre qui sous ses diverses provocations a déjà retrouvé sinon une raideur optimum du moins un certain volume. Gauchement, mais avec un vif enthousiasme, les doigts en anneaux, elle le masturbe. Ce traitement de choc qu’accompagne la friction glissante du minou contre la cuisse masculine génère rapidement une dure érection.


Luigi, lucide, sait qu’il doit interrompre ces caresses sinon la demoiselle va conserver son pucelage. Il est étonné de rebander avec autant de facilité, mais s’il lâche la purée une deuxième fois, y’aura pas de troisième et elle pourra faire ceinture. Sûr qu’elle ne sera pas contente. Pour être sincère, il a très, très envie de sentir sa bite s’enfoncer dans cette chattoune virginale. Il y a si longtemps qu’il n’a pas réellement aimé un corps de femme. Aimé, cette pensée lui est venue spontanément. Il la repousse aussitôt. Pourtant… Qu’importe s’il veut l’honorer…


Il se libère non sans peine de l’étreinte, des caresses, du baiser vorace. Claire ne comprend pas, elle essaie de le retenir… Il se laisse glisser le long de son corps, couvrant ses seins, son ventre de baisers. Sa bouche se pose sur le mont de vénus de la jeune fille. Sa langue part à la recherche du clitounet. Clitoris qu’il trouve sans peine tant l’excitation l’a affermi, dressé, dilaté.


Mais Claire ne l’entend pas ainsi. À peine sa langue a-t-elle le temps d’effleurer la petite hampe turgescente qu’elle le tire par les oreilles, lui soulève la tête, l’arrachant à sa dégustation.


  • — S’il te plaît ! Viens ! Prends-moi ! Je veux te sentir en moi ! Je ne veux pas mourir sans connaître… Viens, supplie-t-elle.

Comment résister à une telle demande ? Déplacement inverse. Reptation montante aidée par les pieds de la jeune fille. Pieds plaqués contre ses fesses qui le poussent vers le haut. Cet exercice de voltige ouvre une voie royale entre les cuisses largement écartées, dégage le triangle amoureux. Sans aucune difficulté, la bite méchamment bandée pénètre la vulve en crue. Le gland décalotté vient heurter l’hymen élastique.


Brusque retour à la réalité ! Instant d’affolement ! Comment va-t-il faire ? Il n’a jamais «déviergé» de nanas ! Il a peur de se comporter comme un rustre, de lui faire mal.


Heureusement pour eux, Claire n’a pas ces états d’âme. Elle a planté ses pieds bien à plat sur le drap. Ses mains cramponnent maintenant les fesses de l’homme. Elle tente de le coller à elle tandis que son bassin cherche le sien. Sous ce double mouvement, l’hymen se tend. Luigi, dans un premier temps résiste puis poids mort, complètement immobile, il laisse la décision à la jeune fille. Dans un ultime élan, ongles griffant les chairs d’un cul contracté, elle projette son pubis contre celui de l’homme. L’hymen ainsi maltraité se déchire. Une seconde, la douleur prend le dessus. Remplacée, la seconde suivante, par la joie de sentir son ventre habité. Cette intrusion qu’elle attendait, qu’elle craignait… cette souffrance qu’on lui avait prédite… N’importe quoi… Ses mains se décontractent ; les paumes glissent apaisantes sur les chairs qu’elles ont précédemment martyrisées.


Luigi, attentionné, guette les réactions sur son visage. Il lit l’attente, la douleur puis l’exaltation. Alors, lentement, il commence à bouger son bassin. Il prend le visage de Claire entre ses mains et l’attire à lui. Ses lèvres se posent, «affleurantes», sur les siennes. Il entame un baiser tendre, délicat. Sa langue pénètre la bouche consentante dans le même rythme lancinant que son pénis, le vagin brûlant. L’étroitesse de cette chapelle jamais visitée compresse son vit, les vibrations qui en agitent les parois opèrent comme une pompe. Il doit se modérer, se contrôler sinon il va éjaculer prématurément. Il essaie de visionner dans sa tête des images «débandantes». Peine perdue car…


D’abord, Claire, passive, profite pleinement de ces nouvelles sensations, de cette vie dans sa vie, de ce vit dans son ventre. Elle écoute, déconcertée, son corps réagir à cette invasion consentie. Sa poitrine lui semble plus lourde. Son vagin est parcouru de contractions ; son abdomen, de spasmes ; tout son corps, de picotements. Elle voudrait que ce membre se fonde en elle, devienne elle. Elle s’est souvent masturbée, elle s’est régulièrement fait jouir, mais ce corps étranger qui palpite fait toute la différence. Dans un éclair de clairvoyance, elle appréhende que son excitation soit due plus à la situation qu’à la performance de l’homme. Ce moment de perception passive ne dure guère. L’envie de plaisir reprend la main. Son bassin se soulève, entre en résonance avec celui de Luigi. L’extrême lenteur des mouvements de celui-ci ne lui suffit plus. Elle veut sentir ce dard coulisser plus virilement. Elle a envie d’être transpercée, d’être prise, d’être violentée. Elle empoigne rudement les fesses de Luigi et y plante en cadence ses ongles acérés. Elle prend le pouvoir, elle donne le rythme. Ses hanches, décollées du lit, se jettent avec frénésie contre celles de Luigi.


Un nouveau message clignote sur l’écran de l’ordinateur : «Appareil en approche. Probabilité 98 % F45 furtif, force aérienne de l’empire. Sera à notre aplomb dans 48 secondes». Ni l’un, ni l’autre ne s’en aperçoit.


Les oscillations convulsives de la jeune fille le libèrent de toute retenue. L’épisode «dépucelage en douceur» est derrière eux. Elle désire qu’il la prenne comme une femme. Il lui saisit les chevilles, les lui remonte au-dessus de la tête. Action qui a pour effet de la plaquer au lit. Le corps de Luigi se tend comme un arc dont son membre serait la flèche. Seuls, ses orteils gardent contact avec le drap. Le tendre baiser se transforme en galoche sauvage, leurs lèvres s’écrasent sous la poussée, leurs dents s’entrechoquent, leurs langues se battent. Claire essaie toujours de projeter son bassin vers le haut. Mais chaque fois, son cul, sous la poussée du mâle, s’enfonce plus profondément dans le matelas. Complètement désinhibé, Luigi la baise violemment, la pilonne dans un rythme de plus en plus débridé. À ce jeu-là, Claire ne résiste pas longtemps. Son corps, son cœur s’enflamment. Elle n’est plus qu’un immense frisson. Elle ne sait plus où elle est, qui elle est. Seulement ce plaisir qui irradie par chacun de ses pores. Son corps se cambre. Malgré la force et la pression exercées par le pilonnage masculin, elle parvient à se décoller du lit. Elle s’envole. Ses ongles labourent le dos de l’homme, laissant une traînée sanglante derrière eux. Dans un ultime frisson, sa bouche retrouve son autonomie pour hurler :


  • — Maman !

L’écran clignote fébrilement mais inutilement : «WARNING ! WARNING ! F45 en attaque. Bombardement dans 15 +/- 2 secondes. Gagnez le bloc de confinement.«


La douleur immédiatement suivie du cri délivre Luigi, qui à son tour, jouit. Il jouit longuement, pleinement comme il n’avait pas joui depuis… Son foutre se déverse par grosses coulées. Les soubresauts de la queue et ce liquide qui la remplit provoquent chez Claire une seconde jouissance plus intellectuelle, plus paisible. Son corps se détend. Ses mains redeviennent caresses.


  • — Merci ! tu as été…


************



  • — Aigle Noir à Grand Sachem ! Objectif atteint. Campement rebelle entièrement détruit. L’indicateur de chaleur indique qu’il reste deux ou trois survivants ! Mais vu les conditions atmosphériques…
  • — Bien reçu Aigle Noir ! Vous faites pas de bile pour les survivants ! I’ passeront pas la nuit ! Au pire les loups s’en occuperont ! Rentrez à la base !





Ce récit n’aurait jamais pu être mis en ligne sans la patiente assistance,

les corrections subtiles et les idées gracieuses de Lysdoran !

(her) God blessed her.



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n° 13440Olaf29/08/09
Dérhumage
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58284 caractères
Auteur : Olaf

Parfois, les voies du plaisir semblent désespérément impénétrables…


À quarante-deux ans, et un mariage raté derrière elle, Ariane réussissait par une habile et rigoureuse organisation de ses activités à surmonter les aléas d’une vie de maman divorcée. En d’autres termes, elle tenait le coup économiquement et socialement, alors que la motivation et la liberté manquaient pour le reste.


Voluptueusement plongée dans un bain chaud et parfumé, l’esprit détaché de son corps, elle flottait ce soir-là sans contrainte au-dessus d’elle-même, contemplant de haut les délicates circonvolutions de son majeur sur son clitoris. Rien de très surprenant, tant ces moments de détente faisaient partie intégrante de son système de survie. Sauf qu’à l’instant où une bouffée de chaleur embrasa ses reins, elle réalisa qu’aucun rêve érotique n’avait accompagné sa masturbation. Pas la moindre vision d’une fesse masculine musclée, pas le moindre clignement de paupières de la part d’un séduisant inconnu, aucun frôlement de main fortuit au moment de rendre la monnaie à un homme souriant, rien de ce qui alimentait habituellement la montée de son désir. Elle était en train de se caresser, abstraction faite de tout élément stimulant mâle.


Le choc de cette révélation faillit tout faire capoter. Se rattrapant des deux mains à son plaisir, elle arriva à se concentrer une nouvelle fois sur l’imminente délivrance. Son corps fit l’impasse sur la perturbation passagère, son clitoris répondit intensément à l’accélération des effleurements. Quelques minutes plus tard, un agréable orgasme la ballottait de contractions en tremblements, alors qu’un raz-de-marée inondait la salle de bain en témoignage de l’intensité du plaisir.


Ariane profita longuement de cette jubilation sensuelle. Elle ne put toutefois pas s’empêcher d’affronter la réalité. Aussi intense fût-il, son plaisir avait été solitaire au point de friser l’autisme. Jamais auparavant elle n’aurait pu imaginer se caresser sans laisser passer d’images masculines derrière ses paupières closes. Rien de cela aujourd’hui. La conclusion que les hommes ne feraient dorénavant plus partie de ses rituels érotiques s’imposa immédiatement. Or elle était depuis toujours intimement convaincue qu’après de trop nombreux mois sans baiser, elle risquait de perdre toute aptitude à baiser agréablement, si l’occasion s’en présentait à nouveau.


Ce fut l’illumination, la première et douloureuse illumination. Après plus de dix-huit mois de solitude, elle venait de franchir la barrière. Putain, si je ne réagis pas, je vais me retrouver vieille avant d’avoir été vraiment heureuse !


oooOOOooo


Malgré une intense cogitation, elle ne trouva pas de solution satisfaisante à cette question au cours des jours suivants. Elle imagina alors se changer les idées en rendant visite à son père qui retapait leur maison de famille dans une lointaine campagne. Il en était à la réfection du vieux four à pain. Comme le voulait la tradition de cette région, le four avait été construit en molasse. Un matériau qui donne une excellente chaleur, la conserve de manière durable et permet, à qui sait maîtriser le feu, la confection d’une quantité de gourmandises après la cuisson du pain.


De nombreux souvenirs gustatifs et sensuels remontèrent de sa mémoire lorsqu’elle pénétra dans le fournil pour embrasser son géniteur en pleins travaux de maçonnerie. Ce genre de four nécessite en effet de fréquentes remises à neuf. Un travail complexe détaillé dans un livre très ancien, dont son père s’était inspiré. Ariane y jeta un coup d’œil après avoir erré dans la vieille maison, comme elle aimait le faire lors de ses occasionnels retours aux sources. C’est alors que ce produisit la deuxième illumination. Apprenant qu’il fallait au minimum cinq jours de mise à feu à chaleur croissante pour dérhumer l’antique creuset, elle extrapola qu’une procédure similaire pourrait convenir au dérhumage de son foyer intime.


Cinq jours, à raison d’un à deux feux quotidiens, cela pouvait être jouable. À condition de bien planifier comment et entre quels bras s’embraser à chaleur croissante. C’est qu’il fallait être sûre d’arriver à tenir le rythme, mettre la main sur le bon bois, attiser la juste flamme. L’idée de tenter l’aventure, et surtout le défilement soudain dans son esprit en manque d’un grand nombre de possibilités de rencontres, la mirent en joie pour le reste du week-end. Jusqu’à devenir une sorte d’obsession, tant elle avait hâte de revenir du bon côté de la barrière.


Sa fille ne manqua pas de le relever d’un ton acerbe au cours du trajet de retour. Perdue dans ses pensées, Ariane était en effet restée trop longtemps silencieuse, envisageant notamment une première expérience entre les bras d’un jeune homme séduit d’un croisement de jambes à la terrasse d’un café. Mais elle se ravisa, craignant que ce premier feu dégageât une chaleur trop vive. Elle opta donc a priori pour un corps à corps plus conventionnel, se promettant plutôt de conclure son dérhumage dans l’incandescence de la fougue juvénile.


oooOOOooo


Les semaines passèrent sans qu’une première ouverture se présente. Elle fit certes quelques rencontres, trop pâles néanmoins à son goût pour se lancer. Comme souvent dans ce genre d’entreprise, le premier partenaire potentiel s’imposa au moment où elle s’y attendait le moins. Elle était même de fort méchante humeur ce mardi-là, lorsque le spécialiste se décida à venir mettre de l’ordre dans le bazar informatique qui s’était développé dans le système d’exploitation de son lieu de travail. Enfin, pas l’informaticien en titre, mais un remplaçant envoyé par la direction pour éviter un sanglant esclandre, tant elle était arrivée à accumuler de ressentiment contre tout ce qui ressemblait à un clavier ou un écran d’ordinateur.


L’homme était mignon, sympathique, et non dénué d’humour, ce qui l’apaisa. Il faisait même preuve d’une indéniable élégance dans l’assortiment des tons bleus de sa tenue. Seul défaut, il s’enticha immédiatement d’elle, et entama sa danse de séduction sitôt les bogues informatiques éliminés de la bécane. Sa manière de mettre en avant ses nombreuses qualités professionnelles, personnelles, puis sensuelles aurait en d’autres temps rebuté Ariane. Compte tenu de ses intensions du moment, il représentait le modèle rêvé du premier feu de dérhumage. L’évidence et l’amplitude de son impatience achevèrent de la convaincre. Elle répondit donc positivement à ses allusions, puis à ses avances, et finalement à son invitation à le rejoindre dans un endroit discret au cours de l’après-midi.


Elle ne jugea pas nécessaire de perdre du temps en vaines présentations et se laissa d’emblée prendre en mains du haut en bas. Il caressait bien, il sentait bon, sa peau était douce, il sut faire rapidement monter en elle les frémissements du désir. Lorsqu’il se montra trop pressant, elle lui fit néanmoins comprendre qu’elle n’attendait de lui qu’une mise en bouche. Il se montra respectueux et la laissa se soustraire à un échange pour lequel elle ne se sentait pas encore prête.


Elle prit alors tout son temps pour redécouvrir avec enthousiasme à quel point il était agréable de toucher à l’une des différences essentielles entre l’homme et la femme. Du bout des doigts d’abord, puis de la pointe de la langue, puis… Il ne lui laissa pas plus de temps. Se cabrant soudain, il perdit contenance et se vida entre ses lèvres. Elle reçut l’offrande sans sourciller. Il l’aida à se relever avant de s’excuser, non de la précocité de son épanchement, mais de devoir la quitter sur le champ. D’autres ordinateurs attendaient ses soins, probablement plus attentifs que ceux dont il l’avait gratifiée. Il ne restait plus à Ariane qu’à enfiler quatre autres perles sur son collier et elle serait de nouveau sur le bon chemin sexuel pour quelques mois.


oooOOOooo


Satisfaite de ce premier succès, elle décida de s’offrir des fleurs pour fêter son renouveau. Trouvant un magasin non loin de là, elle fut accueillie par un homme dans la cinquantaine. Elle apprécia sa manière discrète de la dévisager pendant qu’elle choisissait ce qui lui ferait le plus plaisir.


  • — Je peux vous aider ? Vous cherchez quelque chose de particulier ?
  • — Pas vraiment. Je me demande d’ailleurs si je n’ai pas envie de vous laisser choisir pour moi…
  • — Volontiers, laissez-moi deviner, dit-il sans se départir de son agréable sourire, vous fêtez une réussite personnelle ?
  • — Très personnelle, en effet.
  • — Une réussite amoureuse alors. Donnez-moi un peu de temps et je vous prépare une surprise.
  • — Jusqu’à quand ?
  • — Si vous revenez à l’heure de la fermeture, tout sera prêt.
  • — Cela me semble agréablement déraisonnable… Je viendrai.

À l’heure dite, elle trouva l’écriteau de fermeture placé bien en évidence sur la vitrine. Confiante, elle poussa malgré tout la porte et entra. Le magasin était vide, mais il y avait encore un peu de lumière dans une petite pièce située à l’arrière. Elle avança le cœur battant, impatiente de découvrir la surprise qui lui était réservée.


Ce qu’elle vit dépassa tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Au fond, sur une table, trônait un somptueux bouquet. Les rouges et les ors des corolles se combinaient harmonieusement, alors qu’une odeur envoûtante s’en dégageait et flottait dans la pièce. Pour compléter le tableau, le diable d’homme avait tressé un ravissant lit de fougères, de fins branchages et de pétales au milieu de la pièce, en jouant sur les dégradés verts de manière très élaborée. Le tout bordé d’une rangée de bougies. Un vrai lit nuptial de fée, si l’on peut se fier à ce qu’en disent les contes.


La mise en scène toucha profondément Ariane, même si, objectivement, ce genre de couche ne sied pas vraiment à un postérieur humain. Malgré l’étrange désir que l’homme faisait monter en elle, elle s’imaginait mal allongée sur des branchages, cuisses écartées, profondément lutinée par un fleuriste romantique pendant que des épines de roses s’enfonçaient dans ses fesses.


Elle sentit soudain sa présence dans son dos, mais ne bougea pas. Conquise par son charme un peu désuet et la douceur de ses attentions, elle lui laissa l’initiative. Il posa alors un très léger baiser sur sa nuque. Puis il se dirigea vers le centre de la pièce pour étendre une pièce de soie au centre du lit. Il prit enfin son visage entre ses mains et, plongeant ses yeux dans les siens, lui demanda de le laisser faire d’elle la plus belle et la plus odorante fleur de son éphémère bouquet. Ce qu’elle vit dans son regard acheva de la convaincre, elle lui fit signe de commencer sa cérémonie.


Il la déshabilla en prenant tout son temps pour la contempler au fur et à mesure qu’elle lui laissait dévoiler ses charmes. Il l’aida ensuite à s’allonger sur le drap de soie, avant de s’agenouiller à ses côtés. Elle observa une fois encore son visage avant de fermer les yeux et de s’en remettre à sa délicatesse. Ce fut alors une symphonie de caresses, de baisers, d’effleurements, d’attouchements et, par-dessus tout, de parfums. Tout avait été parfaitement calculé pour qu’à chaque mouvement de son corps quelques pétales se froissent et libèrent des senteurs raffinées. Il lui sembla même que certaines caresses n’étaient pas seulement offertes pour son seul plaisir, mais pour inciter à un mouvement particulier auquel correspondait une rangée de pétales habilement disposées.


Saoulée par les odeurs, excitée par la douceur et la précision de son doigté elle finit par perdre toute notion de la réalité et s’abandonna entièrement aux mains chaudes qui parcouraient librement son corps. Plus le temps passait, plus le fleuriste prenait de l’ascendant sur elle, se comportant comme s’il lisait dans ses pensées et percevait ses désirs les plus secrets. Il sut si bien éloigner tout reste d’inhibition, qu’elle accepta sans la moindre hésitation de s’ouvrir à lui lorsqu’il posa sa bouche sur son bas-ventre et s’appliqua à la faire jouir avec une exquise sensibilité.


Il attendit qu’elle s’apaisât avant de la recouvrir d’un autre drap de soie. Lorsque les dernières vagues furent estompées, il caressa son visage en murmurant de très douces et rassurantes paroles. Elle entendit entre autres que son corps était un fabuleux instrument sensuel, sur lequel il avait eu le plus vif plaisir à jouer leur mélodie du plaisir. Puisse le bouquet qu’il avait préparé lui rappeler encore longtemps ce qu’ils avaient partagé.


Il eut l’extrême délicatesse de se retirer avant de perturber la parfaite ordonnance de leur échange érotique. Deux feux au cours de la même journée, les choses se présentaient sous les meilleurs augures. Mais vu l’intensité du plaisir ressenti, elle allait devoir prêter une meilleure attention à la maîtrise de la chaleur. Il ne lui avait pas été donné souvent de vivre ce genre de partage sensuel.


oooOOOooo


De retour chez elle, elle trouva sa fille d’humeur impatiente et maussade. Impatiente parce qu’elle attendait depuis au moins cinq minutes une réponse de sa mère à son quatorzième texto. Maussade parce qu’elle se méfiait bien que celle-ci allait lui refuser la prolongation de sortie nocturne à laquelle elle aspirait. La voyant affalée devant la télévision sous le poids de ses seize ans, Ariane se dit qu’une longue soirée de négociations allait commencer. Elle préféra s’occuper du bouquet avant d’entamer les hostilités.


  • — D’abord, c’est chez qui cette soirée.
  • — Quelqu’un que tu connais pas…
  • — Alors, question réglée, c’est non !
  • — La sœur d’une copine.
  • — Quel âge ?
  • — Chais pas, mais ses parents, eux, y lui font confiance…
  • — Et il y aura qui d’autre ?
  • — Une fille du lycée…
  • — Et côté garçons ?
  • — Ben, personne, tu crois quoi ?
  • — Alors question réglée, c’est non !
  • — Mais maaaaa-maaaan, tu vas pas me dire que tu voudrais qu’y ait des mecs, non ?
  • — J’aime pas de tu te paies ma tête quand je te pose des questions.
  • — Bon, d’accord, y aura Jean-Gab et Fred. Mais leurs parents savent. Et y viendront les chercher.
  • — À quelle heure ?
  • — Minuit, je crois.
  • — Tu crois ou tu sais ?
  • — Tu peux leur téléphoner, si tu me fais pas confiance ! C’est chaque fois la même chose (larmes et reniflements) ! Qu’est-ce que tu me reproches, pourquoi tu m’en veux (claquement de porte) ?
  • — (remords et grosse fatigue) Je ne t’en veux de rien, ma puce. Mais j’ai parfois si peur…. je ne sais pas… qu’il t’arrive quelque chose d’irréparable, que…
  • — (lent entrebâillement de porte) Ma-maaaan, j’ai plus quinze ans…
  • — (pâle sourire) c’est vrai, ça fait toute la différence (embrassade, yeux embués). Alors disons… minuit. Mais je veux d’abord téléphoner aux parents qui vont te ramener.
  • — Oui maman…
  • — Et tu m’appelles dès que tu quittes tes copines !
  • — Oui maman…
  • — Tu ne comprends pas que j’aie peur pour toi ?
  • — Oui maman…
  • — Que je veux pas qu’on te fasse du mal, qu’on saccage ta jeunesse…
  • — Oui maman…
  • — Arête, je suis sérieuse, il suffit d’un truc dans ton verre et…
  • — Je sais, maman…
  • — Et puis, je ne voudrais pas que tout aille trop vite, que…
  • — Alors, là, explose soudain l’adolescente, c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! T’as vu ta tête, tu t’es pas regardée dans la glace avant de rentrer ?
  • — Quoi, qu’est-ce qu’elle a, ma tête ?
  • — T’as la mine de quelqu’une qui a rencontré quelqu’un, pis qu’aurait même été assez vite dans l’aventure… (uppercut, crochet au foie, fin de la négociation).

Minuit fut long à venir. Vers deux heures du matin, en fait. Mais sans dégâts. À part quelques découvertes en matière de séduction de la part de la fille, et quelques illusions en moins de la part de la mère. Seule constatation importante avant de s’endormir enfin, Ariane n’avait plus aucun livre captivant à lire pour les nuits sans sommeil et les situations de crise.


Elle décida d’y remédier le lendemain, pendant sa pause de midi. Un libraire avait ouvert un magasin non loin de son lieu de travail. Elle vit là une bonne occasion de découvrir son échoppe, et constata avec bonheur que c’était exactement le genre d’endroit qu’elle aimait. Outre les nombreux rayonnages sur lesquels était exposé un vaste choix de littérature en tous genres, il y avait dans un coin une table basse et des chaises confortables. De l’autre côté se trouvait une sorte de sofa, qui donnait une touche de couleur lie de vin à l’arrangement du lieu. Le magasin était baigné d’une douce lumière naturelle coulant d’une verrière disposée au plafond. Bref, on en avait fait un lieu consacré à la découverte littéraire, dans une ambiance feutrée, où le temps s’écoulait plus lentement, pour mieux choisir, parcourir quelques pages, toucher les volumes du bout des doigts et, en somme, se faire plaisir.


Quant au libraire, il était mignon et agréablement maladroit, ce qui lui donnait un charme particulier. Ariane se dit qu’il ne manquerait pas d’offrir un très agréable troisième feu, à condition de prendre quelques initiatives avant d’arriver à ses fins.


Elle prit tout son temps pour découvrir l’assortiment, et finit par choisir deux livres qui lui semblaient correspondre à son humeur du moment. Elle chercha le libraire des yeux pour payer. En vain. Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas remarqué sa disparition. Profitant de son absence, elle s’approcha de sa table de travail pour voir ce qu’il lisait. Le dernier recueil des nouvelles érotiques d’Olaf y était ouvert. Ils avaient apparemment les mêmes goûts.


Elle sourit en se demandant quels textes il avait lu pendant qu’elle choisissait des livres nettement plus sages. Avait-il souvent levé la tête et rempli ses rétines de ses formes entre deux paragraphes ? L’idée la troublait d’avoir peut-être donné corps à l’un ou l’autre de ses désirs secrets, exacerbés par la lecture. Elle posa directement la question au libraire dès qu’il réapparut.


  • — Vous aimez ce genre de littérature ?
  • — Je…, c’est un nouveau livre, dit-il en rougissant, je voulais juste voir de quoi il s’agissait….
  • — Pour mieux conseiller votre clientèle ?
  • — Voilà, exactement.
  • — Et si je vous demandais de me conseiller, quelle nouvelle choisiriez-vous pour moi ?
  • — Euh… comment dire… je ne vous connais pas assez, je n’oserais pas, je…
  • — J’ai encore un peu de temps devant moi. J’aime bien votre boutique, elle est chaleureuse, confortable, j’y ressens une atmosphère sensuelle, voluptueuse même. Et l’étrange couleur de votre sofa m’attire, sans que j’arrive à dire pourquoi… Vous ne voulez pas fermer la porte et me lire le passage que vous « parcouriez » au moment où vous vous êtes enfui ?

L’homme protesta, ce n’était pas une fuite, juste quelque chose à régler dans son bureau. Mais il sentit que la bataille était perdue d’avance. Ariane venait de poser les yeux sur son entrejambe, découvrant la majestueuse bandaison qui avait commencé à le torturer alors qu’elle déambulait entre les rayons, tant ce qu’il voyait d’elle se superposait parfaitement à ce qu’il était en train de lire.


Son trouble, son inexpérience, de même que son apparente fragilité, contribuèrent à faire monter une très agréable envie entre les cuisses d’Ariane. Elle alla elle-même tourner la clé dans la serrure et inverser le panneau d’ouverture, avant de s’allonger sur le sofa. Sans oser lever les yeux sur elle, il chercha fébrilement le passage dont elle avait exigé la lecture. Se laissant guider par les descriptions de l’auteur, Ariane mima les gestes des protagonistes, se caressa lascivement, puis se déshabilla au même rythme que les amants de l’histoire. Lorsqu’elle fut entièrement nue, elle se cambra et écarta les jambes pour mieux s’offrir aux regards du libraire, qui se décida enfin à lever les yeux sur elle.


Elle se délecta du mélange d’admiration, de désir et d’incrédulité qu’elle put y découvrir. Malgré la valse hésitation qui se jouait entre eux, ce qu’elle vit dans les yeux du jeune homme lui donna envie de jouir pleinement de lui, maintenant. Elle renonça à attendre plus longtemps qu’il se décidât à la rejoindre et s’approcha de lui, nue. Il resta comme tétanisé. En désespoir de cause, elle lui offrit ses seins à pleines mains. Alors seulement, il posa ses lèvres sur ses mamelons durcis et s’empara de ses hanches pour rapprocher les fruits mûrs de sa bouche.


Lorsqu’elle en eu assez de le sentir arrimé à ses pointes sans la moindre imagination érotique, elle lui enjoignit de se déshabiller et de prendre sa place sur le sofa. Se souvenant des conseils qu’elle avait prodigués la veille encore à sa fille, elle prit un préservatif dans son sac et recouvrit elle-même l’objet de sa convoitise. Il la regarda faire comme un damné face aux feux de l’enfer, heureusement sans cesser de bander pour autant.


Ariane en profita pour s’installer à califourchon sur le membre tendu de son admirateur. Centimètre par centimètre elle l’enfila en elle, profitant les yeux fermés des douces sensations d’écartèlement dont elle avait presque perdu le souvenir. Que c’était bon de sentir la vie palpiter à nouveau en elle, la chaleur de la tige traverser la mince couche de latex pour irradier contre ses parois intimes. L’homme respira de plus en plus fort, jeta sur elle un regard halluciné. Il commença même à s’agiter de manière désordonnée entre ses cuisses. Elle tenta de calmer sa soudaine ardeur par la parole, dans l’espoir de faire durer le plaisir.


  • — Que font-ils à ce moment dans la nouvelle que vous lisiez ? demanda-t-elle d’une voix aussi neutre que possible.
  • — Il… il lui fait l’amour…
  • — Amusant, c’est une nouvelle approche de la chose dans l’œuvre de cet auteur. Faire l’amour… il est en train de virer romantique ? Quel ennui !
  • — Il… il la baise, avoua-t-il enfin, osant même un mouvement viril des hanches pour mieux se planter en elle.
  • — Il la baise simplement, comme nous maintenant, limite ennuyeux, ou il lui fait des trucs pas possibles.
  • — Des trucs pas possibles, je sais pas…
  • — Baiser, ce serait, disons, profondément, fougueusement, mais encore avec un reste de retenue. Alors que les trucs pas possibles, ce ne serait plus de la baise, mais à la limite de la douleur, comme s’il la couvrait, qu’elle était sa femelle, une saillie en somme, avec tout ce qui nous manque maintenant, la sueur, la bave, les jus qui coulent, le sperme qui va fuser dans sa queue monstrueusement dilatée, la pisse qu’elle va lâcher au moment de jouir, tellement elle est prête pour lui, et puis les odeurs, et les bruits, surtout les bruits, le clapotis de la copulation, les succions, les gémissements, les cris, les râles, qui rendent l’amour parfaitement dégoûtant et la baise insupportablement mais voluptueusement obscène !

Échauffée par ce qu’elle imaginait le couple être en train de s’offrir, Ariane commença à faire basculer son bassin sur la tige plantée en elle. L’homme se décida à répondre à son impatience, et fit presque preuve de plus d’assurance. Sa queue se cabra même violemment dans la vulve accueillante lorsqu’elle pinça ses tétons entre ses lèvres, dans une tentative désespérée de déchaîner enfin une réaction virile salutaire. Elle ne put cependant en obtenir beaucoup plus. Estimant alors le moment venu d’en finir, elle abattit sa dernière carte érotique et se détacha du vit gonflé pour se placer à genou devant le sofa.


Ce fut la bonne décision. Mu enfin par une irrésistible envie, l’homme s’empara d’Ariane et s’enfonça profondément en elle d’un ample mouvement des reins. N’est malheureusement pas personnage d’Olaf qui veut. À part l’ébauche de fougue, tout manquait au grand timide pour faire vraiment vibrer Ariane. Ni l’élégance, ni l’autorité du geste viril, ni l’impérieuse force de l’animalité, ni surtout l’abandon aux pulsions les plus primitives n’étaient là pour mettre le feu à ses entrailles.


Ravagé par ce qu’elle lui offrait, il ne résista d’ailleurs pas longtemps à son animale séduction et commença à se vider. Ariane se délecta des intenses pulsations qui dilatèrent son intimité. L’homme éjacula interminablement, chaque saccade semblant lui retirer un peu plus de force vitale. Il finit à se point épuisé et déboussolé par ce qui lui était arrivé, qu’il fut incapable d’accompagner les caresses qu’Ariane dut se prodiguer pour soulager la tension accumulée pendant cette trop imparfaite conjonction.


Au moins eut-il l’élégance d’attendre la fin de son plaisir avant de se relever, et de découvrir avec horreur ce qui se déroulait devant la porte du magasin pendant qu’ils s’accouplaient à même le sol. Deux hommes et une femme, le nez collé à la vitrine, suivaient en effet les ébats du couple avec un intérêt non dissimulé, mâtiné d’une pointe de jalousie. Trouvant la librairie fermée à une heure inhabituelle, ils avaient pris leur mal en patience en savourant ce qui se tramait entre les piles de livres.


Le libraire rouge de honte courut se cacher dans son arrière-boutique. Ariane, enchantée d’avoir pu apporter un soutien efficace à une activité en déclin, prit tout son temps pour se rhabiller et quitta le magasin la tête haute, non sans mentionner à la cantonade le nom de quelques ouvrages qu’elle prétendit être à l’origine de leurs débordements sensuels. Une manière comme une autre de doper les ventes de son amant inexpérimenté, et de soutenir les activités littéraires d’Olaf, dont elle appréciait et le style et la vision des jeux de l’amour.


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La journée du jeudi s’annonça beaucoup moins radieuse. Elle avait prévu depuis longtemps d’emmener sa fille chez son père. Un exercice périlleux et à coup sûr épuisant pour les nerfs, tant son ex s’amusait à combiner la mauvaise foi et le harcèlement psychologique. Plus sereine que d’habitude, elle ne se laissa cependant pas entraîner dans les sempiternelles discussions contradictoires et démoralisantes, et reprit la route dès que sa fille fut installée.


De retour chez elle, elle prit le temps de lire un des ouvrages achetés la veille. Peu motivée pour faire de nouvelles rencontres, elle préféra rester seule et s’offrit une séance de cinéma, puis un verre dans un bar des environs. Après avoir décliné plusieurs offres plus ou moins directes, elle put enfin savourer le plaisir d’être accoudée tranquillement au comptoir et d’observer ce qui se passait entre les humains assis non loin.


Elle finit son verre étonnamment détendue, et rentra chez elle le cœur léger. Au moment de se déshabiller, son regard tomba sur le bouquet offert par le fleuriste romantique. Ses dernières paroles sur son corps et sa beauté lui revinrent à l’esprit. Elle s’arrêta devant le grand miroir de sa chambre à coucher et prit le temps de se contempler. Ainsi c’était ce corps que les hommes découvraient lorsqu’elle s’offrait à eux. Ces formes pleines qui avaient si délicieusement terrorisé le libraire, déstabilisé l’éjaculateur précoce et comblé le fleuriste, probablement en souvenir de très troublants instants d’amour.


Elle se trouva belle. Aucune vanité en cela, elle était simplement heureuse de ce corps épanoui dans lequel elle se sentait bien. Elle réalisait d’ailleurs peu à peu à quel point le désir d’un homme qui lui plaisait pouvait influencer sa manière de paraître, et surtout de bouger. Libre de rencontrer qui elle voulait, de la manière qui lui plaisait, elle répondait à cet intérêt par une sensualité très particulière de ses gestes. Une sensation qu’elle commençait seulement à découvrir, tant ce qu’elle avait vécu en couple en était éloigné.


Pourquoi se comporter si différemment suivant qu’on est avec l’homme qu’on aime ou l’amant qu’on désire. Est-il si difficile d’accepter que la séduction reste indispensable au sein du couple ? Est-il si incongru de provoquer périodiquement des retrouvailles érotiques avec son homme, et d’en profiter pour l’exciter en toute liberté, se comporter en vraie garce si l’envie est là, jusqu’à le rendre raide dingue. Très raide et un peu dingue… Quel mal, quel danger y aurait-il à re-jeter son dévolu sur l’homme aimé, le séduire dans un lieu improbable, pour mieux laisser la jouissance déborder par tous les pores, par tous les trous, le temps de s’apaiser mutuellement puis, les corps repus, inverser le strip-tease, remettre un à un les habits, cacher progressivement le désir, la moiteur, les giclures, les trop puissantes odeurs, remettre les attitudes de convenance, jusqu’à ne garder que la nudité du regard, toute petite fenêtre ouverte sur l’envie qu’on va préserver au fond de son ventre, jusqu’à la prochaine fois.


Quel sublime cadeau, pourtant, que ce regard qu’on lui offre entre deux portes, ce regard qui fait tressaillir sa douce queue, et lui rappelle qu’à cause de lui le four intime ne refroidira jamais complètement. Comme la molasse, la chair excitée régulièrement garde le souvenir de la chaleur. Il suffit alors parfois de ce regard de désir et de la liberté du corps pour mettre le feu aux poudres. Pourquoi s’acharne-t-on à éteindre la petite flamme entre deux incendies ? Est-il si dangereux de la garder allumée quelque part dans ses tripes, prête à foutre le feu à la baraque, même quand ce n’est pas le moment ?


Pourquoi n’était-elle pas arrivée à vivre avec l’homme qu’elle avait aimé, ce qu’elle s’autorisait à vivre depuis quelques jours avec des inconnus ? Elle laissa ces interrogations en suspens. Il restait deux perles à enfiler à son collier, peut-être l’une d’entre elles lui apporterait-elle un début de réponse. Mais elle était déjà fermement décidée à ne plus laisser son corps refroidir au point de rendre indispensable le lent dérhumage auquel elle s’astreignait.


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Elle travailla comme d’habitude tout le vendredi. L’informaticien remplaçant fit un bref passage dans son bureau, avec le secret espoir de la convaincre de le suivre pour un week-end sensuel. Elle refusa poliment, sans insister sur le fait qu’elle comptait sur des rencontres beaucoup plus enrichissantes avant le lendemain minuit.


Sur son chemin du retour, ralentie par les embouteillages, elle laissa son esprit flotter, le temps de passer en revue ce qu’il lui arrivait, et avec qui. Elle se demanda si le regard qu’elle portait sur les hommes n’était pas en train de changer, provoquant une réaction défensive chez bon nombre d’entre eux ou, à l’inverse, incitant ceux qui avaient tendance à surestimer leur pouvoir de séduction à prendre des postures de conquérants irrésistibles. Seuls quelques-uns accrochaient vraiment son intérêt et semblaient présenter des qualités sensuelles, viriles ou tout simplement d’écoute, correspondant à son attente. Encore fallait-il disposer d’assez de recul pour éviter les pièges tendus par les tricheurs, les saccageurs et autres handicapés relationnels. La capacité de dissimulation humaine est sans limite. Cela, Ariane le savait pour l’avoir vécu précédemment. Elle n’était toutefois plus prête à laisser cette triste évidence freiner ses envies et, à plus long terme, sa recherche d’équilibre du cœur et du corps.


Un conducteur peu respectueux la tira brusquement de sa rêverie et la força à mieux se concentrer sur la route. Elle parcourut encore quelques centaines de mètres en direction de son domicile puis, se ravisant, sa fille étant absente tout le week-end, elle préféra faire un crochet par le bord d’une rivière coulant non loin de là. Le bruit du courant lui procurait depuis toujours une intense sensation de bien-être et de calme, et l’idée de laisser l’eau fraîche glisser le long de son corps lui parut particulièrement agréable.


Elle parqua sa voiture près d’une anse de la rivière qu’elle savait généralement peu fréquentée. Un pêcheur s’y trouvait malheureusement déjà. Elle lui demanda s’il préférait qu’elle s’installe en amont ou en aval de lui. Il marmonna qu’elle n’avait qu’à descendre le lit de la rivière, ce qu’elle dut faire sur près de cent mètres avant de trouver un bon endroit. Elle ne réalisa pas tout de suite qu’elle s’était engagée dans un cul de sac et ne pourrait retourner à sa voiture sans revenir sur ses pas.


Heureuse de ce moment de liberté, elle se déshabilla, enfila un petit deux pièces et, après avoir habitué son corps à la fraîcheur de l’eau, s’allongea dans le lit de la rivière. C’est à ce moment qu’elle comprit la situation. Quelle conne elle était ! En suivant si naïvement la proposition de ce type, elle s’était elle-même précipitée dans un piège dont il allait être difficile de sortir. Cette perspective lui coupa l’envie de se baigner. Elle commença même franchement à paniquer en imaginant ce qui pouvait l’attendre. Son optimisme ne tarda toutefois pas à reprendre le dessus. Elle se faisait du cinéma, le type était certainement correct, il n’avait d’ailleurs que le poisson en tête. Quelque chose dans la manière qu’il avait eue de la regarder lui revint malgré tout en mémoire, et lui ôta définitivement toute illusion. Le gars devait attendre patiemment son retour…


Elle envisagea de continuer à descendre le long de la rivière, mais une cascade fermait cette issue. Il ne lui restait plus qu’à trouver rapidement une bonne solution pour convaincre ce tordu de la laisser tranquille. Elle se dit pour se rassurer que si son intention était de profiter d’une belle occasion de baiser, cela correspondait en fait assez exactement à ce qu’elle faisait avec des inconnus depuis le début de la semaine. Nonobstant quelques fioritures mises autour de ses aventures, elle avait en réalité consommé du mec. Or celui-ci n’était ni plus laid, ni a priori plus violent qu’un autre. Sauf qu’il profitait des circonstances pour s’imposer à elle, ce qui était révoltant et insupportable. Mais qui sait si dans un autre cadre, elle n’en n’aurait pas fait un feu très convenable. Les pêcheurs sont connus pour être patients.


Faisant taire sa rage d’être ainsi piégée, elle retrouva l’énergie que sa panique passagère avait inhibée. Tant qu’à faire, autant essayer d’attaquer la première et de s’en sortir par surprise. Elle remonta le courant jusqu’à l’endroit où se trouvait le pêcheur. Arrivée à sa hauteur, elle s’arrêta au milieu de la rivière, bien en vue et enleva le bas de son deux-pièces. Puis sans cesser de le regarder avec un air de défi, elle s’avança jusqu’au rivage, prête à profiter de la première occasion de lui glisser entre les doigts.


  • — Eh, beauté, t’as perdu le bas ou t’as oublié d’enlever le haut. C’est ma canne qui te tente ? dit-il en pointant l’index vers son entrejambe.
  • — Le bas, je l’ai enlevé pour gagner du temps ! Le haut, pas touche, c’est seulement pour mon mec !
  • — T’es vraiment une sacrée salope. Je l’ai tout de suite repéré en te voyant bouger ton cul tout à l’heure. Une vraie grande salope ! Viens ici que je t’apprenne le bonheur…
  • — Tu te sens de taille à assumer ! Faut pas m’en raconter, hein ! Ou tu donnes tout ou tu vas te faire foutre ! Je trouverai ce qu’il me faut ailleurs.

Le type planta sa canne entre deux pierres et commença à se déshabiller. Il tenta de la toucher au moment où elle rejoignait le bord de la rivière. Elle s’esquiva et alla d’un pas décidé fouiller dans les affaires qu’il avait déposées sur une souche.


  • — Ça va pas, non ! Tu cherches quoi ?
  • — Des capotes ! T’as pas cet article quand tu sors sans bobonne ?
  • — En plus t’es une rapide, ça doit vraiment te manquer ! Ben tu vas pas être déçue avec moi, jubila-t-il en sortant le sésame d’une poche de son gilet de pêche.

Son instinct ne l’avait pas trompée, il était visiblement prêt à toute éventualité. C’est à ce moment qu’Ariane aperçut une deuxième canne de l’autre côté de la rivière. Le pêcheur n’était donc pas seul. Elle sentit ses genoux lâcher. Contre deux types en rut, elle n’avait plus aucune chance. Le cœur tapant à tout rompre dans sa poitrine, elle vit défiler ce qui l’attendait, et se prépara à se soumettre à la fatalité. Mon Dieu, épargne-moi la brutalité…, et donne-moi la force d’assumer le reste !


Elle se retint d’éclater en sanglots. La victoire serait trop belle pour ces salauds. Elle trouva la volonté de se redresser, et toisa le gars à moitié nu, qui n’osa plus avancer. Cette hésitation lui donna un peu de temps pour se calmer, et surtout envisager la situation sous un autre angle. À l’évidence, elle était ce qu’ils recherchaient, ce qui faisait d’elle la proie. Mais paradoxalement, elle n’avait cessé depuis quelques jours de rechercher ce qu’ils étaient, des tiges dressées, le besoin animal de conquérir, de baiser, de se répandre dans le ventre d’une femme. Si elle se refusait, ils la violeraient. Si elle se laissait faire, ils la prendraient et feraient d’elle leur jouet. Si elle trouvait le courage de s’offrir à eux de la manière qui lui convenait, peut-être arriverait-elle à garder l’initiative jusqu’à ce qu’ils soient vidés.


Elle renonça à fuir, et laissa le type s’approcher. Il s’avança sans chercher à s’emparer d’elle, la queue déjà bien gonflée, persuadé que sa virilité suffirait à la convaincre. Ariane s’agenouilla devant lui, et le prit entre ses mains. Elle s’efforça de décalotter le sexe tendu et cracha sur le bout avant d’enfiler le préservatif. Le gars apprécia, et l’encouragea. Elle lui adressa un regard dédaigneux avant de le glisser entre ses lèvres, comme elle l’avait fait avec l’informaticien.


Lorsqu’elle l’eut bien en bouche, elle sentit une main s’insinuer délicatement entre ses cuisses. Le second type s’était approché et commençait à découvrir le morceau de choix qui l’attendait. Entre deux succions, elle défourna le membre palpitant et jeta un coup d’œil sur le deuxième larron. Il était plus jeune que le premier, moins bien membré, mais le corps plus athlétique. En d’autres circonstances, un homme qu’elle aurait sans doute eu plaisir à accueillir en elle.


Objectivement les queues étaient belles, excitantes même. Le désir brut des deux hommes avait quelque chose de fascinant. Peu à peu, les gestes et les regards d’Ariane échauffèrent les types, qui se mirent à la caresser avec un respect qu’elle n’osait plus espérer. Le plus vieux palpa longuement ses seins sans chercher à lui ôter son soutien-gorge. Il arriva même à en faire durcir les pointes, alors que l’autre entourait sa taille d’un bras, pour lui faire sentir la vigueur de ses reins et de sa tige contre ses fesses.


Malgré leur avidité, ils ne semblaient pas vouloir faire usage de leur force. Voyant le pire s’éloigner, Ariane arriva à maîtriser la sensation de panique qui s’était emparée d’elle dans la rivière et se persuada d’entrer dans leur jeu. Elle commença par imposer la capote au deuxième type. Puis elle prit l’initiative, se détachant de l’un pour mieux s’emparer de l’autre ou inversement, les poussant à la prendre à quatre mains. La boule qui gonflait sa gorge disparut progressivement, faisant place à une nouvelle sensation, plus agréable, au fond de son ventre.


S’appliquant à éviter tout faux-pas, qui pourrait provoquer un éclat de violence, elle continua à les exciter, alternant encouragements et compliments salaces, gestes évocateurs et attouchement ciblés. Elle s’offrit ouvertement au plus vieux, pour mieux exciter l’envie du jeune. Puis, sentant que le dépit faisait remonter trop d’impatience en lui, elle inversa les rôles et laissa le plus jeune approcher un peu plus du plaisir ultime.


Elle n’avait pas choisi ces types, mais une fois le danger écarté, elle put faire abstraction de leur emprise et prit progressivement plaisir à les dominer, à canaliser leurs pulsions viriles. Le plus jeune se rendit compte en premier de la moiteur de son sexe. Il trempa profondément son doigt dans sa vulve entrouverte, puis enduisit sa rosette de la mouille qui y avait coulé. La croyant prête, il saisit ses hanches à pleines mains et appuya la pointe de sa queue contre son anus. L’autre en profita pour glisser sa large verge contre sa vulve. Elle sentit aux tremblements qui parcouraient leurs corps qu’ils approchaient déjà du point de non retour. Ariane chercha à éviter qu’ils s’emparent d’elle en même temps en s’ouvrant d’abord au plus âgé, tout en promettant une sortie de route mémorable à celui qu’elle recalait momentanément.


Ils lui firent confiance, au point d’en devenir prévenants si près de la jouissance. Ne lui avaient-ils pas promis la plus totale volupté ? Elle en était loin. Mais les attentions rudimentaires dont ils tentèrent de faire preuve lui firent du bien. Le plus jeune commença même à couvrir ses épaules de baisers, pendant que l’autre allait et venait en elle. Le premier, excité par ce qu’il voyait par-dessus l’épaule d’Ariane plaça à nouveau sa tige bandée entre ses fesses. La sensation était incroyablement troublante. Les mouvements de plus en plus vigoureux du premier pêcheur lui firent presque perdre le sens de la réalité. Elle s’abandonna. D’une poussée des fesses, elle fit glisser le membre en elle. L’homme s’enfonça d’un coup, puis s’immobilisa, avant de s’adapter aussi bien que possible au rythme de son partenaire.


Ariane eut de la peine à garder son souffle. Loin de se sentir douloureusement perforée, elle arriva progressivement à se détendre et à éprouver de nouvelles sensations sous le double va-et-vient. Rien à voir avec ce que lui aurait procuré un même échange entre les bras de partenaires désirés, mais elle n’en ressentait pas moins une certaine satisfaction à accueillir les deux hommes en elle, à les sentir à sa merci.


Les visages se crispèrent, une odeur aigre de sueur monta de leurs corps excités. Ariane vit sur les tempes des hommes les amples pulsations dont elle sentait le frémissement contre ses parois intimes. En acceptant qu’ils satisfassent en elle leur désir immature, elle avait inversé les rôles. Alors qu’ils s’imaginaient la dominer de leur virilité triomphante, ils étaient en train de s’en remettre à elle et d’accepter que l’intensité de leur jouissance dépende entièrement de son bon vouloir. Étrange ambivalence de la situation. L’abnégation qu’ils lui avaient imposée lui donnait maintenant les pleins pouvoirs.


Ils étaient si concentrés sur l’imminence de leur éjaculation qu’elle aurait pu les bousculer d’un simple mouvement des hanches. Elle n’en éprouva pas le besoin et accepta de les garder en elle. Le plus jeune craqua en premier, et se vida en grognant, sans cesser d’aller et venir entre ses fesses. L’autre le suivit de près. Tous deux eurent de la peine à conserver leur équilibre au moment de jouir. Ariane leur offrit l’appui nécessaire pour qu’ils puissent profiter de leur plaisir jusqu’au dernier spasme.


Après l’avoir gratifiée d’un regard reconnaissant, ils perdirent rapidement vigueur, et glissèrent mollement hors de son ventre. Elle se dégagea de leur étreinte et s’éloigna sans un mot, après avoir fait une toilette sommaire dans la rivière. Maintenant assis sans forces sur une pierre, le ventre encore parcouru de soubresauts, un filet de sperme dégoulinant de leur membre flasque, ils paraissaient franchement pathétiques. Pour compléter ce tableau, le soleil s’était couché pendant qu’ils s’accouplaient au bord de l’eau. Une lumière blafarde éclairait faiblement la petite plage. Toutes les couleurs vives qu’elle avait vues à son arrivée s’étaient effacées pour faire place à de tristes nuances de gris.


Ariane crut entendre comme des paroles d’excuse lorsqu’elle arriva à sa voiture. Pitoyable. Si ces atrophiés du bulbe avaient su faire preuve d’un minimum de sensibilité, ou s’étaient simplement donné la peine d’essayer de la séduire, elle aurait peut-être même trouvé plaisir à jouer avec eux. Mais là, elle avait eu si peur qu’elle se sentait vidée, dégoûtée de ces corps avachis. Où se cachait la force, l’impérieux désir qui justifiait leur attitude à leurs yeux ? Dans la même faille de leur personnalité que celle qui les empêchait d’offrir plus que leur belle rigidité ? Dans cette glacière émotionnelle qui conservait bien au frais la précocité, l’impuissance et toutes les autres faiblesses dont les mecs de cette semaine avaient abondamment su faire preuve ? Alors merde ! Plus qu’une dernière perle à enfiler, et aucun partenaire consistant en vue. Juste consistant, bordel, est-ce trop demander ?


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Rentrant passablement perturbée de son aventure au bord de la rivière, Ariane se rendit compte sans y prêter réellement attention qu’Euterpe, sa petite chatte, ne semblait pas très en forme. Elle n’avait pas fini son écuelle, et avait dû gratter abondamment dans sa caisse, vu le sable projeté de tous les côtés dans la cuisine. Trop fatiguée pour se pencher sur la question, Ariane partit se ressourcer sous la douche, avant de se coucher et de sombrer dans un sommeil comateux. Non sans avoir adressé un petit clin d’œil complice au bouquet et au fleuriste, le seul en somme qui ait su jusque là lui offrir toute liberté de se donner et d’en jouir pleinement.


Le lendemain matin, Euterpe ne vint pas lui faire la fête comme à son habitude. Ariane la câlina, l’examina, mais ne lui trouva rien d’anormal. Elle partit faire des courses, en se disant qu’elle s’en occuperait plus en détail à son retour. Profitant de l’absence de sa fille pour le week-end, elle passa à son bureau mettre de l’ordre dans les innombrables dossiers en souffrance, dont elle put liquider l’essentiel avec une remarquable efficacité.


À son retour en fin d’après-midi, l’état de santé de sa chatte ne s’était pas amélioré et elle n’avait pas touché à sa nourriture. Elle la vit passer plusieurs fois du canapé à la caisse, l’air perturbée. Lorsqu’elle l’entendit gémir plaintivement, elle se décida à la suivre. De nombreuses taches de sang coloraient le sable. Pauvre chatte ! Elle se traita de tous les noms possibles, consciente de n’avoir pas prêté suffisamment d’attention à sa petite bête depuis plusieurs jours. Sans plus tarder, elle contacta le vétérinaire, qui accepta, avec une évidente mauvaise grâce, de la recevoir en urgence à 22 heures. Elle tenta de négocier un rendez-vous plus tôt, en arguant de la souffrance de la bête. Peine perdue, c’était son problème si elle avait attendu aussi longtemps avant de le consulter, en urgence qui plus est.


Elle arriva à l’heure dite assez retournée. Loin de la soulager de son sentiment de culpabilité, le vétérinaire, un homme qu’elle connaissait pourtant pour être charmant et très compétent en temps normal, la salua à peine. Il lui demanda sans préambule de sortir son animal de son panier. Elle crut bon de s’excuser pour le dérangement qu’elle lui causait avant de s’exécuter.


Malgré la situation tendue, elle commençait en effet à se demander si, peut-être, enfin, qui sait, cet homme ne pourrait pas présenter un potentiel d’embrasement intéressant ? Sans quoi, sa cinquième journée risquait de se terminer sans rencontre, et elle aurait lamentablement échoué. Quelle déception, si près du but. Pour cela, il fallait absolument retourner la situation.


  • — Docteur, je suis consciente d’avoir trop tardé à venir, et je suis désolée de devoir vous déranger pendant la nuit, mais je ne pensais sincèrement pas pouvoir attendre lundi prochain.

Ce fut la phrase de trop. Le praticien la prit de haut.


  • — Chère Madame, soyez assez aimable pour vous contenter de suivre mes instructions, si vous voulez que j’arrive à faire mon travail correctement. Maintenant, occupons-nous de votre chatte.
  • — Si vous saviez à quel point c’est bien le nœud du problème, ne put s’empêcher de dire Ariane, en éclatant d’un rire nerveux.

Malgré sa peur de se faire renvoyer séance tenante du cabinet, elle ne put se contenir. Toutes les émotions de ces derniers jours dépassaient sa capacité de résistance. Elle continua de rire, alors même que des larmes commençaient à perler aux coins de ses yeux. Le vétérinaire réalisa enfin la situation et se radoucit. Dans un geste attentionné, fût-il totalement déplacé, il prit la main d’Ariane entre les siennes. Fichue pour fichue, elle se dit qu’il n’y avait plus de raison de se retenir.


  • — Vos mains sont rassurantes, il doit être agréable de les sentir sur soi. Enfin, je veux dire, en imaginant être un animal, bien entendu…
  • — Merci pour le compliment ! Mais pour éviter toute méprise, Madame, disons qu’à titre personnel je préfère de loin les minets.
  • — Oh, m… alors ! Si j’avais pu imaginer une seconde ! Je suis vraiment désolée, bégaya-t-elle honteuse.
  • — On s’occupe d’Euterpe ?

Ariane sorti la chatte de son panier. Le vétérinaire, à nouveau plus amène, diagnostiqua une inflammation de la vessie, sans doute liée à un problème de stress. Un truc douloureux qui tend à la chronicité, mais sans danger.


  • — Vous avez une fille adolescente ?
  • — Oui, seize ans, pourquoi cette question ?
  • — Parce que c’est parfois une des causes de déstabilisation et de stress chez les chattes. La jeune fille prend de plus en plus de place dans la maison, la maman se replie sur elle-même et le félin ne sait plus où sont ses repères. Cela peut suffire. Je vais vous donner l’adresse d’une consœur comportementaliste. Elle vous aidera. Et…
  • — Et ?
  • — Pardonnez-moi d’être aussi personnel, mais peut-être pourra-t-elle vous donner des conseils utiles dans d’autres domaines. Comme vous, c’est une femme pleine de vie, d’énergie, et très séduisante.
  • — En ce qui vous concerne, ceci dit sur un plan malheureusement purement esthétique, j’imagine ?

Il acquiesça en souriant. Elle paya et promis de revenir en contrôle dès que possible.


Au moment de quitter le cabinet, elle croisa un homme assis sans animal dans la salle d’attente, le regard infiniment triste.


  • — Bonsoir, je vous laisse la place. J’espère que vous ne venez pas pour quelque chose de trop grave. Vous… vous n’avez pas d’animal avec vous ?
  • — Mon chien est mort cet après-midi, le vétérinaire n’a pas pu le sauver, dit l’inconnu triste. Je viens chercher sa laisse et son collier, c’est tout ce qu’il me restera des années heureuses de mon couple…
  • — Oh, je suis désolée, que s’est-il passé ?
  • — Insuffisance cardiaque, apparemment. L’âge ou quelque chose du genre. Mais je n’ai pas eu le temps d’en parler en détail avec le vétérinaire.
  • — Je pense bien à vous, eut-elle encore le temps de murmurer lorsque le praticien invita son client à passer en salle de consultation.

Le chagrin de l’homme pour la perte d’un animal, son regard triste face aux décombres de sa vie sentimentale, la situation dans laquelle elle se trouvait elle-même, a priori tout était biaisé, tout aurait dû pousser Ariane à prendre ses jambes à son cou, laissant à son désespoir une rencontre sans avenir. Pourtant quelque chose dans le regard de l’homme, au-delà de sa tristesse, la toucha. Profondément. Il n’était plus question de cinquième jour. C’était de toute façon un enfantillage, un prétexte pour se pousser à reprendre sa vie de femme en mains. Mais il y avait eu, lors du bref échange dans cette salle d’attente froide et impersonnelle, comme une étincelle dans les yeux de l’homme. Quelque chose qui avait réchauffé le cœur d’Ariane. Et après ce qu’elle venait de vivre, elle n’était plus disposée à laisser s’échapper un homme capable de la toucher si spontanément et en si peu de temps.


Elle s’assit et attendit la fin de la consultation. Quelques minutes plus tard, l’homme sortit, accompagné du vétérinaire. Ni l’un ni l’autre ne semblèrent surpris de la trouver encore là.


  • — J’ai envie de me changer les idées, vous m’accompagnez ? demanda-t-elle d’une voix qu’elle voulut enjouée.
  • — Je veux bien, ma dernière attache vient de se délier…
  • — Je crois que j’ai une idée, un truc qui pourrait correspondre à chacun de nous !
  • — Faites-moi juste retrouver les palpitations de la vie…
  • — Même si elles se cachent dans les lieux les plus étranges ?
  • — Avec vous, j’irai sans crainte au bout du monde des vivants…

Flattée qu’il s’abandonne de manière si confiante à son étrange intuition, elle le fit entrer dans sa voiture. Elle ramena d’abord Euterpe à son domicile, sans proposer à l’homme de monter chez elle, pour ne pas créer d’inutile ambiguïté. Même si elle se sentait prête à une découverte pleine de sensualité, elle voulait commencer par explorer un tout autre registre.


Ils roulèrent presque une heure, passant progressivement de la ville à la campagne. Ils se sentaient bien ensemble, sans éprouver le besoin d’autre chose que ce simple côtoiement. Il réalisa où ils se trouvaient lorsqu’elle parqua sa voiture le long d’un mur d’enceinte. Étrange lieu de rencontre qu’un cimetière de village, même si d’une manière ou d’une autre les forces primitives qui caractérisaient un tel endroit pouvaient représenter un parfait antidote à leurs peines respectives.


Avant de sortir de la voiture, elle lui demanda s’il était toujours prêt à la suivre.


  • — Tant qu’à explorer les différentes facettes de la vie, autant commencer par la fin, j’imagine ?

C’était exactement ce qu’elle avait voulu entreprendre avec lui. Ce qu’elle n’aurait osé espérer entendre de la part d’un partenaire aussi fortuit. Cette simple phrase abolit toute distance entre elle et lui. Ils ne parlèrent plus, se contentant de parcourir les travées du cimetière dans la nuit. Côte à côte, ils ressentaient à quel point un tel lieu, censé évoquer la douleur, la perte, la mort, le chagrin, pouvait regorger de manifestations de vie. Certes, chaque pierre tombale rappelait l’absence. Inversement, tout ce qui poussait là, tous les frémissements, les crissements, les sons, la nature qui reprenait ses droits en plongeant ses racines dans le sombre terreau où avaient séjourné les disparus, toutes ces manifestations incontrôlables contribuaient au triomphe de la vie.


Après l’avoir laissée un moment seule à ses pensées pour déchiffrer quelques épitaphes, il revint derrière elle et entoura sa taille de ses bras. Elle s’appuya contre lui pour mieux sentir son cœur battre dans son dos. Elle prit ses mains et les posa sur ses seins.


  • — Je ne m’attendais pas à cela en parlant de palpitation de vie… D’un côté les portes de l’enfer, de l’autre celles du paradis, et nous entre deux, dit-il de sa voix rassurante.
  • — Même dans un tel endroit, rien ne s’arrête avec la mort. Je voulais y trouver l’infime germe de vie avec vous, murmura-t-elle la tête renversée sur son épaule.
  • — Il y aurait donc entre nous place pour quelque chose à construire ?
  • — Il faut remonter le temps, sortir des décombres, traverser ce qui précède la mort, et poursuivre son chemin « à l’envers » jusqu’au germe de vie. Vous continuez à me suivre ?

Elle lui proposa de se rendre dans un coin du cimetière, alors qu’elle prenait place exactement à l’opposé. Après s’être laissé le temps d’observer, d’entendre, de percevoir au plus profond d’elle-même ce qui se tramait dans les allées, elle commença à se déshabiller. Il fit de même et la laissa le contempler longuement. Puis elle s’anima à nouveau.


  • — Maintenant, parle, parle-moi de toi, de nous. Si ce que tu m’offres me touche, je m’approcherai. Sinon, il faudra prendre le temps de nous simplifier encore plus, avant de mieux nous découvrir. Tu n’as pas peur ?
  • — Je suis terrifié, mais tu m’es déjà trop précieuse pour abandonner. Il paraît que ça peut se travailler. À deux, notamment…

Alors il commença à s’offrir à elle, déposant sur le marbre froid des tombes tout ce qui devait retourner dans le royaume des morts. Il parla longuement, sans tricher, sans enjoliver, exprimant, souvent avec hésitation, ce qui pesait sur son cœur et son âme. Puis, une fois explorés les décombres de sa vie, il évoqua les rayons de lumière, les sons plus joyeux, les battements désordonnés du cœur, les espoirs et les bonheurs possibles. À chacun de ces cadeaux elle répondit par un pas dans sa direction. Il s’approcha d’elle au même rythme jusqu’à ce qu’ils se touchent enfin, au milieu d’une allée du cimetière.


Elle tendit la main pour caresser sa poitrine. Il la prit entre ses bras. Toute distance abolie entre eux, ils purent enfin s’abandonner à la force de leur désir. Lorsque leurs caresses les poussèrent à s’allonger pour mieux se mélanger, ils se couchèrent sur un petit carré d’herbe, prévu pour recevoir une tombe, une fois, prochainement. Ce que n’importe qui pourrait considérer comme un geste impie, un sacrilège intolérable, ils le vivaient comme une formidable explosion de vie, un colossal pied de nez à la mort. Laissant sous le sol ce qui ne participait plus au bouillonnement de la vie, et qui serait dans quelque temps dispersé aux quatre vents par une pelleteuse sans scrupules, ils célébrèrent en plein air la formidable puissance de la vie.


Elle s’ouvrit à lui, l’attirant de toutes ses forces au plus profond de sa féminité. Il s’y enfonça d’un coup de reins, sans cesser de contempler son visage. Les poumons remplis des enivrantes senteurs des fleurs qui décoraient les tombes, ils s’offrirent un tonitruant éclat de rire sensuel, célébrant à haute, très haute voix par moment même, l’indomptable puissance de la vie et du plaisir sur le passé douloureux et la mort.


Ils firent longuement l’amour, en se délectant de découvrir ensemble les caresses, les positions, les pénétrations les plus folles. À chaque nouvelle explosion de leur feu d’artifice, Ariane retrouvait en lui quelques gestes, quelques attitudes, quelques impatiences de l’un ou l’autre des hommes qu’elle avait rencontrés au cours de la semaine. Il se montra tour à tour généreusement égoïste, comme l’avait été l’informaticien remplaçant, tendrement attentif, à l’instar du fleuriste, délicieusement timide au moment où elle désira de toutes ses forces être possédée par son impérieuse virilité. Elle ressentit même en lui, mais sans crainte cette fois, le besoin primal d’asservir sa femelle, comme en avaient fait preuve les deux pêcheurs. Elle accepta cette pulsion comme étant partie du tout complexe que cet homme représentait et qui semblait si bien lui correspondre. Elle accepta son assaut, remettant à plus tard de lui apprendre à canaliser ses pulsions dans des jeux érotiques agréables à tous deux. Elle ne se priva pas pour autant de rebondir après cette apparente soumission pour profiter de tout ce qu’il avait d’agréable à lui offrir.


L’herbe de la concession inoccupée était pilée jusqu’aux racines lorsqu’un dernier cri de plaisir leur échappa. Ils s’effondrèrent à même le sol trempé de rosée, tendrement enlacés. Le chant des oiseaux les réveilla au petit matin. Ils eurent ainsi le temps de quitter dans la lumière du soleil levant, avant que n’arrivent les premiers visiteurs, le lieu qu’ils avaient si divinement profané.


Il paraît qu’ils ne se sont plus quittés depuis, sans qu’aucun mauvais sort ne leur ait été jeté par un dieu courroucé. Il paraît aussi qu’on peut voir, certaines nuits, des ombres s’ébattre dans les travées de ce cimetière, jouer à saute-mouton entre les pierres tombales, se bousculer contre les stèles funéraires. Bref, faire de leur éternité ce qu’elles n’avaient jamais osé faire de leur vivant. Il paraît. Mais ceux qui ne savent pas disent parfois des choses étranges. Les autres sont trop agréablement occupés pour s’en soucier.



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